Vins biologiques : malgré le recul du marché du bio en France, le lyonnais Oé lève cinq millions d’euros

Le producteur lyonnais de vins biologiques, la jeune marque Oé, vient de lever 5 millions d’euros dans un contexte de recul des ventes de l’alimentaire bio impactées par les différentes crises secouant actuellement l’économie. Ce tour de table doit permettre à Oé d’étoffer son équipe et de se déployer à l’international ainsi que sur le digital. Il doit aussi lui permettre d’accélérer ses initiatives en matière de bouteilles consignées et de livraison zéro déchet.
Oé, qui vise une vente annuelle de 3 millions de bouteilles à horizon 2028, n'a pas été mis à mal par le revirement du marché alimentaire du marché bio : sa croissance s'en est tout juste vue légèrement ralentie.
Oé, qui vise une vente annuelle de 3 millions de bouteilles à horizon 2028, n'a pas été mis à mal par le revirement du marché alimentaire du marché bio : sa croissance s'en est tout juste vue légèrement ralentie. (Crédits : DR)

Deux ans après un premier tour de table à 2,5 millions d'euros, Oé remet le couvert. La marque lyonnaise spécialisée dans le vin biologique vient de lever 5 millions d'euros auprès notamment de Vitirev Innovation (fonds d'investissement de Demeter dédié à la transition écologique dans les secteurs viticole et vinicole) mais aussi d'investisseurs privés comme Michel Reybier (MR Hospitality), Frédéric Mazzella et Francis Nappez (cofondateurs Blablacar).

Objectif : 3 millions de bouteilles annuelles en 2028

Cette opération doit mener Oé - devenu producteur de vins biologiques en 2020 après cinq années d'existence comme négociant -, vers une ambition annuelle de trois millions de bouteilles vendues en 2028, contre 200.000 en 2020 et 600.000 annoncées pour cette année.

Au programme : des recrutements (5 au menu d'ici la fin d'année, qui s'ajouteront à l'équipe actuelle de 17 collaborateurs), des campagnes de communication et de marketing pour mieux faire connaitre la marque au grand public, le déploiement de l'export et de l'e-commerce.

Un cap ambitieux que Thomas Lemasle, cofondateur de l'entreprise avec François-Xavier Henry, insiste pour replacer à l'échelle de leurs priorités : « Ce nombre de bouteilles, cette progression, seront assortis d'une progression forte du chiffre d'affaires (non communiqué NDLR) évidemment. Mais pour nous, c'est le moyen, pas la finalité ».

Le moyen de quoi ? « De faire bouger les lignes du secteur. Il faut savoir que la vigne représente 4% des surfaces agricoles françaises mais pèse, à elle seule, 20% des pesticides utilisés en agriculture ».

Des chiffres qui sont toutefois en amélioration puisque le vignoble français certifié bio représente désormais 90.300 hectares, soit +13% en un an selon l'Agence Bio (Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique).

Consigne et zéro déchet pour aller au-delà du bio

Oé, qui a fait de l'impact et de son engagement sociétal ses chevaux de bataille, s'approvisionne auprès d'une vingtaine de vignerons à travers la France.

L'intégralité du vin acheté est embouteillée dans le Beaujolais, tout près de Lyon, au sein d'une usine partenaire, et commercialisée avec l'étiquette Oé auprès de 800 points de vente (magasins bio, épiceries vrac, jardineries etc), auprès du segment de la CHR et du secteur événementiel.

« Nous avons souhaité maitriser notre logistique et l'embouteillage afin d'avoir vraiment la main sur les questions de packaging, de livraison etc », poursuit Thomas Lemasle.

La quasi-totalité des bouteilles Oé (sauf le Crémant pour des raisons réglementaires) sont désormais consignables, une initiative par laquelle la marque lyonnaise s'était démarquée dès 2020 en se positionnant comme pionnière de la consigne sur le marché du vin.

« Selon les chiffres de l'Admet, l'utilisation d'une bouteille consignée permet d'émettre 78% de CO2 en moins par rapport à une bouteille neuve, d'économiser 76% d'énergie et 33% d'eau », aligne le cofondateur de l'entreprise, reconnaissant cependant qu'Oé ne bénéficie pas pour le moment des pleines retombées de son système de consignes faute d'un nombre suffisant d'acteurs engagés dans la consigne. « En raison de notre croissance, nous sommes pour le moment toujours obligés d'acheter un nombre important de bouteilles neuves ».

Pour aller plus loin sur ce chemin vertueux, Oé s'est lancée tout récemment dans une offre zéro déchet. Déjà, une vingtaine de clients a accepté de recevoir ses bouteilles dans des casiers à bouteille, sans film plastique, en lieu et place des traditionnelles palettes/cartons. « Avec la bouteille consignable et ces modes de livraison, seuls restent les déchets des étiquettes en papier recyclé et les bouchons (en matière recyclée également) », se réjouit le dirigeant de la startup.

Oé, préservée de la baisse du pouvoir d'achat des Français pour le moment

Le plan de développement d'Oé, validé et soutenu par les investisseurs de la toute récente levée de fonds, s'inscrit toutefois dans un contexte actuel difficile pour le bio en France.

Selon les chiffres de l'Agence Bio, la filière alimentaire bio dans sa globalité a affiché un recul de -1,3% (en valeur) en 2021 par rapport à 2020. Selon l'IRI, les chiffres 2022 s'annoncent encore plus mauvais : -5,6% sur les huit premiers mois de l'année par rapport à la même période l'année dernière.

Même si le vin bio semble lui mieux s'en sortir en subissant « seulement » un ralentissement de sa croissance et non un recul (+9,4% en 2021 par rapport à 2019, soit 1,2 milliard d'euros de vins bio consommés en France l'année dernière), Thomas Lemasle convient que le contexte inflationniste, pesant sur le pouvoir d'achat des Français, pourrait représenter un frein à la croissance d'Oé. Le dirigeant reste toutefois serein.

« Nous constatons la fermeture d'épiceries bio partenaires, il est certain que c'est un frein à notre développement mais nous sommes moins touchés que d'autres produits alimentaires bio. Le vin reste un produit plaisir, pas un produit du quotidien ».

Ainsi, dans cette catégorie d'achats, les consommateurs sont moins réticents à dépenser 20% de plus (moyenne de différence de prix entre un vin bio et non bio de même catégorie, ndlr). « D'autant que dans ce secteur, il existe une très grosse différence en matière d'impact environnemental entre les vins bio et les autres, nous travaillons à le faire comprendre aux consommateurs ».

Thomas Lemasle explique par ailleurs que la forte hausse des conversions d'exploitations viticoles au bio, et donc l'importante augmentation des volumes bio produits devrait participer à des différentiels de prix de vente entre le bio et le non bio moins marqués.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 17/10/2022 à 16:12
Signaler
Bonjour, Je ne connais pas ce vin et je jetterais un coup d'oeil le véritable vin bio est excessivement rare, depuis les années 50 on a transformé l'arrêt de la fermentation faite à la mèche relativement dangereuse. Par un produit chimique appelé s...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.