Le fleuron du ski Rossignol redimensionne ses activités en Auvergne Rhône-Alpes

Confronté à une "évolution profonde" de son marché des sports d’hiver ainsi qu'à une baisse des volumes suite au Covid-19, le groupe isérois Rossignol (Dynastar, Lange, Look, Risport, Dale of Norway, etc) annonce un plan de redimensionnement de ses activités. Celui-ci devrait se traduire par la suppression de 92 postes sur 1.310, ainsi que le transfert de certaines des activités vers son site, basé en Espagne. Une annonce qui intervient alors que le groupe a déjà annoncé, cet été, la cession des marques Time et Raidlight Vertical.
(Crédits : Emmanuel Foudrot/ADE)

C'est au tour du fleuron isérois des sports d'hiver, Rossignol, de se trouver en mauvaise passe. Le groupe, majoritairement détenu par le fonds d'investissement scandinave Altor depuis 2013, vient d'annoncer à ses représentants du personnel un "projet de redimensionnement de son organisation industrielle", concernant son activité sports d'hiver.

Après s'être séparé, juste avant l'été, de la marque de pédales et de vélos haut de gamme Time -cédée à la jeune pousse WhaTTfornow-, puis des activités de Raidlight Vertical -reprises par l'ex-fondateur de Raidlight, Benoit Laval-, le leader mondial des sports d'hiver envisage désormais de se séparer de 92 de ses 1.310 collaborateurs. Ces suppressions concerneraient en premier lieu son usine de de Sallanches (Haute-Savoie), où 61 postes seraient ainsi supprimés, ainsi que 24 postes sur son siège de Saint-Jean-de-Moirans (Isère) et 7 sur son site de Saint Etienne de Saint Geoirs (Isère).

Ce plan prévoit notamment "le maintien d'une activité industrielle redimensionnée" sur son site de fabrication de skis de Sallanches ainsi qu'une "optimisation de ses coûts de fonctionnement centraux". Le groupe confirme qu'un plan de réduction des dépenses et de frais fixes a été engagé à hauteur de 10 à 15 millions d'euros par année. Et comprendra notamment une réduction des dépenses liées aux voyages et déplacements, échantillons, salons, etc.

Rossignol, qui possède actuellement cinq sites industriels dont trois en France (Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, Sallanches, Nevers), un en Espagne, un en Italie ainsi qu'un siège américain basé à Park City (Utah), devrait également en profiter pour regrouper certaines productions de skis à fort volume, pour ses marques Rossignol et Dynastar.

Jusqu'ici réalisées en Haute-Savoie, celles-ci devraient être transférées sur son site d'Artés (Espagne) où 240 salariés sont employés, avec l'objectif de "gagner en productivité et d'optimiser ses coûts de production".

Un plan jugé comme "indispensable" par la direction de Rossignol afin de lui permettre de passer le cap, et "d'assurer une croissance rentable tout en pérennisant son cœur d'activité liée aux sports d'hiver". La création de 15 nouveaux postes à l'échelle du groupe est en parallèle annoncée en France.

Des facteurs structurels du marché et l'arrivée du Covid-19

"Rossignol doit continuer à adapter son organisation aux besoins et à la taille du marché pour pérenniser son coeur d'activité. Ce projet s'inscrit dans la poursuite de la transformation du groupe, dont l'ambition est d'être l'acteur de référence de la montagne, en consolidant sa position d'acteur mondial majeur du ski et des sports d'hiver et en maintenant ses sites industriels en France", affirme le groupe, par voie de communiqué.

Le leader français du matériel de sports d'hiver justifie ainsi ce projet par "une évolution profonde du marché du ski", sur lequel les équipementiers comme lui feraient face à plusieurs facteurs.

Contacté, Jean-Laurent Nectoux, vice-président des opérations du groupe, et président de la société Dynastar, rappelle que "le marché mondial du ski a été divisé par deux en l'espace de 20 ans, en premier lieu en raison de l'augmentation de la location qui représente aujourd'hui 70 % du marché français ou autrichien".

La crise sanitaire mondiale n'aurait, selon lui, pas amélioré la donne, puisqu'elle aurait elle aussi conduit à un repli des volumes de près de -25% en 2020. Avec encore beaucoup d'incertitudes sur le bon déroulement de la prochaine saison d'hiver : "On ressent un léger frémissement en ce qui concerne les réassorts à la mi-septembre, mais il est encore trop tôt pour se prononcer", admet Jean-Laurent Nectoux.

Le choix de produire en France et Europe

Le groupe, qui a enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires de 370 millions d'euros (contre 260 millions trois ans auparavant), reste fortement dépendant du marché des sports d'hiver, dont provient encore 70% de son chiffre d'affaires (contre 20% pour le textile et 10% pour le vélo).

Malgré l'annonce de ce plan, il rappelle qu'il demeure toutefois attaché à sa production en France, son marché historique. "Nous avons investi près de 5 millions d'euros par an au cours des cinq dernières années, en particulier au sein de notre usine de fabrication pour les marques Rossignol et Dynastar à Sallanches", rappelle Jean-Laurent Nectoux.

Car si une grande partie de ses concurrents ont choisi de produire ces équipements "dans des pays à plus bas coûts pour rester compétitifs", ce dernier ajoute que Rossignol a fait le choix de continuer à produire à 99% dans ses usines en France et dans l'Ouest de l'Europe (Espagne, Italie) depuis 2009".

Cependant, le poids des frais fixes ainsi que la baisse des volumes rencontrés aurait conduit la groupe à revoir son organisation, sans pour autant, insiste-t-il, se départir de son usine de Sallanches. Bien que ce plan ne vise à transférer une partie des activités réalisées jusqu'ici en Haute-Savoie vers l'Espagne, Rossignol annonce en même temps sa volonté de "conserver une activité industrielle redimensionnée" sur son site historique haut-savoyard.

Avec l'ambition d'y maintenir certaines étapes-clés de production, dont la confection des skis Junior fabriqués au moyen de sa technologie injectée. Le groupe prévoit même d'y relocaliser la production de skis de petite série notamment, ainsi que d'y renforcer ses équipes commerciales. Au total, l'usine haut-savoyarde devrait passer d'un volume de 200.000 à 250.000 paires produites chaque année à 160.000 environ.

"Ce projet permet de clarifier le rôle des deux sites, d'assurer la complémentarité de notre dispositif industriel et de donner une vocation claire au site de Sallanches. Il réaffirme également la volonté du groupe de rester un acteur industriel en France et en Europe de l'Ouest", estime pour sa part son président, Bruno Cercley, par voie de communiqué.

Alors que les négociations démarrent tout juste avec les représentants des salariés, les premiers départs pourraient avoir lieu, selon le calendrier légal, entre la fin d'année et début 2021.

(texte publié le 22.09.2020 à 11h30, réactualisé à 16h25)

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Commentaires 3
à écrit le 26/09/2020 à 18:19
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Avant.... il y avait de la neige. Avant...il était possible à une famille de classe moyenne d'aller skier régulièrement. Avant...les communes s'impliquaient pour favoriser l'apprentissage du ski aux plus jeunes de toutes les catégories sociales. Mai...

à écrit le 24/09/2020 à 9:25
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"un plan de redimensionnement de ses activités" Il ne faut donc vraiment pas dire "plan de licenciement", nous ne l'entendons ni lisons nulle part tandis qu'ils se planifient par milliers à cause de la politique sanitaire il ne faut donc jamais d...

à écrit le 24/09/2020 à 4:44
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Rossignol devrait se recycler dans les skates board. Il n'y aura bientot plus de neige dans les stations francaises.

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