
Basé à Grenoble, McPhy, spécialiste des équipements de production et distribution d'hydrogène, vient d'annoncer un nouveau projet avec ArcelorMittal : une usine pilote d'électrolyse dans l'usine sidérurgique d'Eisenhüttenstadt (Allemagne). Une première dans l'industrie sidérurgique pour McPhy.
« Il y a un volet solution mobilité et un volet strictement industriel », explique Jean-Baptiste Lucas, directeur général de McPhy. Concrètement, deux électrolyseurs de 1 mégawatt (MW) chacun « produiront de l'hydrogène directement employé dans la production d'acier. L'hydrogène sera d'abord utilisé dans le laminoir à froid. La station de recharge avitaillera ensuite des chariots élévateurs où des camions avec une partie de la production d'hydrogène. L'oxygène récupéré sur place lors de l'électrolyse pourra être réutilisé dans la production au sein du laminoir à chaud », détaille ll'entreprise. La mise en service est prévue pour 2024.
Décarboner l'industrie
La France et l'Allemagne ayant fixé des objectifs de décarbonation, les industriels doivent donc prendre le pli. « Avec ce projet, nous voulons étudier et démontrer, jusqu'à quel point il est possible de réduire dès à présent les émissions. Ceci, avant qu'un changement complet de technologie et l'utilisation davantage d'hydrogène dans les années à venir ne convertissent complètement la production à la neutralité climatique », avance Reiner Blaschek, directeur général d'ArcelorMittal Allemagne, cité dans un communiqué.
Et pour ArcelorMital l'enjeu de l'hydrogène est aussi stratégique par rapport à la nature de production. « ArcelorMittal a pris un certain nombre d'engagements qui nécessiteront des changements importants dans leurs process. D'où la nécessité de recourir à des pilotes, sachant que la métallurgie est un gros consommateur d'hydrogène potentiel et que donc ils ont un intérêt bien compris à tester et à tester ses solutions de production d'hydrogène vert », souligne Jean-Baptiste Lucas.
La région du Brandebourg finance une partie du projet à hauteur de 5,1 millions d'euros mais ArcelorMittal et McPhy ne souhaitent pas communiquer sur l'investissement global qu'a nécessité cette usine pilote.
Ce projet est aussi mené avec l'université de technologie de Brandebourg Cottbus-Senftenberg. Un moyen pour McPhy de « progresser en matière de R&D et de bénéficier du soutien d'une institution académique de premier plan qui est très en pointe dans les domaines de l'hydrogène », selon Jean-Baptiste Lucas.
Ce partenariat devrait permettre d'optimiser les électrolyseurs et « déterminer la meilleure combinaison entre software et hardware pour améliorer les performances du système, tout comme celle des logiciels utilisés dans les aéronefs grâce à la mise en œuvre d'une stratégie intelligente de contrôle des fonctions des avions », développe l'entreprise.
« On est convaincus que le potentiel du marché de l'hydrogène vert bas-carbone est extrêmement important »
McPhy mène en parallèle d'autres projets industriels de ce type, notamment dans la métallurgie et la chimie. « On va annoncer un grand projet industriel dans les quatre semaines à venir, mais en Autriche », dévoile à moitié le directeur général de McPhy.
L'entreprise s'est aussi lancée dans la construction de sa gigafactory d'électrolyseurs à Belfort. La mise en service est prévue pour semestre 2024,« avec une montée en charge progressive dans le but d'atteindre une capacité annuelle de production de 1 gigawatt. »
En 2022, elle accusait toutefois un EBITDA (bénéfices avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements et aux provisions sur immobilisations) en perte de 36,8 millions d'euros (contre - 15,5 millions d'euros en 2021) et un chiffre d'affaires en hausse de 22%, soit à 16 millions d'euros. Ce type de projet permet ainsi d'appuyer le développement de l'entreprise. « Ça s'inscrit dans notre perspective d'accroissement des activités et d'accroissement de notre chiffre d'affaires. On est convaincus que le potentiel du marché de l'hydrogène vert bas-carbone est extrêmement important. Et ce d'autant plus que les annonces récentes des gouvernements en matière de décarbonation accélèrent un certain nombre de décisions », affirme Jean-Baptiste Lucas.
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