Ecopla : le lobbying politique va-t-il payer ?

Les anciens salariés d'Ecopla passent devant le tribunal de commerce de Grenoble ce mercredi. Ils font appel de la décision du tribunal qui avait attribué la reprise de leur activité à l'italien Cuki. Pour faire connaître leur démarche, ils n'ont pas hésité à se rendre à Paris. Et dans ce contexte d'élections présidentielles, leur action à trouver un fort écho, en témoignent les soutiens politiques qui se sont accumulés ces derniers jours. La date du jugement en délibéré a été fixée au 20 octobre.
Emmanuel Macron, lors de sa venue sur le site d'Ecopla, le 30 septembre dernier.

>> Article mis à jour le 5/10/2016 à 17h

Après le sauvetage d'Alstom annoncé mardi, c'est un deuxième dossier industriel qui connaîtra une nouvelle étape majeure cette semaine. Si l'enjeu économique n'est pas du même ordre que celui du géant des transports, l'aspect symbolique du dossier Ecopla n'est pas à minimiser, particulièrement dans le contexte de l'élection présidentielle.

Ce mercredi, les anciens salariés d'Ecopla - 77 salariés avant la liquidation en février 2016 suite à la gestion défaillante d'un actionnaire sino-australien - se rendront au tribunal de commerce de Grenoble. Ils contestent en appel la décision prise par la juridiction au mois de juin : le tribunal avait alors désigné l'italien Cuki comme repreneur du fabricant de barquettes en aluminium, alors que les salariés défendaient un projet de Scop qu'ils jugeaient solide.

Mobilisation politique

Mobilisés jusqu'au bout, ils ont reçu ces derniers jours le soutien de plusieurs candidats aux primaires présidentielles (PS, EELV), à l'instar de celui de Cécile Duflot ou de Benoit Hamon. Mais aussi, d'un probable futur candidat : l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Tous se sont rendus à Saint-Vincent-de-Mercuze, en Isère, pour apporter leur soutien aux anciens salariés qui, réunis en Scop, souhaitent toujours garder leur entreprise.

Cécile Duflot Ecopla

Cécile Duflot lors de sa visite chez Ecopla au début du mois d'octobre.

Par ailleurs, Michel Sapin a également envoyé une lettre au procureur de la République. Selon Le Dauphiné Libéré, le ministre de l'Economie et des Finances a pointé "l'importance du point de vue de l'intérêt général, du projet de reprise d'activité par un groupe d'ex-salariés sous forme de Scop. [...] Au regard de ces éléments, je tenais également à vous faire part du fait que le projet de redémarrage sous la forme de Scop de l'activité à Saint-Vincent-de Mercuze recueille le soutien de l'Etat."

Lire aussi : Ecopla veut (toujours) devenir une Scop

Sprint final

Ces soutiens de dernière minute, alors que les campagnes pour la Présidentielle s'accélèrent, pourraient peut-être s'avérer décisifs. "Les magistrats sont indépendants, prendront leur décision en fonction des règles de loi, mais nous espérons que ces différentes manifestations vont les interpeller", explique Karine Salaün, ancienne salariée mobilisée pour défendre le projet Scop.

Hamon chez Ecopla

Les ex-salariés d'Ecopla aux côtés de Benoit Hamon.

Pour mobiliser ces hommes et femmes politiques, les anciens salariés d'Ecopla n'ont pas hésité à se rendre à Paris fin septembre afin de faire connaître leur cause.

"Nous devions faire sortir le dossier de la vallée. L'objectif était d'obtenir des appuis,  quels que soient les bords politiques. L'intérêt général doit primer. Nous avons demandé aux politiques de joindre l'acte à la parole ", explique Karine Salaün.

Le sprint final d'un marathon long de plusieurs mois.

Trois possibilités

Depuis le placement en redressement judiciaire puis la liquidation, les anciens salariés ont lancé une campagne de crowdfunding, la région Auvergne Rhône-Alpes leur a accordé une aide de 400 000 euros afin de mener à bien leur projet, et la préfecture leur a accordé l'intégralité du plan de revitalisation, suspensif à la décision en appel.

Lire aussi : Les ex-salariés d'Ecopla veulent relancer la production

La cour d'appel a finalement mis le jugement en délibéré au 20 octobre prochain. Durant près d'une heure, les avocats de l'association des amis d'Ecopla, ceux du repreneur Cuki et le représentant du liquidateur judiciaire ont chacun plaidé pour leur dossier. Juste avant l'audience, une centaine de personnes s'était rassemblée devant le tribunal. Parmi eux, Pierre Laurent, secrétaire national du parti communiste.

Si la décision est de nouveau négative, trois options se présentent. Soit le collectif décide de se pourvoir en cassation. Cependant, "plus on attend, plus les clients que nous avons réussi à garder iront ailleurs. Les perspectives vont s'amenuiser." Ils peuvent également décider d'abandonner le projet, ou de redémarrer une activité industrielle. Une hypothèse à laquelle Karine Salaün, croit peu car cela nécessiterait "une levée de fonds trop importante".

En attendant, les anciens salariés défendront de nouveau leur dossier devant le tribunal de commerce de Grenoble. "Au moins, on ne pourra pas se reprocher de n'avoir rien fait."

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 05/10/2016 à 15:29
Signaler
Je vais être dur mais réaliste, des plats en alu, demain, chacun pourra le faire avec une imprimante 3d, surtout pas en alu, parce que bon, faudrait le dire que ce n'est pas "top" pour la santé l'alu dans l'alimentaire. Il ferait mieux de se forme...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.