Fusion des pôles de compétitivité : comment Minalogic compte tirer son épingle du jeu

Alors que les pôles de compétitivité étaient invités mi-octobre à déposer leur nouvelle feuille de route auprès du gouvernement en vue de renouveler leur labellisation et de pérenniser leur modèle, le pôle des technologies du numérique en Rhône-Alpes, Minalogic, basé à Grenoble, se trouve en bonne position après sa fusion partielle avec les activités R&D du pôle des contenus et usages du numérique Imaginove.
(Crédits : DR)

Créés en 2005 en vue d'améliorer l'attractivité et l'innovation des entreprises françaises, les 66 pôles de compétitivité hexagonaux étaient appelés à déposer un nouveau dossier à la mi-octobre afin de pouvoir prétendre à un renouvellement de leur labellisation sur les trois années. Avec, dans la feuille de route exposée par le gouvernement Macron, l'objectif de procéder à des regroupements et des fusions entre les pôles existants, mais aussi de développer le rayonnement à l'international, et notamment à l'échelle de l'Europe.

A Grenoble, le pôle des technologies du numérique en Rhône-Alpes, Minalogic a bien pris note de ces exigences, devançant même les attentes du gouvernement en procédant, il y a quelques semaines, à la fusion avec les activités de R&D du pôle rhônalpin des contenus et usages du numérique Imaginove, historiquement tourné vers l'industrie de l'animation et des jeux vidéos.

"Les activités d'Imaginove étaient complémentaires aux nôtres dans le domaine du numérique : nous avons donc décidé de nouer un partenariat au cours des derniers mois, qui a été acté par une fusion le mois dernier au sein de nos deux CA respectifs", explique Philippe Magarshack, qui entamait lui-même en avril dernier son troisième mandat à la présidence du pôle.

Résultat ? Les activités de R&D liées aux usages numériques d'Imaginove seront désormais hébergées au sein de Minalogic, qui accueillera ainsi deux employés d'Imaginove en son sein à compter de janvier prochain, tandis que la communication et l'animation du pôle à destination des éditeurs de jeux vidéos restera assurée par l'ancienne entité, qui demeurera en place.

"Nous ne souhaitons pas nous spécialiser dans des domaines verticaux comme la santé ou l'énergie, mais continuer de rayonner transversalement en renforçant nos partenariats. Nous avons déjà des accords avec d'autres pôles de la région comme Tennerdis et Lyon Biopôle", cite en exemple le président, qui rappelle également qu'une fusion avait déjà été complétée avec le pôle Optique Rhône-Alpes basé à Saint-Etienne en 2010.

Une relabellisation engagée

Une démarche qui fait également écho à la procédure de relabellisation récemment engagée, et pour laquelle le président de Minalogic se montre plutôt confiant.

"L'appel à candidatures comprenait 5 critères à remplir, contre 3 minimum. Nous pensons que nous avons de bonnes chances de l'obtenir, puisque nous les complétons".

Parmi ces critères, figurait notamment le fait de pouvoir justifier de plus de 50% de financements privés - ce que réalise déjà Minalogic avec 55% de ses recettes -, ainsi que de compter au moins 150 adhérents (400 pour le pôle).

"Il était également nécessaire de représenter des technologies de classe mondiale dans un domaine large, ainsi que d'être capable de rivaliser avec le monde entier sur ce sujet", précise Philippe Magarshack.

Car depuis sa fondation en 2005 autour des nano et microtechnologies, Minalogic n'a cessé d'élargir son champ d'action, en passant des technologies hardware aux logiciels embarqués, ainsi qu'à de nouveaux secteurs comme l'intelligence artificielle, le big data, et le web.

"J'ai travaillé, aux côtés de la directrice générale, Isabelle Guillaume, sur trois axes : l'élargissement thématique, géographique ainsi que sur les services offerts par le pôle", rappelle Philippe Magarshack.

Résultat ? Minalogic est ainsi passé d'une cinquantaine de membres en 2005, à plus de 400 début 2018. "Nous avions constaté de nous-mêmes qu'il était important d'avoir une masse critique de technologies et de membres afin de pouvoir rayonner à l'international", concède-t-il.

Des vues à l'international

Car le prochain objectif du pôle est également de renforcer son positionnement à l'étranger. En plus d'assurer déjà une présence au sein des salons internationaux et d'y proposer un stand à ses membres, le pôle souhaite accroître ses activités de montage de projets collaboratifs en matière de R&D en lien avec les différents acteurs locaux.

"Nous avons prototypé un service en lien avec le CEA et l'IRT Nanoelec afin de proposer aux PME traditionnelles d'avoir un accès à un laboratoire dédié pour les accompagner à passer le cap de la numérisation, qui peut leur sembler difficile".

Le pôle travaille également à mettre en place, d'ici l'an prochain, un service de cascade funding en lien avec la Commission Européenne afin de pouvoir accueillir des fonds européens qui pourraient ensuite être redistribués à des PME locales portant des projets innovants.

"Cela permettrait aux PME de bénéficier de ces fonds en simplifiant les étapes administratives, mais c'est une opération qui nécessite une forme de labellisation de la part de la Commission Européenne en amont que nous allons solliciter", explique le président de Minalogic.

Désormais, l'ensemble des pôles français comme Minalogic attendent que les ministères concernés procèdent à une évaluation des dossiers d'ici décembre prochain, avant qu'interviennent les validations pour la nouvelle période s'étalant de début 2019 à 2022.

"Sur près de 70 pôles, on s'attend à ce qu'une cinquantaine de dossiers aient été déposés et qu'une quarantaine passent le cap de la phase 4", illustre Philippe Magarshack, avant d'ajouter : "Le contexte reste tout de même plutôt favorable puisque le Premier ministre a acté, en parallèle, le fléchage de 100 millions d'euros par an à des projets collaboratifs de taille moyenne (allant jusqu'à 4 millions d'euros chacun)".

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