Innovation, transition énergétique : les JO 2030 pourraient inspirer « la montagne de demain » selon le Cluster Montagne

Depuis quelques jours, le Comité International Olympique (CIO) entame sa tournée des sites qui pourraient accueillir les JO 2030. Objectif : vérifier que le dossier des Alpes françaises tient ses promesses. Une candidature qui se poursuit dans un contexte en demi-teinte pour le secteur qui accuserait la propagation d’un sentiment de « montagne bashing et ski-bashing ». Des propos également entendus lors du salon Mountain Planet, organisé mi-avril. Interrogé sur le sujet, Benoît Robert, directeur du Cluster Montagne, met en avant une opportunité : catalyser les énergies pour faire des stations retenues des vitrines de la « montagne de demain », résolument plus durables.
Courchevel fait partie des sites sélectionnés pour accueillir les JO d'hiver 2030 organisés dans les Alpes françaises. Une candidature qui sonne comme une opportunité pour Benoît Robert, directeur du Cluster Montagne : accélérer la transition vers la montagne de demain. Ce, grâce à l'innovation.
Courchevel fait partie des sites sélectionnés pour accueillir les JO d'hiver 2030 organisés dans les Alpes françaises. Une candidature qui sonne comme une opportunité pour Benoît Robert, directeur du Cluster Montagne : accélérer la transition vers la montagne de demain. Ce, grâce à l'innovation. (Crédits : Crédit : Piotr Figlarz (Unsplash))

Chili, Kazakhstan, Chine... Au premier jour du salon Mountain Planet, une partie des quelques 23.000 professionnels et 2.900 visiteurs attendus chaque année, se massaient à l'entrée pour assister à cet événement d'ampleur international pour découvrir les dernières innovations des fabricants (MND, Doppelmayr, Poma, etc) ou échanger avec des élus et professionnels du secteur.

Cette année, la bâche d'accueil volait au vent, lacérée par des activistes anti-JO selon nos confrères du Dauphiné Libéré. De quoi donner le ton de cette édition où derrière l'optimisme des participants se lisaient une volonté : lutter contre le sentiment de « ski et montagne bashing » ressentis par les acteurs présents.

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Si la candidature des Alpes françaises aux JO 2030 a souffert de quelques critiques concernant, notamment le manque de concertation avec les populations ou le possible impact sur l'environnement, Benoît Robert, directeur du Cluster Montagne, dresse quant à lui le portrait d'un événement porteur d'opportunité qui permettrait d'accélérer la transition vers le modèle de « la montagne de demain ». A savoir : un tourisme plus respectueux de l'environnement.

Les JO passés à l'origine de grands changements

« Les Jeux Olympiques ont toujours apporté une révolution en France. En 1924, c'était l'avènement des sports d'hiver, en 1968, la démocratisation des sports d'hiver avec le Plan neige et, en 1992, l'internationalisation de nos destinations » , introduit Benoît Robert, qui estime que ces changements ont permis de faire de la France, et des Alpes, « la référence mondiale en termes de destination touristique hivernale » et qu'il n'y a aucune raison que l'édition 2030 ne soit pas marquée de la même ambition.

Et le directeur du Cluster Montagne a déjà son idée sur la vision à porter : « On veut que les JO 2030 inspirent une révolution qui soit la montagne de demain », confie l'intéressé, persuadé que cette compétition peut être un « catalyseur d'énergies pour faire évoluer nos destinations touristiques en termes de durabilité, d'accessibilité, de performance générale ».

Une réponse au rapport, plutôt critique, de la Cour des comptes sur l'adaptation des stations de ski au changement climatique. Celui-ci pointe, en effet, un modèle français, hérité des années 1960 et 1970, qui s'essoufle : « à compter de la fin des années 2000, la diminution de l'activité ski et l'inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l'équilibre financier des remontées mécaniques et l'économie locale qui en découle. » Des propos qui n'avaient pas tardé à faire réagir le monde de la montagne.

Des sites pilotes pour porter l'innovation

Cette stratégie d'innovation devrait être portée par la création d'un fonds dédié dans l'enveloppe globale des JO 2030, actuellement annoncée entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros. Sur le terrain, elle se traduira par un investissement massif dans une dizaine de sites pilotes. L'objectif étant d'en faire « des lieux d'expérimentation pour accompagner la transformation et l'adaptation de ces destinations touristiques ».

