Forum Santé Innovation [1/3] : la région Auvergne Rhône-Alpes à l’épreuve de la pandémie

[Dossier 1/3] La gestion de la crise du coronavirus a soulevé un certain nombre de questions, aussi bien éthiques que politiques ou économiques : quelle est la valeur de la santé par rapport à son coût ? Comment privilégier le collectif dans un contexte de pandémie ? Comment garder les entreprises sur le territoire ? Autant de questions sur lesquelles se sont penchés les intervenants de la première table ronde [1/3] du Forum Santé Innovation, organisé par la Tribune le 24 septembre dernier au H7 de Lyon.
Sur scène : Pierre Bérat, conseiller régional, Jean-Charles Foddis, directeur exécutif de l’Aderly, Frédéric Chassagnol, directeur général délégué Roche, et Florence Agostino-Etchetto, directrice générale du pôle de compétitivité Lyonbiopôle.
Sur scène : Pierre Bérat, conseiller régional, Jean-Charles Foddis, directeur exécutif de l’Aderly, Frédéric Chassagnol, directeur général délégué Roche, et Florence Agostino-Etchetto, directrice générale du pôle de compétitivité Lyonbiopôle. (Crédits : DR/LaTribune)

Miser sur le collectif pendant la crise du coronavirus, c'est ce qu'a réussi à faire la région Auvergne Rhône-Alpes, comme l'assure Florence Agostino-Etchetto, directrice générale du pôle de compétitivité Lyonbiopôle. "Nous avons la chance d'être dans une région où la collaboration entre les acteurs fait partie de l'ADN de chacun. La crise et le confinement ont sans doute amplifié les phénomènes collaboratifs", estime-t-elle. "Nous avons mobilisé les grands groupes et les PME, pour susciter des interactions".

Un avis partagé par Pierre Bérat, conseiller régional et président de la Commission Enseignement supérieur et Recherche, qui note que "pendant cette pandémie, nous avons passé un cap". Il souligne que "pour le faire, il a fallu des gens qui ont des idées et une capacité à 'turbiner le système' en ayant une plus grande rapidité administrative".

Parmi les exemples de collaborations, il cite la création du premier Hub mondial en santé vétérinaire. Lancé le 14 janvier par neuf partenaires publics et privés (dont Boehringer Ingelheim, Institut Mérieux, Bioaster, Lyonbiopôle, l'Aderly, l'Université de Lyon, VetAgro Sup, la Région AURA, la Métropole de Lyon), ce hub VPH (Lyon Veterinary Public Health initiative) vise à créer des passerelles entre santé humaine et santé animale. Deux domaines dont la crise du Covid a montré l'interpénétrabilité.

L'enjeu des données de santé

Pour Jean-Charles Foddis, directeur exécutif de l'Aderly, l'Agence pour le développement économique de la région lyonnaise , "le but de ce hub est de structurer un fonctionnement déjà éprouvé, sans tomber dans des choses trop lourdes. C'est un vrai outil pour enrichir le tissu de la région lyonnaise dans le domaine de la santé publique vétérinaire, mais aussi pour promouvoir et présenter la région lyonnaise sur ce domaine particulier".

De son côté, Frédéric Chassagnol, directeur Général Délégué des Laboratoires Roche, souligne la mise en place au printemps dernier de la Coalition innovation santé, à l'appel de France Biotech, France Digitale, MedTech in France et AstraZeneca, avec l'appui de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et de France Assos Santé, Bpifrance et d'EIT Health. L'objectif ? Bâtir une coalition d'acteurs en misant sur l'innovation ouverte pour contribuer à désengorger le système de soins. "Les premières annonces d'appels à projets ont eu lieu le 25 mars dernier. L'objectif était d'assurer l'optimisation de la prise en charge pour les patients Covid et hors Covid", reprend-il.

Selon lui, les enjeux des laboratoires portent désormais à la fois sur les essais cliniques, mais aussi sur les données de santé.

"Actuellement, nous avons 140 essais cliniques en cours en Auvergne Rhône-Alpes. Il y a dans cette région un tissu académique très pertinent, avec des experts dans de nombreux domaines : oncologie, hématologie, etc. Nous investissons aussi sur les données de santé avec 13 centres participent actuellement à la collecte de données en cancérologie à des fins de recherche. Il s'agit notamment de s'en servir pour aller vers une médecine personnalisée", estime Frédéric Chassagnol.

Maintenir les acteurs sur le territoire

Et pour mener à bien des projets dans la région, "il faut maintenir ces acteurs sur le territoire et faire en sorte qu'ils continuent à travailler ici", insiste Jean-Charles Foddis.

C'est tout l'enjeu du plan de relance, qui vise à atteindre trois objectifs, détaille Pierre Bérat : "Conforter les capacités de recherche, en affectant davantage de budgets à la recherche, aider les entreprises à s'implanter, notamment sur le plan financier et des locaux et lancer un plan d'investissement, qui va permettre aux jeunes entreprises de rester et de se développer dans la région". Il relève également l'importance de "jouer collectif face à une concurrence internationale de plus en plus vive".

Outre le rôle du collectif, Florence Agostino-Etchetto souligne elle aussi la nécessité de travailler "de façon durable et continue ensemble" : "L'innovation en santé doit être traitée dans la durée, nous ne sommes pas dans des actions à court terme".

Frédéric Chassagnol est lui aussi de cet avis lorsqu'il réclame "une approche pluriannuelle d'investissements avec de vrais choix publics, qui vont permettre d'entrer dans la médecine de demain".

Penser l'économie de la santé de demain

Pour Florence Agostino-Etchetto, cette crise a agi comme "un révélateur" en mettant en exergue la nécessité d'innover et de replacer la santé au cœur des préoccupations.

"Cette crise a eu le mérite de mettre en lumière des problèmes régulièrement débattus, plutôt dans des communautés scientifiques. Elle a remis sur la place publique un débat sur la prévention et l'accompagnement, en passant par le soin, alors que nous étions surtout sur un système hospitalo-centré", estime la directrice générale de LyonBiopôle.

Frédéric Chassagnol ajoute que l'enjeu est désormais "de passer des économies dans la santé à l'économie de la santé, avec les investissements qu'il faut réaliser pour permettre au patient français de bénéficier pleinement de la médecine de demain".

"Au niveau politique, il existe une exigence de protection des populations et il faut y mettre le prix", conclut Pierre Bérat.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.