Ma Vie de Courgette, du Pôle Pixel aux Oscars

Sorti en octobre 2016, le film d'animation en stop-motion "Ma Vie de Courgette", réalisé par Claude Barras est nommé aux César et aux Oscars, dans la catégorie film d'animation. Les deux cérémonies auront lieu ce week-end. Mais le film d'un budget de 6,5 millions d'euros, est avant tout l'histoire d'un pari artistique et financier.
Extrait de "Ma Vie de Courgette", Claude Barras, 2016.

Cristal d'or et prix du public au festival d'animation d'Annecy ou Valois de diamant au festival du film francophone d'Angoulême : "Ma Vie de Courgette", premier long métrage du réalisateur Claude Barras, remporte tous les succès. Le film d'animation représentera même la Suisse dans la course aux Oscars 2017. On ne saura cependant qu'en janvier s'il figure parmi les nominés. Ces premiers résultats positifs sont le fruit d'une stratégie risquée décidée il y a un an.

"Une fois le film terminé, deux options s'offraient à nous : soit nous le montrions à la presse et il sortait trois mois plus tard. Soit, étant donné la qualité, nous essayions de le proposer lors de festivals internationaux sans savoir si cette stratégie allait fonctionner", se souvient Marc Bonny, directeur de la société de distribution Gebeka Films basée à Lyon, producteur co-délégué du film.

Production franco-Suisse

Si "Ma Vie de Courgette" est le récit d'un jeune garçon qui se croit seul au monde après le décès de sa mère, le film est aussi l'histoire d'un pari artistique - l'utilisation du stop motion - et financier à priori risqué, qui a nécessité plusieurs producteurs.

Quand Marc Bonny avec Gebeka Films rejoint le projet il y a quatre ans, les Suisses Rita Productions étaient alors les seuls producteurs du film de Claude Barras. Blue Spirit Productions s'associent rapidement à eux. Cette société de production d'animation dispose de ses propres studios et ainsi d'une expertise en matière artistique et technique.

"Nous avons eu la chance de pouvoir nous associer en France à Marc Bonny, ainsi qu'à Armelle Glorennec de Blue Spirit Productions, bien plus familiers que nous du monde de l'animation", expliquent Max Karli et Pauline Gygax de Rita Productions, dans un communiqué.

6,5 millions d'euros

Le budget du film - 6,5 millions d'euros - est ainsi financé à 50 % par les Suisses et l'autre moitié par les Français. Un budget relativement peu important, compte tenu des sommes normalement allouées à ce type de projet, comprises entre 10 et 15 millions d'euros. Selon le directeur de Gebeka Films, "trouver un budget fut relativement facile, du moment où nous avions le teaser et le scénario en main. Toutes les portes où nous sommes allés frapper sont restées ouvertes."

Grégory Faes, directeur général de Rhône-Alpes Cinéma, co-producteur du film (500 000 euors) confirme :

"Le teaser, qui met en scène Courgette se présentant à son propre rôle, a été un outil de vente assez fort."

Outre Rhône-Alpes Cinéma, pour la partie française le film bénéficie également des financements de France 3 Cinéma, de Canal + (500 000 euros), Ciné + (120 000 euros) ou du Centre national du cinéma et de l'image animée (500 000 euros en avance sur recettes et nouvelles technologies).

Autre source de financement, le fonds de soutien au cinéma européen, Eurimages, avec une aide de 500 000 euros. Quant à Gebeka Films, "nous avons surtout investi en tant que minimum garanti de 100 000 euros", indique Marc Bonny, également directeur du cinéma Comoedia à Lyon. Il s'agit d'une avance en tant que distributeur. Elle sera ensuite remboursable sur les recettes d'exploitation du film.

Pôle Pixel

"Notre budget initial était de 5,5 millions d'euros, mais la partie tournage a pris plus de temps que prévu", indique Marc Bonny. Certains partenaires ont ainsi augmenté leur participation, et de nouveaux coproducteurs, KNM, ont fait leur entrée.

Tourné dans les studios de Rhône-Alpes Cinéma au Pôle Pixels de Villeurbanne pendant près d'un an et demi, la technique utilisée par Claude Barras, le stop motion, est encore peu développé en France, contrairement à la Grande-Bretagne ou au Royaume-Uni :

"Il allie les contraintes du dessin-animé et des prises de vue réelles. Il existe un travaille de création de décors, des costumes", souligne le directeur du Comoedia.

Ce qui nécessite du temps et un personnel important : les animateurs en stop-motion ont été mobilisés sur la quinzaine de plateaux de tournage. De 400 m², le lieu de tournage passe à 2 900 m².

300 000 spectateurs

Si le tournage a été réalisé en Rhône-Alpes, la partie postproduction de six mois s'est déroulée entre le montage en Suisse chez Rita Productions, puis le travail de composting dans le studio de Blue Spirit à Angoulême et enfin de laboratoire chez Andromeda à Zurich.

Pour l'heure, la stratégie de communication mise en place fait ses preuves : des distributeurs européens ont déjà acheté les droits du film avant sa sortie. "Nous avons également trouvé pour les Etats-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne et nous espérons au Japon", détaille Marc Bonny. En attendant, un dernier cap reste à franchir : la sanction du public. "Depuis trois ans, les films d'auteur ont des difficultés à toucher le public. Nous espérons atteindre les 300 000 entrées. Et peut-être même plus", se prend à rêver Marc Bonny. Première réponse le 19 octobre dans les salles obscures.

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