Avec, l'assure le directeur du Cluster Montagne, l'idée d'un ruissellement des expérimentations réussies vers les autres stations françaises. « Nous espérons que la démultiplication sur d'autres sites fera école et sera un succès. »

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Or les sites retenus pour accueillir des épreuves bénéficient déjà d'un certain nombre d'aménagements, l'ambition étant de faire des « jeux durables » en réutilisant 95% des infrastructures existantes. La liste compte les stations suivantes : la Clusaz, le Grand-Bornand, la Plagne, Méribel et Courchevel, avec une option sur la table pour Val d'Isère pour les Alpes du Nord et Serre-Chevalier, Montgenèvre et les Ecrins pour celles du Sud. Ce qui peut questionner sur le besoin réel de ces stations, déjà bien pourvues et pour le moins attractives en vue de leur altitude.

« Mais ce n'est pas tout d'avoir un tremplin, rétorque Benoît Robert. Ce qui compte, c'est tout ce que l'on va mettre en place en termes d'infrastructures d'accueil et de technologie au sein des équipements. On va pouvoir investir pour que les sites retenus puissent fonctionner toute l'année et soit complètement autonome au niveau énergétique. »

L'occasion de mettre en avant le modèle du tourisme quatre saisons, souvent présenté comme la réponse à l'adaptation des stations au réchauffement climatique et la diminution des activités hivernales.

Une innovation portée vers les transports et l'énergie

Plusieurs pistes se dessinent déjà pour mener à bien ce travail qui aura moins de six ans pour se concrétiser : des plateformes de transport pour faciliter la liaison entre le câble et le rail, le développement de l'hydrogène ou encore la production d'énergie. L'idée étant, dans certains cas, moins d'innover que développer ou massifier des solutions déjà existantes.

Si des navettes électriques sillonnent déjà certaines stations françaises, Benoît Robert, comme Laurent Wauquiez croient beaucoup en une autre énergie : l'hydrogène, pour
« faciliter l'accès zéro carbone sur les sites ». Au-delà des cars, ce sont aussi des dameuses à hydrogène qui pourraient arpenter les pistes la nuit.

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Autre voie qui se dessine : celle des ascenseurs valléens, remis sur le devant de la scène par la ville de Saint-Gervais-les-Bains. « C'est un outil emblématique, que l'on apprécie particulièrement », reconnaît Benoît Robert qui rappelle que, même dénommé autrement, ce mode de transport n'est pas nouveau. Une référence au funiculaire des Arcs qui permet de rejoindre la station en quelques minutes depuis la gare de Bourg-Saint-Maurice. « Il faut avoir des acteurs qui ont une vision, comme le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex. Quand on a une volonté politique et une vision, on peut se permettre de porter des projets. Et les jeux peuvent être une opportunité de développer les transports valléens. » La station de Courchevel, qui se divise en six villages, devrait bénéficier d'un ascenseur valléen dont le tracé a récemment été validé, selon nos confrères de La Savoie.

Et Benoît Robert veut même aller encore plus loin : « on aimerait travailler sur l'autonomie énergétique de chaque site, on voudrait avoir des sites de production d'énergie. » Avec comme second objectif de transformer les réseaux de neige de culture en STEP (stations de transfert d'énergie par pompage) pour stocker de l'énergie. Et à terme, faire de « la montagne une batterie électrique du réseau français », s'autorise à rêver le représentant du Cluster.

Les événements sportifs face à leur acceptabilité

Si la démarche d'essaimer des modèles présentés comme plus vertueux peut être louable, l'absence d'enquête publique est pointée du doigt par certains activistes anti-JO. Face à ce manque de concertation, le directeur du Cluster Montagne affiche une position claire :

« Il faut être très attentif sur ce que l'on appelle la volonté des populations locales. Nous avons élu aujourd'hui des représentants qui portent des projets sur les territoires. Ils remettent en cause leur mandat, à diverses échéances. Si tous les élus qui portent des projets olympiques sont démis de leur fonction au prochaine élection, on pourra être à même de discuter sur la légitimité de ces jeux. »

Il s'agit donc d'un non sujet pour Benoît Robert qui assure que les acteurs locaux soutiennent cette candidature, y voyant une opportunité. « Ils n'ont pas envie qu'on vienne détériorer leur territoire, arrêtons donc de donner la parole à une minorité qui est sur-écoutée et qui pense qu'elle va changer le monde de la montagne », affirme t-il.

Tempérant par la suite son propos, en indiquant que les associations sont les bienvenues pour apporter leurs idées et leurs contributions. A une condition : « Il faut que ce soit un dialogue et cela ressemble plus à de la critique systématique car des débats constructifs. »

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