Lynred investit 85 millions pour déployer l’infrarouge sur les véhicules grand public

Il s’agit du plus gros investissement depuis sa création en 1986. L’Isérois Lynred, numéro 2 mondial des détecteurs infrarouge, va investir 85 millions d’euros dans l’extension de son site principal, en région grenobloise. Au programme : de nouvelles salles blanches pour mieux répondre à ses marchés haut de gamme et une augmentation de ses capacités de production de détecteurs infrarouge destinés au marché de l’automobile. Lynred figure parmi les 12 projets structurants français qui viennent d'être validés par la Commission européenne dans le cadre du PIIEC (Projet Important d'Intérêt Européen commun) micro-électronique.
Lynred va augmenter la production de 50% de ses bolomètres d'ici 2025.
Lynred va augmenter la production de 50% de ses bolomètres d'ici 2025. (Crédits : Kalice)

La détection d'obstacle par technologie infrarouge concerne actuellement principalement les véhicules très haut de gamme. Mais à l'instar des radars de recul, cette fonctionnalité pourrait bien se démocratiser dans les prochaines années. Notamment aux États-Unis, où la réglementation contraint les constructeurs automobiles à améliorer la détection d'obstacles, en particulier dans les contextes de moindre visibilité (nuit, brouillard, etc). Grâce à une alerte visuelle ou sonore, ou même sur certains modèles à un freinage d'urgence automatique, l'infrarouge doit permettre d'éviter la collision avec des éléments en mouvement comme des animaux ou des piétons.

« Alors qu'une caméra visible peut détecter un piéton ou un objet à une distance de 20 à 30 mètres, la détection thermique (par infrarouge donc) est en capacité d'élargir ce champ à une distance allant jusqu'à 30 mètres », assure David Billon-Lanfrey, directeur de la stratégie de Lynred, coentreprise iséroise des groupes Safran et Thales.

Ces détecteurs, appelés bolomètres, représentent déjà 50% environ du chiffre d'affaires de Lynred (233 millions d'euros en 2022 avec 1.100 salariés), proportion incluant le marché automobile mais aussi les diagnostics immobiliers, la détection de gaz, le marché du loisir etc. Et les perspectives pour les prochaines années semblent prometteuses.

« Nous estimons que le marché mondial des bolomètres devrait croître de 9% par an sur les années à venir. Et nous comptons bien maintenir nos positions de leader. L'accélération dépendra toutefois de la capacité des constructeurs automobiles à embarquer ces technologies à un coût adapté », précise David Billon-Lanfrey, confiant que l'entreprise iséroise investit massivement en R&D sur la question et mène actuellement des discussions avancées sur le sujet avec deux fournisseurs de rang 1 de constructeurs automobiles.

Doubler les capacités de production de détecteurs infrarouge pour l'automobile d'ici 2030

Pour être en capacité d'accompagner l'émergence de ce marché de l'automobile grand public boostée par le développement de la conduite autonome, - et s'assurer une croissance de chiffre d'affaires annuelle de 6% pour les années à venir - , Lynred va investir 85 millions d'euros dans l'extension de son site actuel situé en périphérie grenobloise. A horizon 2025, l'entreprise sera en capacité de produire 50% de bolomètres supplémentaires par rapport à sa capacité actuelle, et envisage de parvenir à un doublement d'ici 2030. Au même horizon, environ 300 personnes supplémentaires devraient rejoindre le site.

Au-delà de ses capacités de production de bolomètres, Lynred investit également dans le déploiement de salles blanches plus performantes, nécessaires à sa montée en gamme pour les marchés du militaire et du spatial.

« La moindre micropoussière peut créer un défaut sur l'image, ce point est crucial pour la performance de nos détecteurs. Nous devons assurer l'excellence pour maintenir la souveraineté industrielle française et européenne tout particulièrement en matière de Défense », justifie David Billon-Lanfrey.

Le nouveau site, qui devrait être pleinement opérationnel au premier trimestre 2025, accueillera 8.200m² de salles blanches connectées entre elles (soit un doublement de la surface actuelle, 3.400m² de laboratoires, 2.300m² de zone logistique et 10.800m² de zone tertiaire et technique. Au total, ce sont plus de 13.000m² qui vont être construits et qui seront accompagnés de la mise en place de 1.800m² de panneaux solaires et de la plantation de 320 arbres.

Retenu dans le cadre du PIIEC

 Le projet porté par Lynred vient d'être validé par la commission européenne dans le cadre du PIIEC (Projet important d'intérêt européen) microélectronique. Les projets de 11 autres acteurs français, - dont un nombre relativement conséquent d'Isérois (Soitec, ST Microelectronics, Aledia, Teledyne E2V Semi conductors)-, ont également été approuvés. Ces entreprises pourront bénéficier d'aides très importantes de l'État pour déployer leurs investissements dans le secteur de l'électronique et des télécoms : 7 milliards d'euros d'investissement sont envisagés, avec la mise en place d'une dizaine de nouvelles usines et la création de plus de 2.500 emplois directs. Au total, les projets de 67 entreprises européennes ont été validé pour porter la souveraineté européenne en matière de microélectronique.

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