Terres rares : pour réduire la dépendance à la Chine, MagREEsource recyclera des aimants avec de l'hydrogène

La spin-off du CNRS de Grenoble, MagREEsource, ambitionne de devenir le leader européen du recyclage des aimants, dans un contexte où la Chine dispose encore aujourd'hui du monopole dans ce domaine, et où les terres rares deviennent un enjeu de souveraineté. Elle prévoit de faire sortir une première usine de terre d'ici 2025 en région grenobloise, afin de répondre aux besoins des secteurs tels que l'éolien, la robotique ou l'industrie automobile, avec une levée de fonds en cours de plusieurs millions d'euros.
Le cofondateur de l'isérois MagREEsource travaille sur une levée de fonds afin d'établir sa première usine, à Grenoble, qui lui permettrait de recycler jusqu'à 500 tonnes d'aimants à horizon 2025 et de redévelopper ainsi une souveraineté industrielle. A terme, il vise à couvrir jusqu'à 30% de la demande européenne avec le recyclage.
Le cofondateur de l'isérois MagREEsource travaille sur une levée de fonds afin d'établir sa première usine, à Grenoble, qui lui permettrait de recycler jusqu'à 500 tonnes d'aimants à horizon 2025 et de "redévelopper ainsi une souveraineté industrielle." A terme, il vise à couvrir jusqu'à "30% de la demande européenne avec le recyclage". (Crédits : DR MagREEsource)

La startup MagREEsource est une spin-off du CNRS de Grenoble, créée tout juste il y a un an, n'en a pas moins de grandes ambitions. Erick Petit, le cofondateur de la startup, a été mis en relation avec son associée, la chercheuse Sophie Rivoirard, à l'origine du procédé, grâce à la SATT Linksium.

Elle travaillait en effet plus précisément sur les matériaux magnétiques et leur réaction à l'hydrogène, en mettant au point une technologie qui, grâce à un réacteur alimenté en hydrogène, se charge de séparer l'acier des terres rares composant les aimants. Un procédé qui, en générant une poudre métallique, peut être ensuite servir à produire de nouveaux aimants en s'appuyant sur le principe du frittage, qui consiste à chauffer une poudre sans la mener jusqu'à la fusion afin de solidifier une pièce.

Car l'ambition de MagREEsource est de proposer une technologie de recyclage des aimants à l'hydrogène, sans générer aucun rejet. "Nous récupérons les déchets d'aimants, nous les passons au sein de cette technologie, qui nous permet de recréer un nouvel aimant, garanti lui-même sans perte de performance magnétique", explique Erick Petit.

Réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine

Créer sa propre matière première en France permettrait ainsi réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine. "Depuis quarante ans, la Chine a cannibalisé une partie de l'industrie. Elle a le monopole des terres rares et de la fabrication d'aimants. [...] La globalisation pose aujourd'hui un véritable problème logistique", souligne Erick Petit.

Car en plus de constituer la première application directe des terres rares, les aimants sont désormais présents partout, et encore plus dans un monde qui se veut à l'avenir plus électrifié, notamment à destination des secteurs de la défense, de la robotique ou encore des transports, à commencer par les véhicules électriques :

"Cette situation de monopole dominé par la Chine fait que nous ne sommes pas certains d'avoir assez de matières premières pour fabriquer des aimants. Or, nous avons des industriels comme Thalès, Safran ainsi que des constructeurs automobiles qui ont besoin de ces produits et se retrouvent pieds et poings liés à la Chine", reprend Erick Petit.

D'autant plus que sur des questions techniques telles que la forme ou le niveau de charge d'un aimant, les industriels souhaiteraient également retrouver une forme de liberté à travers la conception de pièces sur-mesure.

Une usine pour 2025

Erick Petit espère ainsi rien de moins que de rebâtir une filière industrielle française de l'aimant, allant de la collecte au recyclage.

"Il s'agit de mettre en place une boucle fermée, avec l'ambition que nos propres clients puissent ensuite redevenir nos fournisseurs. Car les déchets de cette filière ne sont aujourd'hui pas valorisés."

Des aimants qui peuvent être récupérés au sein des éoliennes, mais également des voitures, etc. Ainsi, il serait possible de récupérer, dans une voiture diesel, jusqu'à 1,5 kilos de matière.

Une reprise en main de la filière, qui permettrait aussi de s'émanciper de la variations des coûts des matières premières. Pour cela, le cofondateur de MagREEsource prévoit de boucler une levée de fonds (15 millions d'euros seraient envisagés) afin de créer une usine, à Grenoble, qui permettrait de recycler jusqu'à 500 tonnes d'aimants à horizon 2025 et ainsi "redévelopper une souveraineté industrielle."

Un projet chiffré au total à 20 millions d'euros. La startup compte actuellement huit personnes et fait déjà partie des lauréats du Plan de Relance. Elle fait partie des lauréats régionaux de la 10e édition du Prix 10.000 startups pour changer le monde, organisé par La Tribune, dans la catégorie Industrie du futur.

A terme, elle espère couvrir jusqu'à "30% de la demande européenne avec le recyclage", ambitionne Erick Petit, en ciblant notamment la filière robotique industrielle, la fabrication des turbines éoliennes, ou encore l'automobile...

Dans cette optique, la startup est donc membre d'ERMA (European Raw Materials Alliance) qui prône par ailleurs le développement d'outils plus propres pour relancer l'extraction minière, pour les terres rares, en Europe.

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Commentaires 2
à écrit le 18/04/2022 à 11:14
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Il faut lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur sous forme de fiction dévoile la réalité des coups tordus de la Chine qui en échange des minéraux rares dont elle dispose en quantité s'accapare les ressources essentielles d'un...

le 26/04/2022 à 9:22
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Merci pour ce conseil de lecture

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