Beaujolais, Côtes du Rhône...comment les viticulteurs rhônalpins s'adaptent à la baisse de la demande

Les vendanges ont débuté dans la région Auvergne-Rhône-Alpes début septembre, à l'aune d'évolutions majeures pour le secteur. Si l'adaptation au changement climatique fait aujourd'hui foi, tout comme la nécessité de répondre à une diminution de 30 % de la consommation de vins en dix ans dans l'Hexagone, les vignobles trouvent les solutions pour plaire à leur public et pour certains monter en gamme. Explications.
Le domaine du Château de l'Eclair, dans le Beaujolais.
Le domaine du Château de l'Eclair, dans le Beaujolais. (Crédits : DR)

L'été n'a encore une fois pas été de tout repos. Marquées par plusieurs épisodes de grêle et une canicule tardive la dernière semaine d'août, les vignes de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont une nouvelle fois essuyé une perte de production.

Cette dernière vague de chaleur a eu pour conséquence d'assécher les grains, « comme des raisins de Corinthe », décrit Philippe Bardet, président de la fédération interprofessionnelle des vins du Beaujolais. Le terroir a perdu environ 10 % de sa récolte, estime-t-il à l'aube du début des vendanges, plus tardives qu'en 2022, mais l'année devrait quand même être fructueuse en comparaison des dernières.

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Le changement climatique affecte en effet les rendements des domaines, qui peinent à retrouver les grandes productions du siècle dernier. « Nous n'avons aucun stock, remarque Philippe Bardet, il nous en faudrait même plus ! Nous avons une belle demande depuis cinq ou six ans ». Chaque automne, le territoire produit environ 600.000 hectolitres en moyenne, majoritairement du gamay. « Cette année, on espère une récolte en hausse de 20 % par rapport à 2022. » De quoi s'armer face à l'inflation, qui touche durement le secteur, de l'entretien des vignes à la mise en bouteille.

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S'adapter à l'évolution de la demande

Car les appellations de la région, pluriels, semblent chacune trouver leur place dans l'écosystème vinicole. En Savoie, la production annuelle du deuxième plus petit vignoble de France est vite écoulée (112.000 hectolitres en moyenne). D'abord dans les supermarchés - mais la demande diminue progressivement. Ensuite, auprès des nombreux restaurateurs de la région - stations de ski en tête. « On développe à ce titre le segment œnotourisme, développe Franck Berkules, porte-parole de l'Appellation d'origine contrôlée (AOC) Vins de Savoie. Là où les 3/4 de nos productions étaient jusqu'alors consommées en hiver, ces parts tendent petit à petit à se rééquilibrer avec la saison estivale. » Environ 7 % de la production sont également envoyées à l'export - cette part a d'ailleurs augmenté de 5 points en 10 ans. « La demande aussi évolue. En ce moment, la fraîcheur a le vent en poupe. Les consommateurs cherchent le côté minéral, qui correspond particulièrement au cépage Jacquère ».

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Cette demande profite à la « montée en gamme » du Beaujolais, remarque le président de ses 12 AOC : « depuis cinq à six ans, on observe un changement, notre créneau est un peu plus demandé ». De fait, le vignoble doit « refaire des stocks », là où le gouvernement a lancé un plan d'aides aux distillations de crise. Cette situation n'est « pas sereine », réagit en revanche Philippe Pellaton, président des vignobles de la vallée du Rhône, le deuxième plus grand de France après le Bordelais. L'interprofession regroupe 31 AOC sur six départements (Ardèche, Drôme, Gard, Loire, Rhône et Vaucluse). De fait, les trajectoires sont hétérogènes : « Les appellations de crus sont en croissance, avec une forte commercialisation, tant en volumes qu'en valeurs. Globalement, elles sont toujours à la hausse et conservent des positions solides, malgré la baisse du pouvoir d'achat. » En revanche, « d'autres, comme le Ventou, ou les Côstières-de-Nîmes, ont plus de difficultés. Faut-il le relier au rosé ? Ce n'est pas évident. »

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Se recentrer face aux défis à venir

Quant aux appellations régionales, comme les AOC Côtes du Rhône, « les positions sont consolidées », ajoute le vigneron originaire du Gard. C'est bien le cas du côté du Saint-Joseph (Ardèche), territoire historique de la rive droite. Le vice-président de l'appellation, Joël Durand, remarque que la demande reste alignée à l'offre.

« Notre consommation est très française, traditionnelle, auprès des cavistes et des restaurateurs, mais aussi en vente directe ».

Si la hausse des coûts de production est répercutée sur les prix, la demande reste. D'autant que les parcelles tendent à rétrécir. Philippe Pellaton ajoute à ce titre que si les déséquilibres sont nombreux, « les arrachages à la mode bordelaise ne sont pas d'actualité » dans la vallée du Rhône. « En revanche, les terrains se recentrent, les parcelles se réduisent ». Les changements sociétaux à venir en ligne de mire.

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