Autopartage : à Lyon, les voitures en libre-service essaiment et cherchent leur créneau

Dans la métropole de Lyon, la flotte de citadines du service d'autopartage Citiz va passer de 400 à 600 véhicules l'an prochain, tandis que d'autres acteurs privés du « free-floating » s'implantent. Le dernier en date, l'italien Drivalia, porté par le groupe Crédit Agricole, va déployer ses 200 premiers véhicules électriques en libre-service d'ici à la fin de l'année. Si le modèle économique n'est pas à l'équilibre, ce type de mobilité est perçu comme une bonne « alternative » à l'achat d'un véhicule ou à la motorisation quotidienne.
Les Fiat 500 en libre service de l'opérateur Drivalia arrivent à Lyon cette fin d'année 2023.
Les Fiat 500 en libre service de l'opérateur Drivalia arrivent à Lyon cette fin d'année 2023. (Crédits : Emma Rodot - La Tribune AURA)

« À Givors, 82 % des habitants se déplacent quotidiennement en voiture. Plus on se rapproche de Lyon, et plus cette part diminue », remarque Mohamed Boudjellaba, maire de cette commune d'un peu moins de 20.000 habitants, située au sud de l'agglomération lyonnaise. Une fois le constat dressé, l'élu s'interroge : comment sortir des véhicules thermiques individuels, si les offres de train et de bus ne suffisent pas à dissuader les automobilistes de prendre leur voiture ? La ville espère faire bouger les lignes en accueillant la 158e station d'autopartage Citiz. Ces voitures blanches et bleues, la plupart thermiques ou hybrides, sont disponibles à la location de l'heure depuis l'un des points d'attache situés dans 32 des 59 communes du Grand Lyon. Opéré par la société d'économie mixte Lyon Parc Auto (LPA) depuis 2020, dont l'actionnaire majoritaire à 40 % est la métropole, ce service compte aujourd'hui 10.000 conducteurs, à raison d'une croissance de 56 % des réservations en un an.

« Nous estimons que les véhicules individuels sont utilisés seulement 10 % du temps, et en passent 90 % au garage », a argué Stéphane Priami, directeur général de Crédit Agricole Consumer Finance (dont Drivalia est l'une des filiales) lors de l'inauguration du service. L'idée étant de répondre à « un besoin », plutôt qu'au sentiment de « propriété ».

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Pour Fabien Bagnon, président de LPA et vice-président délégué aux mobilités, il s'agit là « d'accompagner la démotorisation, mais aussi de proposer un service aux personnes au revenu modeste », dans l'optique d'un usage « résiduel ». Le passage progressif des métropoles françaises vers les zones à faibles émissions mobilité (ZFE), légiférant la circulation des véhicules en fonction de critères de pollution, est aussi un critère majeur d'adoption de ce service. D'où la volonté des élus d'encadrer pleinement Citiz, aussi pour pallier un défaut de rentabilité. La métropole annonce en effet la prochaine bascule de Citiz vers la société publique locale mobilités (SPLM) de la collectivité, afin de reprendre en main la flotte, qui passera de 400 à 600 véhicules en circulation en 2024.

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Drivalia, nouvel acteur privé du « free-floating », labellisé par la métropole

La collectivité se souvient en effet du retrait brutal des petites voitures Bluely (groupe Bolloré), enlevées du marché en août 2020, également faute de rentabilité. De même, la start-up lyonnaise Wesk, exploitante des véhicules électriques Shaary, a été liquidée en mars dernier. Malgré tout, Fabien Bagnon espérait, en 2021, « attirer deux ou trois opérateurs ». C'est chose faite aujourd'hui avec la labellisation, indispensable pour ensuite répondre aux appels à manifestation d'intérêt des communes, des entreprises Leo&Go (société Vulog, 400 véhicules), Zity (groupe Renault, 143 véhicules électriques), et la dernière en date, l'italienne Drivalia (groupe Crédit Agricole). Avec son service « E+ share », elle va ajouter 200 Fiat500 électriques au marché de l'autopartage d'ici à la fin de l'année 2023. Ces trois acteurs sont positionnés dans le segment « free-floating », que l'élu juge « complémentaire » de l'offre de Citiz, qui s'adresse davantage aux habitants situés à proximité directe des stations d'autopartage.

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Proposer un « arc-en-ciel de la mobilité »

Le free-floating, lui, consiste en une circulation des véhicules partout en ville, sans station d'attache, ce qui permet une flexibilité quasi totale, « d'une heure à 165 jours », vante la marque Drivalia. Sa nouvelle implantation dans le marché lyonnais, qui s'explique en partie par le positionnement du groupe Crédit Agricole vers les mobilités avec sa branche Auto Bank (ex-FIAT), intervient en complément d'offres déjà structurées dans 19 pays européens et au Maroc : « Nous avions l'idée d'une empreinte géographique très forte, explique Stéphane Priami, directeur général de Crédit Agricole Consumer FinanceSans dimension européenne, nous ne pouvons pas avoir de structure rentable, ni opérationnelle. Pour cela, nous avons repris à 100 % l'ancien réseau de distribution de crédits de Fiat et l'avons renommé Crédit Agricole Auto Bank. »

Si le dirigeant confirme que ce seul service d'autopartage n'est pas purement lucratif, il complète un « panier » d'offres que le groupe présente comme cohérent au regard de ses ambitions d'image. Stéphane Priami assure devant la presse : « Le carsharing urbain n'est pas rentable, oui. Les services ruraux, sur lesquels nous sommes engagés par exemple à Fayence pour desservir Nice, encore moins. Mais ce n'est pas pour cela que nous ne pouvons pas le faire. Nous sommes en effet partis pour rester ».

Dans la veine du leasing « social » à moins de 100 euros par mois

Le groupe propose aujourd'hui une multitude de services, de l'autopartage (encore très minoritaire) à la location de longue durée. Sur les 24.000 véhicules qu'il encadre aujourd'hui en France, 20.000 sont proposés sous cette formule (leasing & LLD), 2.000 sont des véhicules utilitaires et 2.000 en abonnement de courte durée. Parmi eux, les 50 premiers de l'offre d'autopartage sont déployés à Lyon. L'entreprise compte en lancer 200 au total dans la capitale des Gaules d'ici à la fin de l'année.

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« Il n'y aura pas de transition énergétique verte sans location de longue durée, car il s'agit du seul vecteur de financement supportable par les citoyens et qui permette de ne pas s'inquiéter de la valeur résiduelle des biens. Sans location longue durée, il n'y aura pas de bascule massive vers le green. Je dirais aussi que la location longue durée correspond à l'esprit que les clients ont d'une désacralisation de l'automobile. Et nous avons des exemples intéressants. En juillet dernier, avec notre partenaire MG Motor, nous avons commencé à proposer des locations de longue durée de véhicules électriques à moins de 100 euros par mois. Nous sommes dans une logique de leasing dit social. »

Stéphane Priami, directeur général de Crédit Agricole Consumer Finance.

L'entreprise, qui embauche de nouveaux collaborateurs en ce sens, dit vouloir renforcer tous ces services. A Lyon, ceux-ci s'ajoutent aujourd'hui à l'autopartage entre particuliers, opéré notamment par Getaround et OuiCar. La métropole participe également au service En Covoit' Grand Lyon, opéré par Karos, dans la continuité des objectifs de réduction des véhicules individuels sur ses routes.

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