Auvergne Rhône-Alpes : les TPE largement touchées par les effets du Covid-19

Après les premiers ressentis, les chiffres. D’après l’enquête de conjoncture menée par la CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes auprès de 400 entreprises de la région, près de 78% des TPE-PME ont vu leur chiffre d’affaires du 1er semestre baisser. Avec, pour autant, une crise qui a parfois ouvert quelques opportunités pour certaines entreprises.
Dans le secteur du BTP notamment, 11 % des entreprises en difficulté de trésorerie évoquent les impayés comme la cause numéro un de leurs difficultés, d'après la dernière enquête de conjoncture menée par la CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans le secteur du BTP notamment, 11 % des entreprises en difficulté de trésorerie évoquent les impayés comme la cause "numéro un" de leurs difficultés, d'après la dernière enquête de conjoncture menée par la CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes. (Crédits : DR)

A l'heure où les entreprises régionales ont été touchées de plein fouet par la crise sanitaire du Covid-19, c'est l'heure du premier bilan pour la CCI d'Auvergne-Rhône-Alpes. Dans sa dernière enquête Conjonct'AURA TPE-PME, le constat est en effet sans appel : près de 78% des TPE-PME ont vu leur chiffre d'affaires du 1er semestre baisser sur un an, tandis qu'une majorité d'entre elles ont subi un recul de leur chiffre d'affaires compris entre 10 et 50%. Avec, les plus fortes baisses constatées pour les acteurs de l'industrie et du BTP (-60%)  et du tourisme, qui ont cumulé plusieurs facteurs tels que l'obligation administrative de fermeture ainsi qu'une reprise avec des capacités d'accueil réduites.

Les activités touristiques apparaissent les plus touchées (près de 40 % des entreprises), du fait de l'obligation administrative de fermeture, d'un confinement qui a duré plus longtemps et de capacités d'accueil réduites à la réouverture. Avec, à l'autre bout du spectre, seules 11 % des TPE-PME ont pu tout de même réaliser une progression de chiffre d'affaires durant cette période, notamment dans certains secteurs comme le commerce. Pour 25% des entreprises, cette période aura même été l'occasion de déployer de nouvelles offres ou prestations, dans l'industrie comme dans le tertiaire.

Une situation qui demeure délicate

Les aides publiques auraient néanmoins joué leur rôle, sur le territoire national comme en Auvergne Rhône-Alpes, où 75% des entreprises sont tout de même parvenues pour l'instant à stabiliser leur effectif salarié, en mobilisant des dispositifs comme le PGE ou des programmes d'aides régionales spécifiques.

Mais quelques semaines après le déconfinement, près de 25% des entreprises se trouveraient encore dans une situation de trésorerie "difficile", en premier lieu en raison de l'insuffisance de leur chiffre d'affaires, mais également de l'allongement des délais de règlements et des impayés. Parmi les premiers concernés, on retrouve le commerce détail (où 31 % des entreprises s'estimaient en difficultés de trésorerie), mais aussi l'immobilier et les activités touristiques.

Dans le secteur du BTP et du tertiaire BtoB, 11 % des entreprises en difficulté de trésorerie évoquent les impayés, comme la cause "numéro un" de leurs difficultés. Par conséquent, l'indice de confiance des petites et moyennes entreprises n'a pas remonté en Auvergne Rhône-Alpes : elles ne sont plus que  30 % à être confiantes dans la situation économique à venir en juillet, contre 57 % en début d'année 2020.

Une reprise de l'activité attendue

D'autant plus que les débouchés à l'export, jusqu'ici considérés comme des relais de croissance pour une bonne part des entreprises régionales, demeurent pour l'instant atones compte-tenu du contexte sanitaire actuel. Face à des perspectives de sortie de crise qui apparaissent encore incertaines, seules 25% des sociétés interrogées estiment qu'elles n'ont pas été impactées par cet épisode, ou se disent sorties d'affaires. Et ce, alors qu'elles s'exprimaient au mois de juillet, soit bien avant le renforcement des mesures de protection en entreprise, ainsi que le passage en zone rouge de plusieurs départements, dont le Rhône.

Plus inquiétant : près de la moitié des TPE-PME s'attendent, en vertu de ce contexte délicat, à un chiffre d'affaires encore en retrait au second semestre, ce qui pourrait, d'après la chambre consulaire, peser sur les perspectives d'investissement à venir.

41 % des entreprises prévoiraient ainsi de stabiliser leurs investissements d'ici la fin de l'année, tandis que la même proportion (41 %) anticipent déjà une baisse. Les secteurs les plus frileux demeurent l'hébergement-restauration, le commerce de gros et le tertiaire. "Dans les mois à venir, le premier facteur déterminant des décisions d'investissement sera, de loin, la reprise d'activité et du volume d'affaires", souligne la CCIR.

Une mobilisation nécessaire suite au plan de relance

"En cette rentrée, le soutien à l'activité est crucial", résume donc Phillippe Guérand, président de la CCIR Auvergne-Rhône-Alpes, qui salue, par voie de communiqué, la mise en place du plan France Relance, annoncé la semaine dernière par le gouvernement.

Il assure que les CCI seront au rendez-vous pour assurer le déploiement rapide de ces aides au niveau régional, à travers notamment la mise en place d'une grande campagne de phoning, à destination de 4 200 PME-TPE industrielles issues de toute la région. L'objectif ? "Faire connaître le plan de relance du gouvernement -ainsi que les dispositifs d'aides de la Région Auvergne Rhône-Alpes-, mais aussi d'identifier et de qualifier les centres d'intérêt et les besoins des entreprises", ajoute le CCIR.

Car selon le président de la CCI de Région, "la mobilisation doit être collective pour un déploiement rapide et réussi des mesures nationales et régionales de soutien à l'économie". En d'autres mots ? "Chacun doit aussi contribuer à la reprise au plan individuel, en facilitant les projets de développement, en étant conscient de sa responsabilité de consommateur, en veillant à payer dans les délais".

Un constat qui résonne comme une mise en garde, en vue de ne pas aggraver une situation déjà fragile. Car si l'intervention publique massive des dispositifs de soutien à la trésorerie des entreprises aurait permis de contenir les difficultés, comme tendent à le démontrer les chiffres au niveau régional, l'automne pourrait bien être la saison de tous les dangers pour les entreprises fragilisées.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.