Cleantech : Amoeba, les nouvelles raisons d'y croire

Toujours dans l'attente de l'approbation des autorités sanitaires européennes et américaines pour la commercialisation de son biocide biologique dédié au traitement de l'eau présenté comme une alternative aux produits chimiques, la cleantech lyonnaise Amoeba entrevoit de nouvelles perspectives après des tests concluants confirmant l'efficacité de sa solution pour la protection des plantes.

Enfin une bonne nouvelle pour Amoeba. La startup lyonnaise, qui développe une solution biologique alternative aux produits chimiques, a annoncé, fin juillet, des résultats confirmant l'efficacité de sa substance active contre le mildiou (un champignon parasitaire) de la vigne.

Des tests positifs de son agent de biocontrôle qui serviront de base pour l'élaboration d'un dossier réglementaire en vue d'une homologation nécessaire à l'autorisation de mise sur le marché de son biocide.

Une commercialisation de son produit dans le secteur de la protection des plantes, évalué à 1,6 milliard d'euros par an dans le monde, qui pourrait intervenir en 2022 aux Etats-Unis et en 2025 en Europe selon Amoeba.

"Nous avons démontré, dans des conditions réelles de champs et non pas seulement en laboratoire, que l'efficacité de notre produit est équivalent aux produits chimiques utilisés. Nous pouvons désormais imaginer l'utilisation de notre substance active dans le traitement d'un des pathogènes des grandes cultures comme le blé et le soja. C'est donc une nouvelle activité qui mobilise nos équipes, avec d'importantes perspectives commerciales et économiques", commente Fabrice Plasson, le dirigeant-fondateur d'Amoeba.

Amoeba va désormais chercher à nouer - d'ici à la fin de l'année - un partenariat avec un ou plusieurs industriels du secteur en vue d'un co-développement puis d'une éventuelle mise sur le marché de son produit. En parallèle, la société va multiplier les expérimentations au cours des prochains mois.

"Notre dossier règlementaire sera déposé dès le premier trimestre 2020. Et, dans le cas de l'approbation de mise sur le marché de notre substance active pour la protection des plantes et des grandes cultures, le dossier réglementaire est bien cadré et les demandes des autorités de santé sont claires", souligne Fabrice Plasson.

Difficultés d'accéder au marché

Une référence à l'autre grand sujet d'Amoeba, qui concerne l'utilisation de son biocide non toxique dans le traitement du risque bactérien dans l'eau. La société cotée en bourse, créée en 2010, se concentre notamment sur l'utilisation de sa solution biologique pour les tours aéroréfrigérantes industrielles, en permettant de diminuer fortement l'utilisation d'inhibiteurs de corrosion et de supprimer totalement les biodispersants.

Un marché évalué à 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires par an sur lequel Amoeba ne parvient pas à faire homologuer son innovation. Fin novembre dernier, l'Agence Européenne des produits chimiques a refusé l'autorisation de mise sur le marché.

"Un refus non pas lié aux risques sanitaires de notre solution puisque l'absence de risque est avérée par les différentes études", précise le dirigeant qui évoquait alors une décision "incompréhensible". Ce dernier pointe notamment la frilosité de la France qui a émis, avant l'Europe, un avis négatif à la mise sur le marché du produit d'Amoeba via l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

"Notre dossier est particulier : c'est la première fois qu'un biocide comme le notre est soumis à l'approbation des autorités. Nous pouvons donc dire que l'on a essuyé les plâtres. Comme il n'existe pas de cadre réglementaire précis pour cette nouvelle substance, la France, attachée au principe de précaution, a jugé qu'il était plus simple d'interdire que d'autoriser. L'environnement de notre dossier n'a pas été simple, puisque nous n'avions pas de feuille de route claire", dénonce Fabrice Plasson.

Nouvelle réponse attendue d'ici 18 mois

Loin de se résigner, Amoeba vient d'annoncer, mi-août, la soumission en Europe d'une nouvelle demande d'approbation de sa substance active biocide. Un dossier déposé, cette-fois, auprès de Malte qui a accepté d'être l'autorité évaluatrice, accompagnée d'experts privés basés aux Pays-Bas, avant soumission du dossier complété aux autorités européennes.

"Nous sommes optimistes quant à une réponse positive car les autorités maltaises, à l'approche anglo-saxonne, sont plus dynamiques pour la réalisation de notre dossier. Par exemple, nous avons des interlocuteurs avec qui échanger, ce qui n'était malheureusement pas le cas avec les autorités compétentes françaises", poursuit Fabrice Plasson.

Amoeba attend désormais, dans un délai de 18 mois, un rapport d'évaluation de la part de l'autorité maltaise, qui pourrait donc être disponible au 2e trimestre 2021.

Des tergiversations en Europe qui bloquent, par conséquent, l'autorisation de son biocide aux Etats-Unis. Le 19 août, la startup lyonnaise a été informé par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) qu'elle ne pouvait accorder l'enregistrement pour l'utilisation de sa substance active.

"Il ne s'agit pas d'un refus de la demande d'autorisation, précise Fabrice Plasson. Nous sommes bien sûr insatisfaits et frustrés de ne pas obtenir d'approbation alors qu'aucun danger n'a été déterminé, mais cette réponse est d'avantage liée a l'attente de la seconde version de notre dossier auprès des autorités européennes. En clair, les Etats-Unis attendent que l'Europe fasse le « ménage » dans ce dossier avant de se prononcer."

"Notre produit a toute les chances pour réussir"

Dans l'attente des approbations espérées, l'usine de production basée à Chassieu tourne au ralenti, utilisée uniquement à 25% de ses capacités cinq mois par an pour fournir des substances actives pour les tests. La société de 17 collaborateurs, qui a opéré une profonde restructuration en mai 2018, affiche - faute de produits commercialisés - d'importants déficits (7,2 millions d'euros en 2018, 6,2 millions d'euros en 2017).

Pour assurer sa pérennité, Amoeba réalise, chaque année, des opérations de dilution du capital via l'émission d'OCAPI (des obligations convertibles avec un programme d'intéressement) pour un montant de 6 millions d'euros couvrant les dépenses de la société. Une situation délicate qui n'entame pas la détermination de Fabrice Plasson.

"Le positivisme, même en cas de mauvaises nouvelles, est le principal moteur du dirigeant. Et j'ai la conviction que notre produit a toute les chances pour réussir, tout comme je suis convaincu par la vocation sociale d'Amoeba : je ne veux plus de produits chimiques dans l'eau et la nourriture."

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