Pourquoi le PIPA continue de séduire les industriels

Alors que la France souffre d'un déficit d'attractivité pour attirer les entreprises internationales, notamment dans le secteur de l'industrie, le Parc industriel de la plaine de l'Ain (Pipa) s'apprête à enregistrer une année record en termes d'implantations d'entreprises. Un phénomène qui s'explique par la proximité de l'enceinte avec la métropole lyonnaise, ou encore son foncier disponible.
Le PIPA accueille 150 entreprises, dont 30 à capitaux étrangers.

"Si les dossiers dans les tuyaux se réalisent, l'année 2016 sera celle où le Parc industriel de la plaine de l'Ain (Pipa) connaîtra le plus grand nombre d'implantations", s'enthousiasme Hugues de Beaupuy, directeur général du Pipa. Une année record en termes de vente de terrain, équivalente au double d'une année moyenne. De là à dire que l'industrie en France se porte bien, il n'y a qu'un pas. Qu'il serait cependant difficile de franchir.

Lors des 40 ans du parc industriel qui se sont tenus mardi 5 juillet à Saint-Vulbas (Ain), Marc Lhermitte, associé chez EY (ex Ernst & Young), a détaillé les dernières conclusions du baromètre de l'attractivité française réalisé par le cabinet d'avocats.

Avec 598 implantations en 2015, la France se trouve en retard par rapport à l'Allemagne ou au Royaume-Uni. Alors que dans ce pays, le nombre de projets d'implantations internationales a augmenté de 20 %, il a diminué de 2 % en France.

Proximité avec la clientèle

Côté industrie, la situation semble a priori meilleure, puisqu'avec 212 projets d'implantations en 2015, la France accueille 40 % de projets industriels de plus que l'Allemagne, et devance le Royaume-Uni. Cependant, ce chiffre reste inférieur à l'année passée - avec 231 projets - et ce sont à 80 % des extensions de sites déjà existants. "Au sein de PIPA, nous connaissons un phénomène inverse", confirme Hugues de Beaupuy.

Alors, comment expliquer cet intérêt pour PIPA ? Bruno Léger, directeur général du groupe Liébot, évoque une raison géographique, propre à son activité de fabriquant de fenêtres : "Pour livrer en temps et en heure, il est plus facile pour nous d'être proches de nos clients." Girgio Squinzini, PDG de l'entreprise italienne Mapei confirme :

"Nous avons investi en France car nos produits ont besoin d'être fabriqués sur place, sinon le coût de transports serait trop important."

Réserve foncière

Libéot avance également sa volonté de continuer à fabriquer ses produits en France. Aussi, le groupe vendéen a investi 62 millions d'euros à Saint-Vulbas. Sur un premier terrain de 13,5 hectares une usine est en cours de construction. Son ouverture est prévue fin 2017, ou début 2018. "Nous allons embaucher 100 personnes, puis 300 personnes d'ici 2020."

Par ailleurs, le groupe a fait l'acquisition d'une seconde parcelle de 14 hectares, sur laquelle sera construite une seconde usine. Mais pour l'heure "le projet est toujours dans les cartons", indique le directeur général.

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Autre élément déterminant pour l'attractivité du lieu, le foncier disponible. "Nous avons une réserve de 300 hectares", précise Hugues de Beaupuy. Le site est également proche de la métropole lyonnaise. Or, selon le baromètre EY, les investisseurs étrangers des métropoles françaises voient Lyon comme la première métropole à pouvoir challenger Paris.

Perte de compétitivité

Malgré tout, le schéma n'est pas si florissant. Les industriels installés sur la plaine de l'Ain évoquent une complexité et une évolution constante du droit du travail. Mais aussi un coût du travail élevé.

Le groupe de Bruno Léger dispose d'une usine en Pologne. Quand on demande au chef d'entreprise s'il constate un problème de compétitivité en France, sa réponse est sans nuance : "Les salaires sont du même montant en France et en Pologne. Sauf que dans un cas nous raisonnons en zloty, dans l'autre cas en euro."

En d'autres termes, le salaire de l'employé français est quatre fois plus élevé que celui polonais. Alors, pour continuer à produire en France "nous compensons par de l'automatisation".

Les industriels venus s'installer en France peuvent aussi faire face à un souci de rentabilité.

"Dans l'agroalimentaire, nous devons faire face à une guerre des prix, explique Miloud Benaouda, DG France de Barilla. Or, cela pourrait remettre en cause certains investissements de Barilla, et ce même si la France est un pays de croissance pour nous. Comme je travaille dans un grand groupe, je suis en compétition avec mes collègues. Or, celui qui couple croissance et finance saine sera celui sélectionné pour les prochains investissements."

Un paradoxe que résume Benoit Hamon, en déplacement dans l'Ain pour les 40 ans du parc :

"Les industries françaises ont encore une capacité d'accélération. Mais il faut leur redonner de la compétitivité. Nous sommes au bout de l'histoire : soit on redevient compétitif, soit nous n'aurons même plus une densité industrielle assez forte pour former et avoir un potentiel industriel fort."

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