Tourisme de proximité, séjours plus courts et moins de dépenses : le bilan de l'été 2023 en AuRA

En Auvergne-Rhône-Alpes, plus d'un tiers des touristes de l'été 2023 habitent l'un des douze départements de la région. Cette année, leur part a augmenté de 4% par rapport à l'an dernier, selon Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme. Si la diversité des paysages et l'attrait pour la montagne sont des facteurs clés, l'inflation devient aussi un marqueur déterminant à ce tourisme inter-départements. Explications.
La région Auvergne-Rhône-Alpes offre un terrain de jeu incroyable pour les touristes randonneurs comme ici près du lac de Lessy en Haute-Savoie.
La région Auvergne-Rhône-Alpes offre un terrain de jeu incroyable pour les touristes randonneurs comme ici près du lac de Lessy en Haute-Savoie. (Crédits : DR Romain Butheau)

« Nous sommes les premiers consommateurs de notre territoire ». Fabrice Pannekouck, président de l'organe régional Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, a dévoilé les chiffres du « bon bilan » de l'été 2023 dans la collectivité, mercredi 30 août 2023. La région, deuxième de France en matière de retombées touristiques (21 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022), est aussi celle où les habitants sont les plus représentés parmi les vacanciers estivaux. En 2023, plus d'un tiers d'entre eux (35%) provenaient en effet de l'un des douze départements auvergnats et rhônalpins, contre 45% de touristes extrarégionaux et 20% de vacanciers étrangers.

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Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, à la hausse de 4% par rapport à l'été précédent. Pour Fabrice Pannekouck, la panacée d'un « terrain de jeu à moins de deux heures de chez soi », propre à la topographie de la troisième plus grande région de France, est un premier déterminant. Lacs, moyenne et haute montagne, vignes, forêts, offre culturelle : la région vante la pluralité de ses paysages et de son offre, d'un tourisme itinérant en pleine nature à la tournée des cépages, dans le rang du « tourisme de savoir-faire », estime le président de l'office régional.

Les montagne et la campagne, « vainqueurs de la saison »

Cette année, les Alpes, les monts d'Auvergne et la campagne sont « les vainqueurs de la saison ». Dans le tiercé : les départements de l'Ain (+6% des nuitées en juillet et août 2023), de la Haute-Loire (+5%) et de la Haute-Savoie (+5%). Le Puy-de-Dôme (+3%), l'Ardèche (+3%) et la Savoie (+2%) voient également leur fréquentation augmenter, là où les autres départements se stabilisent, voire perdent des vacanciers, comme le Rhône (-2% des nuitées) ou le Cantal (-2%).

« Cette année, les sites de loisirs et culturels ont bénéficié d'une progression de la clientèle régionale et locale »

Fabrice Pannekouck, président d'Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme

Dans les Alpes, les grands lacs et les stations-villages ont à nouveau reçu la préférence des estivants. Mais « c'est du côté des hauteurs que l'on trouve une progression », remarque l'agence Savoie Mont Blanc. Les villages-vacances, aux formules « tout compris », ont aussi accueilli davantage de nuitées (+4%). Leur taux d'occupation est même supérieur à celui des locations entre particuliers. « Un bon positionnement tarifaire, plébiscité en période d'inflation, et peut-être aussi des demandes de dernières minutes liées à la canicule peuvent justifier cette évolution », relève Carole Duverney, responsable de l'observatoire et des études pour l'organisme bi-départemental. Car les vacances se veulent aussi plus souples, voire « hyperflexibles », remarque Fabrice Pannekouck, là où la météo et le climat constituent les principaux déterminants du calendrier de départ.

Partir moins loin et moins longtemps, mais partir quand même

L'attrait pour le tourisme régional, de proximité, trouve aussi son origine dans le contexte inflationniste. Si le nombre global de nuitées augmente de 1,9% cet été en Auvergne-Rhône-Alpes (contre 4,5% en 2022, année de reprise), le temps du séjour, lui, a tendance à diminuer, relève AURA Tourisme, avec 4,8 nuitées par déplacement en moyenne.

« Les séjours dans la région sont plus courts, mais multipliés. Les ponts des mois de mai et de juin constituent à ce titre des mini périodes de vacances. Nous avons de bons espoirs pour septembre »observe Fabrice Pannekouck, rappelant « la dimension sociale » des vacances. « On n'y renonce pas. Elles sont le sujet de l'évasion, le ciment de la cellule familiale ».

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La moitié des plus de 5.400 professionnels du tourisme interrogés par l'enquête régionale signalent également une diminution des dépenses des vacanciers. Elles concernent notamment les prestataires d'activités extérieures - déjà affectés l'année dernière par la canicule - les restaurateurs et les hôteliers.

« Les professionnels subissent doublement les effets de l'inflation, révèle l'étude d'Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme. Leurs charges augmentent et les touristes dépensent moins ».

Pour autant, 92% des professionnels indiquent n'avoir que partiellement, voire pas du tout, répercuté l'augmentation des prix sur leurs tarifs.

Les logements entre particuliers, en forte hausse

De même, si l'hôtellerie traditionnelle se maintient dans la région, les plateformes entre particuliers voient leur fréquentation augmenter de 6% en AURA, constate l'étude Liwango (Airbnb et Abritel). L'attrait pour ces logements complets, comprenant un espace cuisine, se confirme.

« Quand vous louez un appartement, avec la possibilité de cuisiner sur place, cela répond aussi d'une adaptation sur les questions de pouvoir d'achat », analyse Fabrice Pannekouck.

À l'inverse, et contrairement à la tendance nationale, les campings auvergnats et rhônalpins sont moins prisés qu'en 2022 (-4%). Pour autant, l'effet « reprise » ayant été très fort l'année dernière, ces données sont encore à prendre avec recul, pointe Jean-François Jobert, directeur général de l'organisme. « Elles sont à mettre en perspective avec le rebond de l'année précédente, et à analyser avec d'autres facteurs, qui nous parviendront dans les prochaines semaines », comme le nombre d'arrivants.

5 chiffres à retenir sur tourisme estival dans la région Auvergne-Rhône-Alpes

- Le nombre total de nuitées a augmenté de 1,9% en 2023. L'année dernière, la hausse atteignait même les 4,5% (230 millions de nuitées) en raison de la reprise post crise sanitaire.

- Certains départements tirent cette année leur épingle du jeu. Si la Haute-Savoie est toujours largement plébiscitée (+5%), ainsi que le Puy-de-Dôme (+3%), l'Ain (+6%) ou encore la Haute-Loire (+5%) se révèlent aussi très attractifs.

- En revanche, les séjours ont tendance à raccourcir, avec 4,8 nuitées en moyenne, mais restent légèrement plus longs que la tendance nationale, de 4,2 nuitées.

- 20% des touristes de la région sont étrangers. Ils viennent majoritairement de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne.

- L'effet « tour de France » : 10 des 21 étapes de l'édition 2023 ont eu lieu dans la région AURA. En juillet, 33% des professionnels interrogés affirment avoir capté une plus grande clientèle européenne. Les 2/3 estiment également que l'évènement constitue une « opportunité de retombées économiques immédiates ».

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