Santé : Des lecteurs d’analyses biologiques connectés bientôt déployés

Lancé il y a quelques semaines, le projet Diapason, qui vise à développer un parcours d’analyses biologiques connecté aux patients qui prennent un traitement anticoagulant par antivitamines K, sera proposé à 10 000 patients à l’échelle de l’Hexagone à compter de début 2020. Objectif : développer une méthodologie de travail commune en vue de mettre une place une nouvelle filière d’analyses biologiques mobile, en partenariat avec les laboratoires d’analyses, mais aussi les infirmiers et plus largement, les représentants du système de santé.
(Crédits : DR)

Son coup d'envoi officiel a eu lieu il y a seulement quelques semaines, suite à une publication, au Journal officiel du 12 octobre dernier. Mené par la medtech iséroise Avalun, le projet collaboratif Di@pason fédère l'ensemble de la chaine de soins, avec, à la fois des industriels (Avalun et SIL-Lab Innovations), des laboratoires de biologie médicale (Dyomédéa-Néolab, Genbio, Inovie, Oriade-Noviale, Laborizon et EspaceBio) ainsi que des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) Médecins libéraux et Infirmiers libéraux.

"Il s'agit de l'aboutissement d'une vision portée depuis quatre ans avec les laboratoires de biologie médicale et l'ensemble des professionnels de santé", indique Vincent Poher, CEO d'Avalun (20 salariés, CA : NC).

Après plusieurs projets pilotes, qui avaient été menés afin de connecter des Ephad ou des infirmiers libéraux à des laboratoires biologiques via une application smartphone, le projet Di@pason vise à passer à l'échelle supérieure à travers le déploiement de son nouveau lecteur d'analyses mobile et connecté.

Le tout, "en continuant d'assurer aux patients une qualité d'analyses biologiques contrôlées par les laboratoires", souligne Vincent Poher. Car l'idée de ce projet collaboratif n'est pas de remplacer les laboratoires existants, mais bien de leur permettre de se diversifier en utilisant un lecteur d'analyses portatif, afin de répondre aux enjeux actuels liés à certaines populations (personnes âgées, maladies chroniques, etc).

"L'objectif étant que tout public sous anticoagulant, qui a besoin de réaliser 1 à 2 fois par mois une mesure de son taux pour ajuster son traitement, puisse le faire de manière simplifiée et en tous lieux : que ce soit en laboratoire, en cabinet infirmier, à domicile ou en Ephad", traduit Vincent Poher.

Avec une technologie qui permettrait de réduire le parcours de soins du patient à une quinzaine de minutes, et d'offrir un prélèvement capillaire moins invasif qu'un prélèvement veineux.

Un premier échantillon de 10 000 patients

Le projet s'appuie sur la technologie LabPad, développé en partenariat avec le CEA Leti et le CHU de Grenoble, et déjà commercialisée par Avalun.

"Le LabPad est un kit qui comprend des consommables à usage unique ainsi qu'un lecteur permettant de réaliser la mesure d'un paramètre défini, à savoir le temps de coagulation ici, à partir d'une goutte de sang", rappelle Vincent Poher.

L'idée étant désormais de l'inscrire dans un parcours de soins connecté avec une fonction de connectivité :

"Les résultats apparaitront ainsi à la fois sur le lecteur, mais aussi sur l'application mobile de la société Sil Lab Innovations, qui est connectée en permanence au laboratoire partenaire, et lui transmet les résultats", détaille-t-il.

Avec la possibilité de déclencher ainsi une prise en charge d'urgence en cas de risque hémorragique avéré par l'infirmier, en coordination avec le biologiste et le médecin traitant.

Grâce à son autorisation dans le cadre de l'article 51 de la loi de finances de la Sécurité Sociale, le projet Di@pason bénéficiera d'un financement, grâce à une prise en charge forfaitaire, à hauteur de 5,57 millions d'euros pour son déploiement auprès de 10 000 patients à compter de début 2020 au sein de plusieurs régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Centre-Val de Loire, Sud, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine).

"Ce financement se substitue au financement déjà existant pour les actes infirmiers et biologiques pour les patients sous anticoagulants : une partie de ces financements pourront ainsi être réorientés vers la mise en place de ce dispositif pour les 10 000 patients concernés", indique Vincent Poher.

Avalun devrait fournir des lecteurs et consommables aux laboratoires partenaires, qui deviendront à ce titre la pierre angulaire du dispositif.

"Ce sont les laboratoires qui vont déployer le matériel sur le terrain et former les préleveurs, en interne ou en libéral, à l'utilisation des appareils. Ils factureront ensuite des forfaits à la CNAM, qui comprennent l'ensemble des actes de biologie et infirmiers".

La prise en charge des actes biologiques et infirmiers concernant ce nouveau parcours de soins sera en effet assurée à travers un forfait de 150 euros par trimestre et par patient.

Un déploiement d'ici mi-2021

Après une première vague de déploiement à venir, le pdg d'Avalun table sur la généralisation de son dispositif auprès des laboratoires de l'ensemble du territoire français d'ici mi-2021.

Car si ce dispositif connecté s'adressera en premier lieu aux patients sous anticoagulants par antivitamines K nécessitant un suivi, ce dernier n'écarte d'ailleurs pas la possibilité de travailler, à plus long terme, sur la mesure d'autres paramètres.

"Nous avons commencé par les personnes qui prennent des anticoagulants, car cela constitue un vrai problème de santé publique avec près de 800 000 patients suivis. Ces pathologies provoquent chaque année près de 17 000 hospitalisations et de 5000 décès par an, principalement dus à des hémorragies", ajoute le Ceo.

De là à envisager d'autres débouchés, il ne pourrait y avoir qu'un pas :

"Il existe aussi beaucoup d'autres paramètres biologiques qu'il est possible de mesurer dans le sang. Dans le contexte actuel d'engorgement des services d'urgences, il est d'ailleurs prévu que la médecine de ville dispose d'outils pour poser un diagnostic fiable et connecté au laboratoire, permettant d'éviter de se rendre à l'hôpital lorsque cela est possible".

Et l'enjeu est bien présent : d'après le Pacte de refondation des urgences présenté à la rentrée dernière par le ministère de la santé, près de 43 % des patients accueillis aux urgences pourraient être pris en charge en ville à condition notamment de trouver un rendez-vous.

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