Saint Jean va tripler sa production de pâtes fraîches mais ne baissera pas ses prix pour le moment

Le pastier drômois, leader de la raviole et de la quenelle, investit 80 millions d’euros dans une extension XXL (via la réhabilitation de 30.000 m² de friches industrielles). Des travaux qui lui permettront non seulement de doubler sa production de ravioles mais aussi de tripler ses capacités de production de pâtes fraîches, marché sur lequel Saint Jean veut se renforcer significativement.
En 2022, les pâtes farcies ont pesé pour 313 millions d'euros des 464 millions d'euros du marché total grande distribution des pâtes fraiches.
En 2022, les pâtes farcies ont pesé pour 313 millions d'euros des 464 millions d'euros du marché total grande distribution des pâtes fraiches. (Crédits : DR)

Avec 46,5% des parts de marché grande distribution de la raviole et 31,1% pour les quenelles (source IRI novembre 2022), Saint Jean est déjà le leader français de ces deux produits. En revanche, en ce qui concerne les pâtes fraîches, le pastier de Romans-sur-Isère (104,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 ; 500 salariés) s'affiche certes à une confortable troisième place mais avec seulement 5,9% des parts de marché, loin derrière les mastodontes du secteur que sont Lustucru (38,3% des parts de marché grande distribution) et Giovanni Rana (21,7%).

C'est précisément sur ce marché des pâtes fraîches (qui représentent depuis 2018 ses volumes de production les plus importants) que Saint Jean entend accélérer pour assurer sa croissance.

« Nous visons les 150 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2030. En développant bien entendu nos produits ravioles et quenelles, nos produits historiques, mais aussi en nous appuyant plus particulièrement sur les pâtes farcies qui représentent actuellement l'essentiel du marché français des pâtes fraiches », explique Guillaume Blanloeil.

Il est le directeur général de Saint Jean depuis 2002, entreprise cotée et détenue majoritairement par la famille Cros depuis 1992. En 2022, le marché des pâtes farcies (313 millions d'euros) a tiré le marché total de la grande distribution des pâtes fraîches (464 millions d'euros)

Investissement de 80 millions d'euros

Pour monter en puissance, Saint Jean mène actuellement un investissement de l'ordre de 80 millions d'euros pour pousser les murs. L'industriel a acquis et dépollué quelque 30.000 m² de friches industrielles voisines. Il s'agit du plus important investissement de l'entreprise depuis 1995. Ce chantier d'envergure lui permettra, à terme, de tripler sa capacité de production de pâtes fraîches en passant de 5.800 tonnes annuelles à 15.000 tonnes et, à terme, de doubler sa production de ravioles. Cette montée en puissance des capacités de production doit mener à la création de 150 emplois environ d'ici 2030.

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Le projet s'accompagne d'efforts environnementaux sur l'ensemble du site (existant et nouveau) : isolation, traitement de l'air, chauffage etc. Résultat : une réduction de 10% de la consommation énergétique totale, alors que les surfaces industrielles ont augmenté dans le même temps de 50%.

Baisser les prix ? Impossible pour le moment

Cet investissement est réalisé dans un contexte de résultats financiers qui se sont tendus en raison de l'inflation. Malgré la croissance de son chiffre d'affaires (89 millions d'euros en 2021, 105 millions en 2022), l'entreprise a vu son résultat net chuter de 2,3 millions entre 2021 et 2022.

« Nos matières premières ont augmenté significativement en 2021. Le prix des œufs, par exemple, a été multiplié par trois et nous n'avons pu obtenir de hausses de tarifs de la grande distribution qu'à partir de mars 2022... », rappelle le DG de l'entreprise, par ailleurs président de l'association régionale des industries agroalimentaires d'Auvergne-Rhône-Alpes.

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« Nous ne figurons pas dans la liste des 75 industriels de l'agroalimentaire à qui le gouvernement intime, ces dernières semaines, de baisser leurs prix mais quoi qu'il en soit il me semble complexe de nous plier actuellement à cette injonction. D'abord parce que tous les coûts n'ont pas baissé, ensuite parce que la tendance vient juste de s'enclencher. Lorsque les prix ont flambé, il a fallu attendre six mois pour voir nos prix de vente revalorisés. Il va bien falloir que nos entreprises reconstituent leurs marges. Aucun industriel autour de moi ne me dit qu'il a encaissé le jackpot en 2022. Baisser les prix tout de suite, ce n'est pas possible », insiste-t-il, signalant par ailleurs que l'inflation alimentaire de ces 10 dernières années a été proche de zéro.

« Lorsque nous pourrons refaire des marges correctes, nous pourrons baisser les prix. Aujourd'hui, il n'en est pas question, il faut que nos entreprises survivent ».

Et peu importe donc ce qu'en pensent les grands distributeurs, qui montent et remontent au créneau ces derniers jours pour réclamer au gouvernement de soumettre plus fermement les industriels de l'agroalimentaire à son injonction de baisse des prix.

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