[Mon rêve pour demain 3/5] Frédéric Tabary, designer et architecte

"Comment imaginez-vous la place de l'Homme dans la société du futur ?" "Comment peut-il évoluer, grandir, espérer, et par quel(s) moyen(s) ?" C'est ce qu'a souhaité savoir Acteurs de l'économie-La Tribune, en proposant à des personnalités de divers horizons d'apporter leur témoignage. Cette semaine, Frédéric Tabary, designer et architecte - qui propose une solution d'habitat d'urgence aux personnes qui dorment dans la rue -, nous fait part de son rêve, de son souhait et de ses désirs.
(Crédits : DR)

Il y a 100 ans, le centre-ville devenait le poumon de nos agglomérations. Nos appartements étaient confortablement dotés de salle à manger, d'autant de chambres que d'occupants... et d'amis. Il fallait être propriétaire d'un bel appartement au cœur de la cité pour être un « monsieur ».

Un siècle plus tard, la donne a changé. Certes, la volonté de s'afficher est toujours autant d'actualité, mais les villes peinent à pouvoir proposer une offre qui corresponde à la demande. Le prix des loyers explose, les terrains se font rares. Un flottement des politiques urbanistiques sur le véritable objectif à suivre s'affiche au grand jour et dévoile les faiblesses de notre système.

On rustine, on colmate, on répare dans l'urgence. Et l'on tente de s'adapter aux nouveaux flux de population en quête de nouvelles sensations, d'un nouveau climat, d'un nouveau pays. Les enjeux de développement durable, mais aussi le transport et la pollution sont autant de freins à la possibilité d'engager clairement de véritables réformes pérennes et durables alors qu'à chaque élection, tout peut être remis en cause. Aussi, les véritables oubliés de cette grande aventure restent les mal-logés.

Toujours relégués dans les quartiers à très faible valeur ajoutée, les ghettos des années 1970 ne semblent encore et malheureusement pas promis à un bel avenir. Les vieux bâtiments sont remis à neufs et repeints en dépit du bon sens.

La réintégration est un échec et cela est appuyé par de nouvelles constructions toujours aussi mal pensées. Il nous faut restructurer les banlieues en profondeur. Occuper les espaces « vides de sens et tristes », les boulevards commerciaux ou les panneaux 4x3 prennent autant de place que les surfaces de vente des enseignes. Apportons des touches de douceur dans ces ensembles ou le béton, le gris, le mauve et le vert sont légion.

Mise en communauté

L'enjeu de nos villes passera peut-être par la mise en communauté des espaces pour baisser les coûts de revient. Proposer du chaleureux tout en étant moins onéreux au mètre carré ! Nous, citoyens de nos villes, allons devoir faire des concessions, mais au profit d'une architecture rationnelle et fonctionnelle.

Aussi, nos architectes doivent changer leurs habitudes et considérer le XXIe siècle comme une véritable opportunité architecturale où tout doit être réinventé : la façon d'habiter et de vivre la ville. Mais pour réussir ce challenge, il faut aussi pouvoir s'affranchir d'un passé culturel lourd à porter. « Nos » Versailles en pierres de taille sont encore pour longtemps, je le crains, des valeurs refuges et critères de qualité de nos ancêtres les architectes. Quant aux normes, elles viennent enfoncer le clou et parachever la lourdeur française, dans tous les sens du terme.

Retour des "villages"

Soyons brillants, inventifs, créatifs. Soyons leaders et non suiveurs dans ce domaine où nous avons su être excellents. Redevenons maître de notre savoir-faire et affichons fièrement que nous n'avons pas perdu la main. À l'époque de l'imprimante 3D, l'architecture ne doit plus s'exprimer qu'avec la pierre ou le béton, mais bien prendre en compte l'homme qui utilise le lieu construit et son mode de vie avant toute autre chose. Considérons donc nos populations avant même de réaliser des ensembles toujours plus gris les uns que les autres. Nos villes doivent être accessibles à toutes et à tous sans distinction de moyen ou d'ambition. Nos centres-villes doivent être capables de digérer toutes les catégories sociales et seront à nouveau des "villages" où la mixité intellectuelle et culturelle profitera à tous. N'est-ce pas cela la singularité d'une ville ?

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Commentaire 1
à écrit le 09/01/2020 à 12:26
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Bonjour Si vous désirez en savoir un peu plus sur mon travail retrouvez moi sur http://www.frederic-tabary.fr

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