Les Côtes d'Auvergne veulent doubler leur vignoble

Les vins d’Auvergne connaissent un joli succès ces dernières années, notamment grâce à l’essor des « vins volcaniques ». Une étude cartographique vient d’être lancée sur le territoire pour déterminer le potentiel des parcelles, avec l’idée de doubler la superficie du vignoble d’ici dix ans.
Face à l'engouement suscité par les vins volcaniques, le vignoble auvergnat compte bien s'étendre.
Face à l'engouement suscité par les vins volcaniques, le vignoble auvergnat compte bien s'étendre. (Crédits : DR Syndicat des Côtes d'Auvergne)

L'Auvergne est bien connue pour ses fromages, ses volcans, son industrie du pneu, mais le territoire commence à se faire place dans le monde du vin. Et pour cause. Les terroirs volcaniques s'avèrent plus résistants à la sécheresse et offrent des conditions favorables pour la viticulture face au changement climatique. Surtout ces dernières années, les vins d'Auvergne ont bien meilleure réputation, leur qualité s'étant améliorée. L'obtention du label AOC Côtes d'Auvergne, en 2010, a permis au vignoble d'à peine 300 hectares, pris entre les Monts du Livradois et la chaîne du Sancy, de se professionnaliser.

« Nous avons assumé que nous pouvions avoir des vins différents parce que nous avions une géologique volcanique particulière » précise Pierre Desprat, directeur général de la Cave Desprat Saint-Verny, qui produit à elle seule la moitié des vins d'Auvergne. « Il y a aujourd'hui une reconnaissance de ce vignoble. Encerclé par les volcans, il est considéré comme une petite pépite. L'Auvergne est le seul territoire à concentrer tous les terroirs volcaniques existant dans le monde : le basalte, la pierre ponce, la pépérite et la pouzzolane ».

Une cartographie onéreuse mais indispensable

Fort de ce constat, ce vignoble, l'un des plus vieux de France, est en train de renaître. Le Syndicat des Côtes d'Auvergne a même une ambition : structurer et développer l'activité viticole dans la région. Pour cela, une campagne de cartographie vient d'être lancée en partenariat avec l'Institut Français de la Vigne et du Vin et l'association VINORA, qui fait la promotion des vins volcaniques. Une étude soutenue par le Département du Puy-de-Dôme et la Région AuRA.

« Cette cartographie va préciser le « parcellaire volcanique », c'est-à-dire définir chaque type de sol pour chaque parcelle, à une échelle très fine. Les prélèvements vont débuter fin septembre-début octobre. Cela devrait nous permettre de mieux connaître le vignoble et de déterminer de nouvelles parcelles, avec du potentiel. Nous savons que nos sols volcaniques sont plus résistants à la sécheresse. Les pierres retiendraient davantage l'humidité et restitueraient l'eau plus doucement. Cela nous permettra donc d'orienter au mieux ceux qui veulent s'installer. On leur apportera une sécurité pour leur production », détaille Gilles Vidal, président du syndicat.

Parmi les 53 communes du Puy-de-Dôme présentes sur la zone d'AOC et d'IGP, nombreux sont les maires intéressés par la démarche (Cournon d'Auvergne, Enval, Riom Limagne...). Ils voient la viticulture comme un atout économique et touristique, une façon de valoriser leurs terres.

700 hectares de vignoble

Reste que cette cartographie va coûter 60.000 euros au syndicat. Mais ce n'est pas un problème pour les acteurs du secteur qui estiment cet investissement nécessaire. « Cette cartographie est essentielle pour aller plus loin dans l'explication et l'honnêteté vis-à-vis des consommateurs. C'est le moyen de passer un cap supplémentaire dans la professionnalisation du vignoble » s'enthousiasme Pierre Desprat. Et Jean-Baptiste Deroche, viticulteur et président de VINORA, de poursuivre : « Grâce à une meilleure connaissance du sol, je vais pouvoir faire des cuvées différentes, optimiser ma production et vinifier différemment ».

Dans les dix ans à venir, le syndicat des Côtes d'Auvergne ambitionne de doubler la superficie du vignoble, afin d'arriver à 700 hectares. Il espère notamment attirer 35 nouveaux domaines ou coopérateurs. De quoi redonner son lustre à un vignoble qui en 1870 était le troisième de France.

« Nous n'avons jamais reçu autant de demandes de création de domaines viticoles. Une quinzaine de personnes sont en attente et recherchent du foncier », relate Gilles Vidal.

Car le vignoble, qui a produit l'an dernier 1,7 millions de bouteilles, attire les regards. Depuis cinq ans, les ventes décollent et ne cessent de progresser. La croissance est de l'ordre de 20% estime le Syndicat. Un essor qui s'explique en partie par la stratégie commerciale lancée autour des « vins volcaniques ». Une « marque » qui apporte de la notoriété à cette appellation et lui redonne un coup de jeune. Désormais les étiquettes affichent des noms évocateurs : « le sang des Volcans », « Basalte », « les Dômes »... une manière de capitaliser sur la richesse naturelle du territoire et son image.

Vin de terroir et d'altitude

Et puis, si le succès est au rendez-vous c'est aussi que les caractéristiques des vins d'Auvergne correspondent à une tendance. « Nos terres volcaniques nous permettent de produire des vins aux notes plus fumées, poivrées et avec une salinité. Cela apporte une grande minéralité et dégage beaucoup de fraîcheur, de vivacité. Tout ce que les consommateurs aiment en ce moment », analyse le président du Syndicat des Côtes d'Auvergne.

Et le vignoble a aussi su trouver son public à l'étranger. L'intérêt est croissant. La cave Desprat Saint-Verny vend ainsi 30% de sa production à l'international, au Canada, au Royaume-Uni et au Japon notamment.

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