Climat : Alternatiba, l'engouement citoyen face à la timidité diplomatique

Du 9 au 11 octobre à Lyon, le collectif Alternatiba proposera des initiatives pour sensibiliser les citoyens face au changement climatique et leur permettre d'agir, alors que se profile la COP21 dont le dernier texte de négociations publié le 6 octobre n'est pas à la hauteur des enjeux, selon plusieurs experts.
Le village Alternatiba Lyon-Sud avait fédéré plus de 2 000 personnes. 20 000 sont espérées ce week-end dans le centre de Lyon.

Alors que les négociations en amont de la COP21 suscitent des inquiétudes, la société civile continue de s'activer pour lutter contre le réchauffement climatique. A Lyon, le collectif Alternatiba Rhône organise du 9 au 11 octobre un village des initiatives au changement climatique, où plus de 20 000 personnes sont espérées dans le quartier de La Guillotière et des Berges du Rhône. Au programme : conférences, projections, ateliers, concerts.

Le but ? Faire le lien entre les acteurs de la transition et les citoyens. "Lorsque nous sommes sur le terrain, nous sentons qu'il y a un besoin, qu'il y a une volonté de la part des gens de s'investir et de participer à la transition", souligne Sylvine Bouffaron, bénévole en charge de la communication. En amont de l'événement, le collectif a travaillé sur le territoire depuis plusieurs semaines.

Un mouvement lancé en 2013

Alternatiba a été lancé en octobre 2013, au lendemain de la publication du très alarmant 5ème rapport du Giec, les experts du climat. A Bayonne, 12 000 personnes se réunissent alors autour du premier village des alternatives au changement climatique. Le mouvement a fait tache d'huile, à l'appel de Christiane Hessel, la femme du célèbre résistant décédé en 2013. "Une telle affluence a démontré qu'il est possible de toucher de nombreux citoyens et pas seulement des militants convaincus", analyse Sylvine Bouffaron.

Le mouvement arrive dans le Rhône en septembre 2014. Un premier village est organisé à Givors avec plus de 2 000 personnes présentes. Avec une même logique, qui explique l'engouement pour le mouvement : impliquer, responsabiliser et émanciper les citoyens dans une dynamique collective. Et selon la vision du collectif qui regroupe aujourd'hui dans le Rhône 70 associations, cela ne peut se réaliser que par le "faire".

Faire comprendre les enjeux par l'action

"Les gens n'écoutent plus les grands discours, et n'acceptent plus qu'on pense pour eux. Nous estimons que c'est l'action et le terrain qui permet de forger la conscience , et ainsi de comprendre davantage les enjeux du changement climatique", détaille Guillaume Durin, bénévole et responsable des partenariat de la structure.

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Et pour que chacun s'approprie à son échelle des solutions au défi climatique, plus de 200 porteurs de projets présenteront leurs initiatives concrètes et accessibles pour agir, dimanche 11 octobre : atelier de réparation de vélo, discussion et action autour de la finance responsable, économie locale, etc.

Pessimisme face à l'action diplomatique

Mais ces initiatives ont-elles un poids suffisant face à l'urgence de la situation ? "Nos initiatives enclenchent une dynamique, mais les effets restent limités. Les puissants leviers d'actions sont politiques, et à ce niveau-là, les signaux sont négatifs", estime Guillaume Durin, chercheur au Centre de documentation et de recherche en alternatives sociales.

Et parmi ces signaux faibles, la publication le 5 octobre, par les deux coprésidents des négociations climat de l'Onu, d'un texte qui servira de base à la dernière réunion préparatoire avant la conférence mondiale sur le climat à Paris, est une source d'inquiétude.

Le cœur du problème de ce document-cadre est qu'il n'impose pas les objectifs de réduction d'émission des pays comme une obligation juridique. Il laisse donc, pour le moment, à chaque pays d'appliquer ou pas leurs promesses de contribution dévoilées sen amont de la COP21

Faire société

Des promesses qui sont, en outre, pour le moment insuffisantes pour espérer remplir l'objectif de cette conférence mondiale, où 195 pays sont attendus : maintenir le réchauffement climatique en dessous des 2 degrés.

Par ailleurs, la question du financement -le fameux "fonds vert pour le Climat" qui doit aider les pays du Sud a assurer leur adaptabilité et l'atténuation au changement -, est loin d'être réglée, malgré certaines avancées cette année. Il doit atteindre 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, alors qu'en 2014, il s'élevait à 61,8 milliards de dollars, selon l'OCDE (+10 milliards par rapport à 2013).

"Les coûts d'adaptation et d'atténuation au changement climatique sont aujourd'hui très en dessous des besoins. Et dans plusieurs années, les financements nécessaires pour faire face à la catastrophe seront bien plus élevés que ceux nécessaires actuellement pour l'anticiper au mieux", analyse Guillaume Durin.

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Et face à ce pessimisme diplomatique, les actions locales permettent de garder espoir et confiance. Pour cela, les bénévoles et citoyens pourront compter sur de nombreux moments festifs lors de ce week-end, à travers plus d'une vingtaine de concerts, dont la disco soupe. Après tout, l'urgence de la situation est aussi une occasion de "faire société".

Les évènements sont libres d'accès et gratuits : Retrouvez le programme complet

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