En attendant la reprise, Vinci veut faire de Lyon son premier aéroport « zéro émission nette » d’ici 2026

Alors qu'il nourrissait déjà des objectifs de réduction de son empreinte carbone de -50% d’ici 2030, Vinci Airports a annoncé ce jeudi la création de son premier puits de carbone dans le Rhône, destiné à compenser une partie des émissions de l’aéroport de Lyon. Ecartant cependant toute prévision chiffrée sur la saison d’été à venir -ainsi que sur les 420 emplois du site-, il n'a à ce jour qu'une ambition : faire de Lyon un pionnier du « zero émission nette » avec quatre ans d’avance, damant le pion au reste du secteur aérien européen.
Pour atteindre sa cible, Vinci Airports mise notamment sur la création d'un puits carbone dans le Rhône de 3,6 hectares, mais aussi sur la création d'un parc photovoltaïque d'ici 2023/24, ou encore sur la modulation de la redevance d'atterrissage, en vue d'encourager les compagnies à renouveler leurs flottes.
Pour atteindre sa cible, Vinci Airports mise notamment sur la création d'un puits carbone dans le Rhône de 3,6 hectares, mais aussi sur la création d'un parc photovoltaïque d'ici 2023/24, ou encore sur la modulation de la redevance d'atterrissage, en vue d'encourager les compagnies à renouveler leurs flottes. (Crédits : DR)

Après l'aéroport « carbone neutre », place au « zéro émission nette ». Le gestionnaire Vinci Airports, qui exploite 45 aéroports à travers le monde, a fait un pas de plus dans ses ambitions environnementales, en annonçant ce jeudi l'un des premiers piliers qui se matérialisera à Lyon.

Après avoir développé une stratégie « carbone neutre », fixée à 2023 pour ses aéroports français et déjà effective au sein de la capitale des Gaules, Vinci veut faire à nouveau de Lyon un pilote, avec la création du premier puits de carbone du groupe, dont les travaux seront lancés à l'automne.

Un prélude à une autre ambition : celui d'élever ainsi l'aéroport Lyon Saint Exupéry au rang de « premier aéroport français zéro émission nette » d'ici 2026. Comme un pied de nez au reste du secteur aérien, dont les ambitions communes se portaient jusqu'ici plutôt sur des cibles 2030 et 2050, selon les derniers engagements pris en juin 2019 au sein de la branche européenne du Conseil international des aéroports.

Pour cela, Vinci Airports a mis sur pied un partenariat qui se veut emblématique avec l'ONF et le département du Rhône, et s'engage ainsi à étoffer ainsi qu'à gérer une forêt de 3,6 hectares située à une trentaine de kilomètres de là, dans la forêt du Beaujolais de Saint-Cyr le Chatoux. Objectif : y plantant 4.550 arbres par an, soit près de 20.000 nouvelles têtes sur cinq ans, issues de trois variétés de pins.

Ce premier puits carbone, qui matérialise la nouvelle orientation du groupe, permettra selon la direction de compenser près de 430 tonnes de CO2 par année, soit l'équivalent des émissions que Vinci estime justement comme « incompressibles » sur son site de Lyon, à horizon 2026.

Pour l'heure, l'empreinte globale de son site aéroportuaire rhodanien s'élève encore 3.800 tonnes des CO2 par année, « contre 8.000 il y a encore cinq ans », confirme le groupe, qui ne souhaite pas communiquer le montant qui sera consacré à cette opération.

Depuis la crise sanitaire où le trafic s'affiche en forte baisse (-70% au niveau français), la consommation de l'aéroport avait sensiblement réduite, avec la mise à l'arrêt de l'un de ses terminaux lyonnais et la mise sur pied d'un accord de performance collective ayant débouché sur 40 départs volontaires, sur un total de 420 salariés.

Une forêt, mais aussi un parc photovoltaïque de 13MWc

Il n'empêche : Vinci veut partir de Lyon pour déployer ensuite ce nouvel outil au sein d'autres aéroports français. Peu enclin à communiquer sur les chiffres, et à fortiori sur son enveloppe d'investissements, Vinci annonce par ailleurs l'installation à venir d'un parc photovoltaïque de 13 MWc en ombrière de parkings sur le site de Lyon, dont l'exploitation sera confiée à un tiers d'ici 2023/2024.

Ce projet d'énergie solaire viendra ainsi renforcer le premier parc photovoltaïque du groupe, mis sur pied à l'aéroport de Salvador au Brésil courant 2020. En produisant déjà 17,9MWc, il permet déjà à l'infrastructure de répondre à 30% de sa consommation d'énergie.

Dans cette première étape, Vinci Airports agit pour l'instant seul mais pour avoir un impact, il sait qu'il lui faudra encore entraîner, dans la même démarche, l'ensemble des compagnies opérant sur site, ainsi que leur flotte... Car la Loi Climat obligera en effet les compagnies à compenser l'ensemble de leurs vols domestiques à compter de 2022. Mais une telle obligation n'existait pas encore pour les infrastructures aéroportuaires elles-mêmes.

