Sur fond de "grande démission", la bataille des ESN commence en Auvergne Rhône-Alpes

Les annonces de recrutements massifs se succèdent ces dernières semaines. Face aux nouveaux enjeux amenés par la digitalisation, les entreprises positionnées dans ce domaine voient leurs perspectives s'envoler. Mais pour les mener à bien, elles doivent recruter à tour de bras, un challenge devenu particulièrement complexe dans un contexte de marché hypertendu. Exemples avec Tessi et Devoteam, qui recherchent toutes deux plusieurs centaines de salariés.
(Crédits : DR)

Selon les chiffres fournis par Digital League, le cluster régional des entreprises du numérique, Auvergne Rhône-Alpes est la seconde région française du numérique, avec 70.853 emplois fin 2020. C'est plus que le secteur "Finance et assurance" par exemple qui comptait, à cette même date, 68.974 salariés.

Ces indicateurs positionnent Auvergne Rhône-Alpes loin derrière l'Ile de France (325.912 emplois) mais largement devant le numéro 3 des régions françaises du numérique, l'Occitanie, qui comptait 47.483 salariés en 2020.

La progression est notable depuis 2016 avec une hausse de 15,41% du nombre d'emplois et de 22% du nombre d'établissements implantés dans la région.

Et après une année 2020 de pause, voire de régression du secteur (en particulier pour les services et les télécommunications), la tendance à la hausse est repartie de plus belle.

"Les chiffres définitifs 2021 ne sont pas encore disponibles mais nous savons que les emplois sont en forte progression, dans tous les secteurs du numérique", signale Frédéric Peyrard, co-président de Digital League. En cause notamment : l'accélération de la digitalisation liée à la prise de conscience Covid-19 et la relance économique.

Et 2022 s'annonce également sous d'excellents auspices sur ce point à en juger la succession, ces dernières semaines, des annonces de recrutements massifs à venir dans la région pour les prochains mois. Parmi celles-ci : celles de Tessi et Devoteam. Sur un marché extrêmement dynamique, en manque de profils disponibles, l'enjeu sera pour elles de réussir à attirer suffisamment de candidats pour atteindre leurs objectifs de croissance.

Tessi à la recherche de 600 collaborateurs en 2022

Le grenoblois Tessi, spécialiste des business process services (BPS) et de la digitalisation des parcours clients, annonce ainsi un objectif de chiffre d'affaires d'un milliard d'euros en 2025, soit plus du double de l'activité 2021 (475 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 12.500 salariés dans 14 pays dont 1.000 environ dans la région AuRA : 180 sur son siège de Grenoble, 600 à Lyon, 200 à Saint-Etienne, 20 à Valence et 50 à Clermont-Ferrand). Une croissance qui s'appuiera notamment (mais pas que) sur le renforcement de la R&D et des activités à plus forte valeur technologique.

L'ETI détenue depuis 2017 par la holding de participations industrielles Pixel (famille Dentressangle, Decaux,  Bebear etc), sortie du marché boursier depuis l'année dernière, a ainsi créé il y a quelques semaines sa "digital factory", Tessi Innovation & Trust. Elle sera dédiée à l'amélioration du parcours client par la data, l'automatisation et l'innovation.

"La transformation numérique de l'activité des entreprises, des administrations, des services publics et du parcours client s'est considérablement accélérée. C'est une opportunité extraordinaire : nous pouvons inventer une nouvelle expérience utilisateur, 100% human interactive, c'est-à-dire ultra-technologique et ultra-relationnelle", indique ainsi Emmanuelle Ertel, dirigeante de cette nouvelle entité.

Pour porter ses ambitions de croissance, l'entreprise qui a mis au point, par exemple, la solution de génération de certificats numériques Covid, doit recruter 600 nouveaux collaborateurs en 2022. Ces recrutements se traduiront à hauteur de 60% environ en créations nettes de postes.  Une centaine d'embauches devraient concerner la région AuRA.

"Ce ne sera pas facile, c'est certain mais nous mettons l'énergie nécessaire. Nous nous appuyons sur une marque employeur forte et nous travaillons à notre stratégie de séduction. Autrefois, le recrutement reposait sur la sélection des candidats, aujourd'hui, la relation est inversée, il s'agit de les séduire", observe Benoit Bourg, directeur des ressources humaines de Tessi. "Nous allons muscler notre plan alternance pour accompagner ces recrutements".

120 postes à pourvoir à Lyon chez Devoteam

Du côté de Devoteam (8.500 salariés dont 3.500 en France ; CA 2021 : 900 millions d'euros contre 760 en 2020), qui se présente comme leader du conseil en stratégie digitale, plateformes technologiques et cybersécurité en EMEA, on annonce 120 postes à pourvoir en 2022 au sein de l'agence lyonnaise. Cette dernière, créée en 2003, emploie déjà 200 collaborateurs, elle prévoit de doubler de taille sous trois ans.

Pour accueillir ses futurs salariés, Devoteam Lyon vient d'ailleurs de faire l'acquisition de nouveaux espaces de travail au sein de la tour Equinox de la Part-Dieu.

"Après l'Ile de France, AuRA est considérée comme la région avec le plus fort potentiel pour nous. En renforçant notre activité dans la région, nous nous dotons d'une capacité de conseil et de mise en œuvre opérationnelle pour répondre aux enjeux de digitalisation exacerbés par la crise sanitaire : cloud, cybersécurité, intelligence artificielle, data, hyper-automation etc", note Alexis Javier, direction Sud Est de Devoteam.

"Jusqu'ici, nous parlions de plan de transformation digitale pour les grandes entreprises. Désormais, cette tendance se constate chez des acteurs de taille de plus en plus modeste. Les enjeux aussi évoluent : jusqu'ici les investissements de digitalisation portaient en majorité sur des sujets métiers. Aujourd'hui, ils prennent de l'ampleur aussi sur les fonctions support".

Après avoir déjà recruté 70 personnes en 2021 pour son agence lyonnaise, Alexis Javier sait que la tâche s'annonce ardue pour attirer 120 nouveaux collaborateurs dans les prochains mois.

"Tout notre secteur vit les mêmes difficultés mais nous avons aussi des outils pour nous battre : notre proximité avec les grands acteurs comme Google, par exemple, est un critère intéressant pour les candidats. Nous avons aussi beaucoup investi pour repenser notre organisation avec du flex office".

Devoteam a également créé une fondation accompagnant, sous format mécénat de compétences, la transformation numérique d'associations. 40 structures ont déjà été soutenues par Devoteam en France, deux par l'agence lyonnaise l'année dernière. L'ambition étant d'en accompagner 3 à 5 cette année.

"Cet engagement permet de donner du sens à notre entreprise, à notre action, c'est désormais essentiel dans les recrutements et la fidélisation des salariés".

Mais aussi séduisants que soient les arguments de Tessi comme ceux de Devoteam, ils devront toutefois se confronter à ceux de nombreuses autres organisations ayant elles aussi des besoins massifs de recrutement sur la région, et pas des moindres également : Hardis, Docaposte, etc.

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