Auvergne : Limagrain dans l'œil de Cash Investigation

Epinglée dans Cash Investigation, diffusé mardi 18 juin sur France 2, la société auvergnate Limagrain a réagi via un communiqué de presse, et dément les dysfonctionnement relevés dans l'émission.

Publié le 19.06.2019 à 16h00, mis à jour avec la réponse de Cash investigation le 20.06.2019 15h25.

L'émission d'investigation journalistique de France 2, dont la tête d'affiche est la journaliste Elise Lucet, met en cause dans son dernier numéro Limagrain sur quatre aspects : le travail des enfants en Inde, le paiement des salariés en Inde, la standardisation de ses produits, la vente de semences non inscrites au catalogue à ses agriculteurs-coopérateurs.

Basé dans le Puy-de-Dôme, le quatrième semencier mondial a choisi de répondre à ces accusations par un communiqué défendant ses intérêts. Dès 20h10, les publications sur le compte Twitter de l'entreprise se sont multipliées pour répondre aux points soulevés par cette enquête.

 "Tolérance zéro sur le travail des enfants"

Limagrain reproche à l'émission d'avoir coupé certaines scènes au montage, et de ne pas avoir pris en compte des documents que l'entreprise avait fournis.

"Les chiffres montrés dans le reportage de cash investigation sont émis par l'ONG ICN et concernent la situation générale en Inde. Concernant Limagrain, en 2018, cette même ONG a produit un rapport qui indique que pour les sous-traitants ayant travaillé pour Limagrain, seuls deux enfants ont été identifiés sur 700 fermes contrôlées (soit moins de 1%). Ces situations ont été immédiatement traitées par nos Responsables des Programmes Sociaux. Tant qu'il subsistera un enfant au travail, ce ne sera pas satisfaisant et nous ne baissons pas la garde" avance l'entreprise.

Limagrain déclare avoir pris des engagements et un plan d'actions sur la question, reposant sur une clause contractuelle interdisant le recours au travail des enfants, des actions de sensibilisation et audits, des sanctions.

"Toutes les personnes que nous salarions en Inde reçoivent une rémunération égale ou supérieure aux minima légaux partout où nous sommes implantés [...]. Nous rémunérons les agriculteurs producteurs de semences et les sociétés spécialisées avec lesquelles nous travaillons à un niveau leur permettant de rémunérer leurs propres salariés conformément à ce qu'exige la réglementation. Toutefois, aujourd'hui, nous ne sommes pas encore en mesure de contrôler que l'intégralité des sous-traitants versent effectivement ces niveaux de rémunération à leurs salariés [...]. Nous avons engagé un plan d'actions avec l'ONG ICN et d'autres acteurs du secteur ainsi que les pouvoirs publics" poursuit le communiqué.

"Les techniques de culture influencent les qualités nutritionnelles"

Commercialisant 759 variétés de tomates dans le monde, 4711 variétés de légumes et 300 nouvelles variétés chaque année, la coopérative auvergnate se défend d'imposer des semences standardisées à faible qualité nutritionnelle.

"Sur le goût, les exemples de tomates montré par Cash Investigation ne sont pas représentatifs. Le gène de 'longue conservation' (gène LSL, Long Shelf Life) est présent dans moins de 20% de nos 759 variétés de tomates. Ces variétés correspondent à la demande de zones du monde notamment tropicales pour leurs consommations domestiques où la conservation est un problème majeur. Rappelons, que les techniques de culture (plein champ, sous abris, etc.) ainsi que le niveau de maturité au moment de la récolte influencent notablement les qualités gustatives et nutritionnelles".

Pour finir l'entreprise tacle Cash Investigation, lui reprochant de "méconnaître le fonctionnement d'une coopérative".

"Comme la loi nous y autorise, Limagrain met à disposition de ses agriculteurs-coopérateurs des semences qui leur permettent de produire du blé répondant à des cahiers des charges spécifiques dans le cadre interne et exclusif de la filière blé tracée Limagrain. Au moment de la récolte, la coopérative collecte et rémunère la totalité de la production de ces blés spécifiques".

"Un investissement dans l'innovation"

Issue d'un actionnariat constitué de 2000 agriculteurs auvergnats, la coopérative affirme investir 15% de son chiffre d'affaires dans la recherche et l'innovation pour créer des semences.

"Nous ne développons aucune activité d'agrochimie. Nous ne produisons pas de produits phytosanitaires."

Sur Twitter, le sujet n'a pas manqué de faire réagir les internautes. Et ce jeudi 20 juin, Cash Investigation a répondu à ce démenti par de nouveaux éléments, publiés sur ses réseaux sociaux, qui permettent aux équipes de l'émission de réaffirmer leur position.

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