Le service est encore confidentiel. Seuls un ou deux véhicules viennent, chaque jour, s'approvisionner en hydrogène à la nouvelle station de Gravanches, inaugurée en juillet à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il faut dire que le parc automobile concerné par ce type de ravitaillement est encore restreint. Mais la station devrait vite monter en puissance.
« Nous sommes en phase de démarrage car l'offre de mobilité à hydrogène est en lancement. Cela devrait s'accélérer en 2024. La commercialisation des modèles hydrogène par Stellantis et Hyvia (co-entreprise entre Renault et Plug Power, NDLR) est vraiment attendue pour l'an prochain. Nous travaillons aussi avec une filiale de Michelin, Watea, pour la mise en place d'une offre complète de mobilité propre. Et des subventions accordées par la région et l'Union européenne devraient faciliter les acquisitions », précise Jean-Christian Beaumont, le directeur général exécutif d'Hympulsion, qui exploite cette station aujourd'hui capable de délivrer 400 kilos d'hydrogène vert par jour.
Cette station, adaptée à la mobilité lourde comme aux véhicules légers, fait partie du plan « Zero Emission Valley », premier projet de mobilité hydrogène renouvelable en France. Il est porté par un partenariat public/privé, à travers l'entreprise Hympulsion. Créée en 2018, elle a pour actionnaires la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui se présente comme pionnière en Europe sur le développement de l'hydrogène, mais aussi des industriels privés, comme Michelin et Engie, et des banques, la Banque des Territoires et le Crédit Agricole.
Marché de la mobilité d'entreprises
Cette nouvelle station est, pour le moment, réservée à la mobilité d'entreprises. « Nous nous positionnons sur le marché B to B avec les flottes de taxi, les bus, les cars mais aussi les camions. Actuellement, nos clients sont surtout des grands groupes qui viennent tester l'usage de l'hydrogène, convaincus par le gain potentiel d'autonomie et la vitesse de recharge. Sur nos stations, nous n'accueillons pas encore de véhicules de particuliers. Nous attendons les certifications pour cela », explique le dirigeant, Jean-Christian Beaumont.
L'infrastructure, qui a été construite par l'équipementier grenoblois McPhy, a coûté 8,1 millions d'euros. Une somme subventionnée à hauteur de 25 % par l'Union européenne et de l'ADEME.
« Nous estimons que la rentabilité pourra être atteinte en 2026 si le déploiement des véhicules hydrogène se déroule comme prévu. Nous prévoyons à moyen terme d'accueillir sur la station 50 véhicules légers par jour, de type Jumpy/master et taxi, et 10 véhicules lourds, que ce soit des camions ou des bus ».
Jean-Christian Beaumont, directeur général exécutif d'Hympulsion.
Les collectivités, désireuses de développer le mix énergétique de leur flotte, devraient aussi compter parmi ses utilisateurs dans les prochains mois. La région s'est en effet engagée à mettre en service 50 autocars à hydrogène sur tout son territoire entre 2024 et 2026. De son côté, le Syndicat Mixte des Transports en Commun de l'agglomération de Clermont-Ferrand a voté l'exploitation par Keolis d'une ligne de bus à hydrogène, dès septembre 2024.
Distribution et production de forte capacité
L'hydrogène, cette molécule prometteuse pour décarboner le transport, intéresse aussi de plus en plus. La station de Clermont-Ferrand présente à ce titre un double intérêt puisqu'elle fournira son propre hydrogène vert renouvelable. Grâce à un électrolyseur (pour l'électrolyse de l'eau), elle sera dans les prochains mois en capacité de fournir 800 kilos de ce gaz par jour. Ce qui en fera l'une des plus grandes unités de production d'hydrogène de France, dédiées à la mobilité.
« L'électrolyseur est actuellement en phase de test, mais il sera mis en service dès la fin d'année. Il permettra d'alimenter la station de Clermont mais aussi les stations Hympulsion les plus proches. Le transport se fera par camions qui, à courte échéance, rouleront à l'hydrogène », détaille Jean-Christian Beaumont.
Une production journalière de 800 kilos ce n'est pas rien, quand on sait qu'un kilo d'hydrogène permet de réaliser environ 100 kilomètres pour un véhicule léger, et qu'un bus en consomme en moyenne 25 kilos par jour. Pour un camion, la consommation grimpe entre 40 et 50 kilos.
14 stations prévues sur tout le territoire régional
La station de Clermont-Ferrand est la quatrième ouverte par Hympulsion en Auvergne-Rhône-Alpes, après celles de Chambéry (Savoie) en 2020, mais aussi de Moutiers (Savoie) et de Saint-Priest (Rhône) l'an dernier. Et l'entreprise ne compte pas s'arrêter là. Elle prévoit d'étendre son réseau en installant deux stations supplémentaires avant la fin de l'année, l'une à Vénissieux, dans la métropole de Lyon (Rhône) et l'autre à Saint-Égrève, près de Grenoble (Isère).
Après avoir couvert les axes est-ouest de la région, Hympulsion s'attaque maintenant à ceux entre le nord et le sud. Six à huit autres infrastructures de recharge hydrogène devraient être inaugurées d'ici mi-2024. Les permis de construire sont en phase d'instruction. Elles seront localisées notamment à Aubenas (Ardèche), Valence (Drôme), Lyon (Rhône) et Annecy (Haute-Savoie). Le Puy-de-Dôme pourrait lui aussi accueillir une autre station très prochainement.
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