De quoi revendiquer une avance selon Vinci, sur un marché de l'aérien qui est de plus en plus souvent pointé pour ses impacts : le trafic aérien représentait en effet 2,8% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2018 à l'échelle mondiale tandis qu'en France, les vols domestiques représentaient plutôt une part 1,4% des émissions de CO2, rappelle Vinci. Un progrès même si, en bout de ligne dans ce calcul, les vols internationaux transitant par la France ne sont pas pris en compte.

Lire aussi 6 mnLe plan d'Air France pour sa saison d'été à Lyon, en dépit du Covid (et de la Loi Climat)

Déjà, Vinci Airports a annoncé sa volonté de réduire l'empreinte carbone de ses aéroports par deux d'ici 2030, et aurait franchit la moitié du chemin avec une réduction de -22% de son empreinte carbone entre 2018 et 2020. Un calcul dans lequel le groupe aura été aidé, en partie, par le démarrage de la crise sanitaire.

Du "zéro carbone" au "zéro émission nette", quelle différence ?

Lyon, qui était déjà certifié ACA+, l'un des seuls programmes de réduction des émissions de GES spécifique aux aéroports, sera donc une porte d'entrée à la stratégie « green » de Vinci. Celle-ci prévoit plus largement que d'ici 2023, « 100% de ses aéroports deviendront neutres en carbone », avant que l'ensemble de ses structures aéroportuaires passent au « zéro émission nette » d'ici 2050 cette fois (en dehors de Lyon, qui se pose comme précurseur).

Quelle différence, en réalité, entre ces deux ambitions ?

Pour Nicolas Notebaert, dg de Vinci Concessions, qui intègre la filiale Vinci Airports aux commandes de l'aéroport de Lyon, « toute la différence est qu'auparavant, il était déjà possible d'acheter des compensations carbones sur les marchés, provenant des différents opérateurs et de différents endroits du globe. Aujourd'hui, nous avons choisi de nous engager sur un projet local, situé à proximité de l'aéroport, afin d'agir en premier lieu ici à la préservation de nos espaces naturels », souligne-t-il.

Sans compter que pour devenir « zéro émission nette », il faut pouvoir démontrer avoir atteint un seuil d'émissions carbones jugé incompressible.

Vers une modulation des redevances d'atterrissage ?

Bien entendu, pour atteindre cet objectif, ce nouveau puits carbone ainsi que son parc photovoltaïque annoncés par le groupe ne seront toutefois pas suffisants.

Vinci Airports a dévoilé d'autres pistes pour atteindre les cibles qu'elle se fixe, dont les montants sont à nouveau gardés confidentiels : remplacement des systèmes de chauffage et ventilation par des dispositifs biogaz et biomasse, transition progressive de sa flotte de véhicules thermiques vers l'électrique (et à horizon 2035, par de l'hydrogène), installation de bornes électriques en lien avec le projet Hympulsion, systèmes d'efficience énergétique dont un passage aux éclairages LEDS, etc.

Le gestionnaire aéroportuaire mise aussi sur un autre levier pour mettre en mouvement ses partenaires également :

Depuis janvier 2021, Vinci Airports a instauré une modulation de la redevance d'atterrissage des compagnies aériennes, fonctionnant sur un système de bonus/malus, au regard des émissions de carbone générées par les différentes flottes.

Déjà en vigueur au sein de plusieurs aéroports français du groupe (Grenoble, Chambéry, Clermont, Rennes, Toulon et Dinard), des discussions devraient avoir lieu très prochainement sur ce sujet à Nantes mais aussi à Lyon, en vue de déboucher sur une possible introduction de ces tarifs modulés d'ici fin 2021.

Pour autant, « l'idée n'est pas de pénaliser immédiatement les compagnies ayant investi dans leur flotte sur le long terme », rappelle Nicolas Notebaert.

La modulation de ces tarifs réglementés, qui nécessitent le feu vert des autorités de régulation de l'aérien pour chaque site concerné, commence par un écart de 2% sur le tarif habituel et pourrait aller jusqu'à concerner 5 à 10% du montant total de cette taxe. Un montant qui demeure relativement faible, qui plus est dans un contexte où le trafic aérien demeure à des niveaux historiquement bas.

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Commentaires 2
à écrit le 12/06/2021 à 22:54
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Un grand bol de communication pour une entreprise qui a bétonné il y a peu 600 ha en Alsace et détrui 3 forêts pour faire une machine à cash sous forme d´autoroute avec la bénédiction des politiques de l´ancien monde pour qui la nature n´a aucune val...

à écrit le 11/06/2021 à 6:46
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Donc Grosse opération de communication en cours chez les chérubins de Vinci Airports, ceux-là mêmes qui gèrent dignements les aéroports lyonnais de Saint-Exupéry et de Bron: on annonce planter une forêt dans le Beaujolais! Avec très probablement comm...

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