Salomon relocalise en s'appuyant sur un partenariat avec Chamatex

La marque d’articles de sports participe à l’implantation d’une usine robotisée 4.0 de fabrication de chaussures à Ardoix (Ardèche), dans le cadre d’une stratégie globale de relocalisation. Avec, comme signe distinctif de ce projet, un partenariat "gagnant-gagnant" avec plusieurs autres fabricants (Chamatex, Babolat et Millet).
L'usine de Chamatex est implantée à une heure et demie de trajet du siège social de Salomon à Annecy.
L'usine de Chamatex est implantée à une heure et demie de trajet du siège social de Salomon à Annecy. (Crédits : DR)

Le thème de la relocalisation est arrivé sur le devant de la scène politique et médiatique depuis l'arrivée de la pandémie. Mais la construction de l'usine ASF 4.0 de Chamatex à Ardoix (Ardèche), qui vise à produire 500.000 chaussures annuellement d'ici 2025, ne date pas de cette année.

"L'accord avec Chamatex a été conclu fin 2018", explique Véronique Rémy, la directrice marketing de Salomon. L'entreprise a noué ce partenariat avec le fabricant textile Chamatex (120 salariés ; 30 millions d'euros de chiffre d'affaires) au même titre que les marques de sport Babolat et Millet, qui produiront également sur le même site.

Salomon apportera pour sa part du savoir-faire et du financement ; en échange, Chamatex s'engagera à dédier 50% de sa production aux produits Salomon, dans l'usine qui entrera en service au deuxième semestre 2021. Le fabricant textile a levé dix millions d'euros de financement pour édifier cette usine robotisée, dont 300.000 euros d'aides provenant de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Produire au plus près du marché

L'implantation d'une usine de fabrication de chaussures en sol français était devenue peu courante, compte-tenu du mouvement de délocalisation manufacturière depuis trente ans. Pour l'usine ASF 4.0 de Chamatex, la robotisation aura été un pilier du projet, en maîtrisant les coûts de production qui, sinon, auraient été difficilement concurrentiels. Les 50 emplois créés sur le site concerneront des postes d'opérateurs qualifiés, d'ingénieurs et de programmeurs.

La stratégie de Salomon se veut plus globale qu'une relocalisation dans une seule usine.

"Nous voulons produire au plus près de nos consommateurs européens, explique Véronique Rémy. Cela vise à nous permettre de mieux comprendre leurs besoins, et d'être capables de réagir plus rapidement".

L'ambition de la marque d'articles de sport est de raccourcir le cycle de développement de ses produits. Au moment de la conception d'un nouveau produit, les designers pourront se déplacer facilement depuis le siège de Salomon à Annecy, à 1h30 d'Ardoix, pour venir voir de près et toucher les matières et les prototypes, illustre-t-elle.

Réduction de l'empreinte carbone

L'objectif de Salomon est aussi de réduire son empreinte carbone, comme elle s'y est engagée dans son initiative Play Minded Program, visant à diminuer cette empreinte de 30% d'ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Si, à elle seule, l'usine de Chamatex ne changera pas radicalement la donne, elle représente une petite brique dans cet engagement environnemental, précise Mme Rémy.

Cette avancée sera concomitante au lancement en 2021 de la chaussure de course Index01, entièrement recyclable, que le consommateur pourra retourner à Salomon. La marque réutilisera la matière de la chaussure pour en faire une chaussure de ski.

La production locale apportera un argument de vente supplémentaire, en associant la production locale à l'image de la marque.

"Le but n'est pas d'en faire un coup marketing, mais c'est un message positif qui nous permet de communiquer sur note engagement", précise Véronique Rémy.

La Covid-19 comme révélateur

La survenue de la pandémie avec ses impacts industriels et logistiques n'ont fait que confirmer la pertinence de la stratégie de l'entreprise. "Les problèmes de production, l'allongement des délais de livraison et l'envol des coûts aériens en mai et juin, n'ont fait que conforter le fait que la dépendance envers l'Asie est dangereuse", relève Mme Rémy.

Plus qu'un phénomène ponctuel, la crise logistique due au coronavirus est un révélateur. "La plupart des entreprises avaient déjà la relocalisation en tête, mais en réalité la tendance était plutôt de à tourner vers les pays à bas coûts comme le Vietnam, explique la directrice marketing de Salomon. À présent, on sait qu'il suffit d'un problème pour que les coûts de production soient multipliés par deux ou par trois, et que le modèle s'effondre".

L'usine d'Ardoix doit aussi permettre d'affronter des situations comme celles rencontrées cette année, en raison de la pandémie, quand les délais de production et de livraison se sont allongés en provenance d'Asie... mais aussi quand la reprise rapide a posé des problèmes de stocks.

"Il est beaucoup plus difficile de réagir quand il faut rapatrier de grands volumes, plutôt qu'en produisant en local", souligne Mme Rémy.

Pour toutes ces raisons qui motivent sa stratégie, "à terme, nous avons pour objectif de pouvoir rapatrier en Europe la fabrication de nos produits les plus vendus", souligne Mme Rémy.

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