Drones : Hexadrone franchit le cap de l’industrialisation en Haute-Loire

La société Hexadrone, située en Haute-Loire, vient de débuter la commercialisation de son nouvel aéronef qui sera exposé, les 1er et 2 juillet, à l’Elysée dans le cadre de la Grande Exposition du Fabriqué en France. La PME, qui vient d’investir deux millions d’euros dans son unité de production, sera en capacité de fabriquer un millier de drones par an. Elle compte déjà l’armée française parmi ses plus gros clients.
Hexadrone est en capacité de produire 1.000 drones par an sur son site de Haute-Loire.
Hexadrone est en capacité de produire 1.000 drones par an sur son site de Haute-Loire. (Crédits : DR Hexadrone)

Il est bien loin le temps où Alexandre Labesse construisait ses premiers drones dans son garage... Douze ans après, le jeune homme est à la tête d'Hexadrone une société d'une vingtaine de personnes qui fabrique des drones. L'entreprise, implantée à la limite de la Loire et de la Haute-Loire, à Saint-Ferréol-d'Auroure, a même changé de dimension avec le lancement en avril de son nouveau modèle, Tundra 2. Une nouvelle génération de drone plus résistante et plus modulable, fruit de cinq ans de travail. La PME, qui a enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires de 2,3 millions d'euros, passe surtout à l'étape de l'industrialisation.

« Le Tundra 2 marque la transition entre le monde de l'artisanat et quelque chose de plus industriel. Notre précédent modèle, le Tundra 1, était monté à la main, à la commande. Il nous fallait trois semaines pour en assembler un. Aujourd'hui, notre chaîne d'assemblage comporte 15 postes de travail et nous montons les drones en série. Il nous faut désormais deux jours pour fabriquer une machine » précise le président et fondateur d'Hexadrone, Alexandre Labesse, ancien technicien dans le secteur textile.

Un changement d'échelle et d'ambition rendu possible par de lourds investissements. Hexadrone a, en effet, déboursé plus de deux millions d'euros pour construire ses nouveaux locaux de 1.000 m2 inaugurés l'an dernier et équiper son unité de production avec des ateliers de montage et d'assemblage à la pointe de la technologie. Désormais, l'usine est proportionnée pour fabriquer 1.000 drones par an. Une petite révolution quand on sait que ces deux dernières années, l'entreprise n'a sorti que 60 machines.

Drone professionnel à usage civil et militaire

Et ce qui fait la particularité des drones de cette PME auvergnate, c'est qu'ils sont entièrement démontables et modulables. Chaque pièce, produite en France, est interchangeable et réparable. L'engin peut être utilisé dans des secteurs variés comme l'agriculture, l'audiovisuel, le BTP ou encore la Défense et pour tout type d'application.

« Nous avons choisi de ne pas nous spécialiser dans un domaine. Notre drone est un porte-outil universel qui peut transporter différents accessoires que ce soit un laser, une caméra thermique, des petits colis ou encore un pulvérisateur de produit... Tundra 2 peut porter jusqu'à 4 kilos de charge. C'est ce qui intéresse nos clients » détaille le dirigeant, qui précise que chaque drone, à usage exclusivement professionnel, coûte environ 20.000 euros.

Des spécificités qui ont séduit l'armée française, aujourd'hui principal client d'Hexadrone. 50% de l'activité du fabricant est liée à la Défense. L'entreprise a même reçu le label UAF, « utilisé par les armées françaises ».

« Nos drones sont pour l'instant utilisés par les forces spéciales sur des usages liés à des applications civiles : surveillance, détection d'engins explosifs, modélisation de bâtiments ou cartographie. Ces unités d'élite expérimentent nos drones mais dans les années à venir nous espérons signer un plus gros contrat avec l'armée conventionnelle » raconte Alexandre Labesse, qui voit le projet de loi de programmation militaire et les 5 milliards d'euros dédiés aux drones comme une opportunité.

Approche souveraine

Et si l'armée française s'intéresse à ces drones 100% Made in France, c'est qu'il y a aussi un enjeu stratégique de souveraineté. Alors que la très grande majorité des drones proviennent de Chine ou des Etats-Unis, le gouvernement a bien compris l'intérêt de développer ce savoir-faire en France. C'est pour cela que l'Etat a participé au financement d'Hexadrone en lui accordant une aide de 600.000 euros au titre du soutien à l'industrie dans les territoires. Un modèle du Tundra 2 sera même exposé, les 1er et 2 juillet, au Palais de l'Elysée dans le cadre de la troisième édition de la Grande Exposition du Fabriqué en France. Une belle mise en lumière se félicite l'entreprise qui espère atteindre 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année.

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Et les ambitions de cette jeune PME sont d'autant plus fortes que son fondateur en est persuadé : ce marché a un potentiel énorme.

« Aujourd'hui le drone, c'est un peu comme le marché de l'automobile dans les années 1920, juste avant son développement massif. Le secteur s'est structuré, certaines entreprises se sont alliées ou spécialisées. Et si le marché du drone de loisir va se tasser, celui du drone lié aux activités professionnelles va bondir » souligne le fondateur d'Hexadrone.

L'entreprise compte maintenant se développer à l'export, gros levier de croissance pour les années à venir. Hexadrone prévoit aussi de réaliser une deuxième levée de fonds en fin d'année, supérieure aux 1 million d'euros récoltés lors du tour de table de 2018. Avec cette fois l'objectif d'étoffer le réseau commercial afin de faire connaître la marque.

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