SolarStratos, l'avion solaire qui veut atteindre la stratosphère

Décoller, s'extraire de la gravité pour rejoindre la stratosphère à l'aide d'un avion... solaire. Ce voyage à 25 kilomètres de la terre, dans une couche de l'atmosphère qu'aucun avion électrique n'a encore atteint, le Suisse Raphaël Domjan le prépare activement à travers le programme SolarStratos. Un projet dont la technologie pourrait, à terme, trouver des débouchés industriels.
(Crédits : Solarstratos)

En attendant le top départ de son vol stratosphérique prévu à l'horizon 2020, le pilote Raphaël Domjan et son équipe affinent la mise au point de leur avion depuis l'aérodrome de Payerne (Canton de Vaud, Suisse), où est basée l'équipe. L'Helvète est un éco-explorateur. Un terme qui, à lui seul, résume sa philosophie de vie : défricher de nouvelles voies, vivre de nouvelles expériences - intenses - tout en œuvrant à la préservation de la planète. Car l'avion avec lequel il compte atteindre la stratosphère est porteur d'un message qui va bien au-delà du symbole.

"Les projets scientifiques que je développe avec mes partenaires impliquent des technologies propres déjà disponibles et accessibles au plus grand nombre. Je les sollicite au maximum de leur potentiel. Ma démarche vise à mettre en valeur des solutions abordables qui permettent de changer notre impact sur la planète dès aujourd'hui", résume celui qui bouclait, en 2012 déjà, un tour du monde à bord du bateau solaire Planet Solar.

Verdir l'industrie aéronautique et télécoms

Plus particulièrement, l'un des messages portés par SolarStratos est que les énergies renouvelables sont, dans certains cas, déjà aussi performantes que les énergies fossiles. En démontrant leur compétitivité avec un impact écologique moindre, l'ambition du projet est d'infuser ces solutions dans le monde industriel. Tout en permettant à leurs innovations de trouver, demain, des débouchés économiques potentiels : "A plus long terme, il y a des marchés sur lesquels il serait possible de capitaliser sur l'expérience acquise à travers SolarStratos, via une autre société qui reprendrait le projet pour le développer", explique Roland Loos, CEO de la société anonyme qui chapeaute le programme.

Parmi les secteurs visés : le transport aérien et les télécommunications.

"L'explosion du trafic aérien sous l'impulsion des compagnies low-cost traduit l'attrait de beaucoup de personnes pour des voyages internes aux États-Unis ou en Europe. Dans ce flow de voyageurs, il y a des personnes qui, d'ici quinze à vingt ans, apprécieront l'idée d'un voyage rallongé de 30 minutes mais réalisé à bord d'un appareil hybride. Il y a certainement un marché. Plus près de nous, fournir des services de télécommunication, d'observation, de surveillance à l'aide d'un drone modulable qui volerait entre 20 et 25 km d'altitude, de jour comme de nuit pendant plusieurs mois consécutifs, est intéressant. Le remplacement des antennes GSM par des drones évoluant à haute altitude est l'une des applications possibles du concept. Je ne dis pas que notre avion le fera. En revanche, il permettra d'étudier ces possibilités et de tirer des enseignements sur les technologies à mettre en œuvre pour assurer ces développements futurs", détaille Roland Loos.

Sponsoring et bénévolat

Pour mener à bien ses ambitions, le pilote Domjan - initiateur du projet SolarStratos, pilote, responsable des relations avec les partenaires et de la communication - s'est entouré d'une équipe solide. Autour de lui, une quinzaine de météorologues, mécaniciens, ingénieurs mais aussi l'astronaute américain Michael López-Alegría.

"Notre équipe compte une vingtaine de personnes mais la majorité est entièrement bénévole. Nous reposons à 99% sur le sponsoring ajouté à l'apport de quelques investisseurs privés", détaille M. Loos qui a rejoint l'équipe en tant que CEO après 35 années passés dans les domaines des transmissions géostationnaires et des satellites.

Le budget total de SolarStratos, 10 millions de francs suisses, inclut bien évidemment le vol jusqu'à la stratosphère et certaines étapes comme la construction de l'avion qui vole depuis mai 2017. Pour l'heure, 50 % du budget a été rassemblé selon le CEO de SolarStratos. Ce qui inclut les développements techniques prévus en 2018. Reste à financer d'autres projets intermédiaires, permettant d'affiner le développement de l'avion avant le vol stratosphérique.

L'un d'eux vise notamment à s'approprier le record d'altitude d'un avion électrique (9235 m) actuellement détenu par un autre avion suisse très médiatique, Solar Impulse. M. Domjan devrait d'ailleurs s'attaquer à ce record avec comme co-pilote Bertrand Piccard, cofondateur de Solar Impulse. Ce dernier mène par ailleurs un nouveau projet ambitieux, H55, visant à développer une propulsion électrique viable pour l'aviation de demain.

Lire aussi : COP 23 : Bertrand Piccard "La conscience populaire n'empêchera pas le changement climatique, la loi oui"

Avant cela, Raphael Domjan va devoir s'élancer pour la stratosphère pour un vol aller-retour d'environ six heures à bords de son avion non pressurisé - afin d'en limiter le poids au maximum à 450 kg, l'équivalent d'un ULM. Le pilote sera donc équipé d'un dispositif plus léger, une indispensable combinaison d'astronaute dotée de son propre système de pressurisation. Indispensable car comme le rappelle Raphaël Domjan, "évoluer dans un environnement pressurisé est vital dès 15 000 mètres. Passé 19 000 mètres, à la moindre défaillance, le sang se met à bouillir. La mort est immédiate." Sacrée mission.

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Commentaire 1
à écrit le 16/02/2018 à 14:17
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Sujet passionnant, tandis qu'on nous fait payer nos déchets plus chers nous obligeant à toujours trier nous avons toujours des cargos et des avions, énormes consommateurs de pétrole, qui polluent en masse la planète mais comme appartenant aux actionn...

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