C'est une très belle vitrine pour cette maison familiale créée il y a plus d'un siècle dans le Puy-de-Dôme. Depuis début octobre, les produits de la coutellerie Jean Dubost sont proposés sur la boutique en ligne de la présidence de la République. Six gammes de couteaux sont disponibles à la vente, parmi d'autres objets qui mettent tous en avant le savoir-faire français (montres, du linge de maison ou des jouets).
Les couteaux de cuisine ou de table, les sommeliers ou encore les planches apéritives de la marque auvergnate sont présentés dans la catégorie art de la table au côté, par exemple, des tasses en porcelaine de la Maison Degrenne. Et pour l'entreprise puydômoise de 64 salariés, c'est une récompense et une reconnaissance. Elle qui fabrique ses produits à Viscomtat, petit village de montagne situé à une quinzaine de kilomètres de Thiers, capitale de la coutellerie française.
« C'est une belle collaboration. Nos produits sont marqués au laser du sigle présidence de la République. Nous avions un cahier des charges précis. Il fallait que les produits soient Made in France avec un bon rapport qualité/prix, afin qu'ils soient abordables pour le plus grand nombre. Nos prix vont de 29 euros pour la planche d'apéritif avec couteau à 89 euros pour le couteau de poche avec le manche en bois d'olivier », explique Alexandre Dubost, président et directeur général de l'entreprise et quatrième génération à la tête de la société.
Pour assurer cette production, l'entreprise peut compter sur un équipement laser flambant neuf, capable de personnaliser les produits. Un investissement de 150.000 euros consentis pour développer la partie « cadeaux d'affaire » et collaborations.
40% du chiffre d'affaires à l'export
L'entreprise familiale a répondu à un appel d'offres passé par l'Elysée en janvier dernier. Pour commencer, la boutique du Palais a commandé une centaine de références pour chacune des six gammes. Des produits que l'entreprise peut aussi vendre sur son site internet ou via son réseau d'un millier de revendeurs répartis dans la France entière. Une opportunité marketing incroyable pour la coutellerie et une exposition supplémentaire pour atteindre encore plus le public international. La société Jean Dubost réalise déjà 40% de son chiffre d'affaires à l'export.
« Nous vendons nos produits dans 60 pays. Cela fonctionne bien en Europe mais aussi en Amérique du Sud et du Nord, au Japon et en Australie. Nos clients, des particuliers et des professionnels, sont attirés par notre savoir-faire. Pour eux, nous représentons la gastronomie française. Nous avons déjà reçu la commande de 1.200 coffrets, avec le logo de la Présidence de la République, qui vont partir pour la Corée du Sud par exemple. L'Elysée, cela rajoute du prestige », rapporte Alexandre Dubost, dont l'entreprise a réalisé 15 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier.
Plus de 500.000 pièces sortent chaque mois de l'atelier Jean Dubost. Et avec cet appel d'offre, la coutellerie compte bien augmenter sa capacité de production. Elle prévoit déjà le recrutement de cinq personnes supplémentaires l'an prochain, notamment parmi les apprentis qu'elle forme au quotidien.
Couteaux biosourcés
Pour tout cela, la coutellerie a été labellisée entreprise du patrimoine vivant depuis 2012. Une distinction qui a retenu l'attention de l'Elysée. Tout comme le fait que l'entreprise mise sur son ancrage territorial et local. Environ 65% de ses fournisseurs sont issus de la région. Depuis 2008, elle utilise même des produits biosourcés à base de canne à sucre pour fabriquer les manches de ses couteaux. Et la coutellerie essaie de limiter son impact environnemental.
« Nous revalorisons 98% de nos déchets. Nous avons d'ailleurs reçu, il y a deux mois, une machine capable de donner une seconde vie à nos déchets plastiques. L'eau, que nous utilisons pour refroidir certains moules par exemple, est issue de circuits fermés. Nous avons ainsi pu diviser par dix notre consommation en eau. Ce sont aussi ces critères qui ont été regardés de près par la boutique de l'Elysée », précise le dirigeant de l'entreprise.
Il est bien loin le temps où le bassin de Thiers était malmené. La capitale de la coutellerie a en effet connu une véritable saignée industrielle dans les années 80-90, liée à la concurrence asiatique, mais elle connaît aujourd'hui un nouveau dynamisme.
« Depuis une dizaine d'années, nous pouvons parler de rebond. On observe des relocalisations. Aujourd'hui, Thiers compte environ une centaine de coutelleries. Ce sont 1.500 emplois directs et indirects. Ce qui nous a relancé, c'est la demande de plus en plus forte en faveur des produits Made in Europe et Made in France », souligne Alexandre Dubost.
La coutellerie Jean Dubost espère capitaliser sur cet intérêt croissant. Elle estime que cette collaboration avec l'Elysée lui permettra d'augmenter de 3 à 5% son chiffre d'affaires l'an prochain.
« Territoires d'industrie » : un tiers de logements seront manquants pour répondre à la demande en Auvergne-Rhône-Alpes
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !