Réalité Augmentée : ISKN, la spin-off du CEA Leti n’a pas dit son dernier mot

Discrète au cours des derniers mois, ISKN a cependant toujours du pain sur la planche. Alors qu’elle vient de remporter un trophée Inosport pour l’adaptation de sa tablette graphique et son application au marché des éducateurs sportifs, la jeune pousse spécialiste de la numérisation de traces écrites pour le marché créatif envisage d’ores et déjà d’autres débouchés dans le domaine de la réalité augmentée, boostés en partie par le Covid-19.
La tablette de numérisation graphique développée par ISKN s'appuie sur une technologie issue du CEA Leti, à la croisée entre l'électronique, l'informatique et le magnétisme.
La tablette de numérisation graphique développée par ISKN s'appuie sur une technologie issue du CEA Leti, à la croisée entre l'électronique, l'informatique et le magnétisme. (Crédits : DR)

Elle s'était faite connaître en 2013, grâce à sa campagne de crowdfunding sur la plateforme Kickstarter. La spin-off du CEA-Leti, ISKN, avait à l'époque reçu un financement record de 350 000 dollars pour produire sa Slate, une tablette équipée de capteurs et intégrée au sein d'une couverture pour iPad.

Sa promesse ? Numériser des notes, croquis et dessins, à l'aide d'un stylo muni d'une bague aimantée, relié à une application mobile, Imagink. Le tout en s'appuyant sur des algorithmes permettant de localiser un objet physique en trois dimensions, grâce à une technologie protégée par 22 brevets, à la croisée entre l'électronique, l'informatique et le magnétisme.

"Notre idée globale est désormais de proposer de nouveaux modes d'interaction avec le monde numérique", mentionne l'un des trois co-fondateurs, Jean-Luc Vallejo. Ou, en d'autres mots, "comment rendre n'importe quelle surface ou presque intelligente ?"

Car après avoir commercialisé près de 150 000 exemplaires de sa première tablette graphique (Slate), ISKN part à la conquête de nouveaux marchés, avec un nouveau produit (Repaper), sorti à l'automne dernier, en partenariat avec le fabricant allemand de porte-mines Faber Castell. Au menu ? L'ajout d'une fonction permettant de retranscrire la pression exercée par le crayon à l'écran, ainsi qu'un élargissement de son univers applicatif, pour un prix public conseillé passant de 179 à 249 euros l'unité.

Un outil qui est appelé à servir de support aux prochaines incursions d'ISKN dans le domaine de la réalité augmentée : avec, tout d'abord, le domaine du coaching sportif, où la start-up vient de recevoir un trophée Inosport pour l'adaptation de sa technologie au monde du sport.

Destinée aux éducateurs sportifs, sa nouvelle application mobile Yukti propose en effet aux entraîneurs de créer et numériser, grâce à la tablette Repaper, leurs propres feuilles d'entraînement.

"Etant moi-même un passionné de football, j'ai été contacté par un ami qui avait passé ses diplômes d'entraîneur et qui voyait bien ce que notre produit pouvait apporter au monde de l'entraînement sportif", rapporte Jean-Luc Vallejo.

Gratuite, l'application Yukti couplée à la tablette d'ISKN cible pour l'instant les entraîneurs sportifs eux-mêmes, même si la jeune pousse n'exclut pas de frapper un jour à la porte des clubs sportifs pour en équiper directement les licenciés.

A la conquête de la continuité pédagogique

Reste que depuis l'an dernier, ISKN s'intéresse à une autre question : celle de la continuité pédagogique, en particulier chez les enfants allant de 5 à 11 ans. Elle a notamment lancé une expérimentation avec le lyonnais Bandai Namco Entertainment, en vue de développer un produit basé sur la même technologie que Repaper, couplé à un nouvel environnement applicatif.

Avec son nom de code, Edutango, ce nouvel outil qui prône l'apprentissage en s'amusant, souhaite couvrir tous les domaines de l'apprentissage en proposant des exercices et contenus au sein de différentes matières (anglais, français, mathématiques, logique, etc).

ISKN imagine même que l'application puisse servir de professeur virtuel aux enfants, ouvrant la voie à un mélange d'interaction augmentée avec l'intelligence artificielle, susceptible de compléter des cours en présentiel.

"On pourrait ainsi démocratiser l'accès aux cours particuliers au plus grand nombre, tout en permettant aux professeurs de se focaliser sur les moments où ils ont le plus de valeur ajoutée, à savoir la gestion de la pédagogie et des apprentissages", croît Jean-Luc Vallejo.

Ce dernier y voit là de nouveaux bénéfices, à commencer par le fait "de permettre aux enfants de continuer d'utiliser pour leurs exercices leurs crayons du quotidien, avec des gestes qui demeurent simples". Avec la possibilité de créer également des jeux éducatifs en 3D, manipulables et détectables par la tablette grâce à un aimant embarqué.

Le Covid-19 comme accélérateur de marché

Un marché des contenus pédagogiques qui serait même amené à croître, plus vite que prévu, en raison de la crise sanitaire. Et qu'ISKN envisage d'adresser, dès l'année prochaine, en commençant par la Chine et le continent américain.

"Nous savons d'ores et déjà que des pays comme la Chine ou l'Inde ne reprendront pas les cours comme d'habitude à 100% en présentiel en raison du Covid-19. Ce sont aussi des pays qui ont l'habitude de payer pour s'équiper d'outils éducatifs ou de cours à distance, comme les Etats-Unis", rapporte le co-fondateur d'ISKN.

La jeune pousse grenobloise est donc déjà sur les rangs pour proposer, dès la rentrée, une nouvelle version de sa tablette Repaper, adaptée aux besoins des enfants (pour un tarif qui pourrait être entre 79 et 99€ l'unité), en association avec un univers applicatif, proposant un mix d'applications gratuites et payantes.

Avec, comme clientèle cible, les parents d'élèves, mais aussi les écoles qui chercheraient à s'équiper plus largement.

"On sait que certains établissements peuvent inclure ce type d'équipements dans leurs frais annuels, tandis qu'en France, il existe des aides de la part des mairies ou plus largement des collectivités locales à l'achat de certains équipements".

ISKN, qui emploie aujourd'hui 45 salariés, a par ailleurs profité du Covid-19 pour déménager dans de nouveaux locaux de 350 m2 situés à Seyssinet-Pariset. Très discrète sur ses chiffres, aucune information financière n'a filtré depuis ses deux importantes levées de 1,5 millions et de 10,5 millions d'euros, menées en 2014 et 2018, auprès des fonds Partech, CEA Investissement, Kima Ventures, C4 Ventures, CM-CIC Innovation et iXO Private Equity.

Elle s'est déjà fixé un autre objectif d'ici la fin de l'année : relocaliser sa production de tablettes destinées aux marchés européen et nord-américain en Europe.

"La crise du coronavirus nous a fait perdre un peu de temps, mais nous travaillons aujourd'hui avec des fabricants de produits électroniques européens sur l'objectif de pouvoir produire plusieurs centaines de milliers de produits par an", dévoile Jean-Luc Vallejo.

Avec une ambition : reconsidérer le coût global de sa production, en y intégrant le volet social écologique.

"Il s'agit d'un objectif adressable d'ici la fin de l'année", conclut-il.

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