Liaison ferroviaire Lyon-Turin : « Les Italiens sont effarés de la lenteur de l'Etat français » (Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest)

Le maire LR de Saint-Priest (Rhône), Gilles Gascon, a porté ce mardi 16 janvier un message au maire de Turin et au président de la région du Piémont : réaffirmer le soutien d'une quarantaine de maires de la métropole de Lyon à la ligne ferroviaire Lyon-Turin, à quelques jours de l'échéance du dépôt de demande de subvention européenne du dossier français, pas encore ficelé. L'élu d'opposition l'affirme : « les Italiens sont très dubitatifs » sur le cas français. D'autant plus sans ministre des transports, depuis l'annonce du remaniement.
Une délégation française, menée par le maire LR de Saint-Priest (Rhône), Gilles Gascon, mais aussi des représentants de la CCI italienne de Lyon, était aujourd'hui en déplacement à Turin pour transmettre plusieurs messages vers l'Italie, mais aussi l'Etat et la Métropole de Lyon sur la lenteur du gouvernement français sur le Lyon-Turin et l'interruption de la ligne LGV Paris-Milan.
Une délégation française, menée par le maire LR de Saint-Priest (Rhône), Gilles Gascon, mais aussi des représentants de la CCI italienne de Lyon, était aujourd'hui en déplacement à Turin pour transmettre plusieurs messages vers l'Italie, mais aussi l'Etat et la Métropole de Lyon sur la "lenteur" du gouvernement français sur le Lyon-Turin et l'interruption de la ligne LGV Paris-Milan. (Crédits : DR)

Le mois de janvier 2024 marque une nouvelle étape décisive dans le projet de voies d'accès ferroviaires françaises de la future ligne entre Lyon et Turin : non seulement, les négociations autour du financement des quatre années d'études nécessaires à la conception des voies ne trouvent pas encore d'issue - à quelques jours d'une échéance européenne, le 30 janvier. Mais en plus, le remaniement ministériel, sans nomination pour l'instant du prochain délégataire du portefeuille alloué aux transports, « n'augure rien de bon » selon plusieurs partisans du dossier.

« Nous n'avons pas la portée de ce qui est en train de se passer », s'agace ainsi Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest (Rhône), en déplacement ce mardi 16 janvier à Turin (Italie) afin de rencontrer son homologue, Stefano Lo Russo (Partito democratico), ainsi que le président de la région du Piémont, Alberto Cirio (Forza Italia).

« Du côté de la mairie de Turin, ils sont effarés de la lenteur de l'Etat français. Le président de la région, lui, est encore plus contrarié. Ils sont tous deux très dubitatifs, car la question des accès français n'est pas encore réglée, à quelques jours d'une catastrophe si la France rate le train des subventions ».

Le Maire de Turin indique en effet, par voie de communiqué, « regretter que ce grand projet européen se heurte à des positions idéologiques, alors même qu'il n'y a rien de plus écologique que le fret ferroviaire ». Tandis qu'Alberto Cirio, président de la région frontalière, se serait dit quant à lui « prêt à se déplacer en France dans les jours à venir », selon le maire de Saint-Priest.

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Une lettre au Premier ministre, Gabriel Attal

Gilles Gascon, qui se veut le chef de file d'une quarantaine de maires de la métropole de Lyon, favorables au projet de LGV (42 officiellement, mais aussi d'autres officieusement - membres du PS et du PC - car élus de la majorité métropolitaine), est venu adresser plusieurs messages : non seulement réaffirmer le « soutien des élus français et lyonnais » aux italiens. Mais aussi interpeller l'Etat, en écrivant dès ce soir au nouveau Premier ministre, Gabriel Attal.

« Je vais retourner la position italienne à la Préfecture, aux élus, à la Région, mais aussi écrire au Premier ministre. Nous serons aussi attentifs, dès ce soir, à la conférence de presse du Président de la République Emmanuel Macron. Nous n'avons pas la portée de ce qu'il est en train de se passer. Les incidences économiques et environnementales seraient énormes », remarque l'édile.

Cet élu d'opposition avait déjà médiatisé son action en juin dernier en réalisant un sondage (dirigé par l'IFOP), dont les résultats affirment que 80 % des habitants de la métropole de Lyon sont favorables au projet ferroviaire. Il attaque ainsi « la fuite » du président de la métropole, Bruno Bernard (EELV), sur ce sujet.

Celui-ci a expliqué en juin dernier, lors du conseil communautaire, investir pour le contournement ferroviaire de Lyon (CFAL Nord et CFAL Sud), mais pas pour les voies d'accès entre Lyon et le tunnel transfrontalier en cours de construction, « dont il n'y a accessoirement pas un kilomètre sur la métropole de Lyon ».

Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la métropole délégué aux intermodalités, aux gares et aux grandes infrastructures, indiquait fin décembre « défendre la position du Comité d'orientation des infrastructures », préconisant de repousser au mandat 2028-2032 les études sur les accès, pour des travaux lancés à partir de 2038 en vue d'une inauguration en 2043. Soit onze années après l'ouverture annoncée du tunnel transfrontalier, en 2032.

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40 millions d'euros manquants

La question, désormais, concerne plutôt les positions de l'Etat et de la Région, alors même que les négociations sont tout aussi difficiles entre eux autour du Contrat plan Etat Région Mobilités (pour le financement notamment des RER Métropolitains), qui doit courir jusqu'en 2027.

Le gouvernement proposait, en décembre, de contribuer à hauteur d'environ 65 millions d'euros aux 220 millions d'euros estimés pour les études sur les accès et le contournement de Lyon. La Région positionnait environ 13 millions d'euros, en plus des contributions des départements du Rhône, de la Savoie, mais aussi de la métropole de Lyon pour le projet CFAL uniquement. Et ce, en comptant toujours sur cette fameuse subvention européenne, représentant la moitié du budget total, qui doit être demandée avant le 30 janvier 2024. Le prochain wagon similaire repassant en 2028.

Maintenant, l'enjeu des partisans au projet est de trouver le reste à charge, estimé aujourd'hui à 40 millions d'euros. Pourrait-il par exemple venir des bénéfices du tunnel du Mont-Blanc (ATMB), originellement fléchés vers le ferroviaire à travers le Fonds pour le développement d'une politique intermodale des transports dans le massif alpin (FDPITMA), mais dans l'usage tournés vers le renflouement des caisses de son voisin, le tunnel du Fréjus (SFTRF) ? L'idée a été soufflée début décembre au ministre délégué aux transports, Clément Beaune. Mais son départ du gouvernement, sans remplaçant (le portefeuille est confié au ministère de la Transition écologique), pourrait-il compliquer les échanges ? Une nouvelle réunion sera en tout cas organisée dans quelques jours avec l'ensemble des partenaires financiers et les collectivités associées.

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