Départementales : dans le fief d'Eric Piolle, « le printemps isérois » pourrait-il changer la donne ?

ENJEUX. En Isère, le combat des départementales s’annonce plus ardu que prévu pour la majorité de droite en place. Car dans le département qui entoure le fief grenoblois d’Eric Piolle, la gauche et les écologistes ont réussi à se rassembler dans une majorité de cantons, notamment urbains. Mais pas en zone rurale et notamment dans le Nord-Isère, qui demeure favorable aux listes de droite et du centre. De quoi bousculer les forces en présence, et permettre à la gauche de rafler la Présidence du département ?
A l'issue de ce premier tour des départementales, on assiste à un partage de l'Isère qui se dessine entre la région métropolitaine de Grenoble, où le Printemps isérois se trouve en position favorable, et le nord du département, qui demeure fortement dominé par les listes de la droite et du centre.
A l'issue de ce premier tour des départementales, on assiste à un partage de l'Isère qui se dessine entre la région métropolitaine de Grenoble, où le Printemps isérois se trouve en position favorable, et le nord du département, qui demeure fortement dominé par les listes de la droite et du centre. (Crédits : POMA - Lucas Frangella)

La gauche reviendra-t-elle aux commandes l'Isère, qu'elle avait administrée de 2001 à 2015 sous la présidence du sénateur PS André Vallini ?

A l'occasion de ces départementales, ce sont 29 cantons et 58 sièges, allant de la Bièvre au Voironnais, en passant par la ville de Grenoble et sa couronne urbaine, qui étaient remis en jeu, après une présidence de droite conduite par l'élu LR de la Bièvre, Jean-Pierre Barbier depuis 2015, lui-même candidat à sa réélection.

Le souvenir de la déroute rencontrée par la gauche il y a six ans, où elle avait été éliminée dès le premier tour dans 11 des 29 cantons isérois, ouvrant la voie à des duels entre l'UMP et le FN, est encore très présent. Déjà à l'époque, l'ex-président PS André Vallini avait alors jugé : « Les 65% dans mon canton n'effacent pas la perte du département », relevant déjà l'époque deux causes principales, « la nationalisation du scrutin et division de la gauche ».

Des divisions internes avaient en effet eu raison de son élimination dans un peu plus d'un tiers des cantons dès le premier tour de 2015. Avec à l'époque, 32 sièges pour la droite, contre 20 pour la gauche, 4 pour les divers gauche et 2 pour une liste divers.

2021 ou la naissance du Printemps isérois

Cette année, l'élection a donc été placée sous le signe de l'union, avec les différentes composantes de la gauche (dont les écologistes) qui ont souhaité resserrer les rangs autour d'une nouvelle entité : « Le Printemps isérois ».

Avec, à l'intérieur, un appel signé par 280 militants et élus, rassemblant différences forces politiques dont le PS, PCF, EELV, LFI, Génération.S, PRG...

On compte ainsi, parmi les signataires, le maire de Grenoble Eric Piolle (EELV), l'ancien président du conseil départemental André Vallini (PS), le maire d'Echirolles Renzo Sulli (PCF) ainsi que certains représentants syndicalistes CGT du bassin, qui rejoignent le mouvement, sans y apposer toutefois leur étiquette syndicale.

Le message en sous-titre est simple : après la division, place au rassemblement. Une référence à la division enregistrée lors des cantonales de 2015, mais aussi et surtout à celle des dernières municipales et métropolitaines.

Car en juillet dernier, Grenoble avait été le théâtre d'une passe d'armes entre le camp de l'écologiste Eric Piolle, qui souhaitait soutenir désormais son propre candidat EELV à la présidence de la métropole (Yann Montgaburu), et celui du président sortant de la métropole issu du PS, Christophe Ferrari, candidat pour un second mandat.

Leur duel, qui a débouché par la réélection du président PS, soutenu notamment par le bloc des petites communes, avait abouti à une scission au sein de la majorité, qui peine encore à se refermer un an après.

Reste que pour ces départementales, le périmètre de l'enjeu, à une échelle plus large que celle de l'électorat écologiste plutôt urbain, ainsi que le mode de scrutin -qui prend en compte l'ensemble des inscrits et non pas uniquement les suffrages exprimés-, ont probablement poussé à dépasser les clivages.

Une liste d'union en bonne position au sein de la métropole

De quoi permettre aux binômes de ce Printemps isérois de remporter, lors de ce premier tour, des positions en ballotage favorable dans huit cantons de l'agglomération grenobloise : Echirolles, Fontaine-Seyssinet, Grenoble 1, Grenoble 2, Grenoble 3, Grenoble 4, Meylan, Oisans-Romanches.

Dans d'autres, comme Fontaine-Vercors ou Pont-de-Claix, le Printemps isérois devra faire face à une dynamique plus favorable au centre ou à la droite lors de ce second tour.

Fait notable : à Saint-Martin-d'Hères, le deuxième tour signera un duel entre la liste du Printemps isérois et celle d'un binôme communiste dissident, pour l'heure en position favorable.

Résultat ? A l'issue de ce premier tour, marqué lui aussi par une forte abstention en Isère (68,12%), on assiste à une ligne de partage qui semble se dessiner entre la région métropolitaine de Grenoble, où le Printemps isérois se trouve en position favorable, et le nord du département, qui demeure fortement dominé par les listes divers droite.

La majorité sortante des Républicains et de son président Jean-Pierre Barbier endosse en effet le rôle de favori dans 14 duels principalement situés en Nord-Isère (Bièvre, Bourgoin Jallieu, Chartreuse Guiers, Charvieu-Chavagnieu -qui connait même un duel LR/RN-, le Grand Lemps, le Haut-Grésivaudan, l'Isle D'Abeau, la Tour-du-Pin, la Verpillière, Vienne 1, Vienne 2, Voiron, Morestel, Roussillon) ainsi qu'aux portes de l'agglomération, dans les trois cantons de Pont-de-Claix, du Sud Grésivaudan ou de la Matheysine-Trièves.

A noter dans le Moyen Grésivaudan et à Tullins, c'est une liste PS qui est en position de force face à la droite, tandis que le Printemps isérois obtient aussi l'avantage face à la droite en dehors de Grenoble, en Oisans-Romanche.

Le rôle du bassin grenoblois dans cette élection

Face à un portait plus contrasté qu'en 2015, tout pourrait désormais se jouer à l'échelle de la métropole de Grenoble, où l'électorat de gauche, et notamment du Printemps isérois, s'est illustré.

Le bassin grenoblois jouera d'ailleurs un double rôle dans cette campagne puisque c'est là où les listes de l'union de la gauche pourraient notamment regagner une partie du terrain perdu en 2015. Pour autant, c'est aussi à cette échelle que les différentes composantes de ladite gauche ne seront pas parvenues complètement à s'entendre.

Comme à Pont-de-Claix, le fief du président de la métropole Christophe Ferrari, où le Printemps isérois a choisi de présenter un binôme composé d'un écologiste et d'un insoumis. De quoi faire partir le premier adjoint PS de Christophe Ferrari, Sam Toscano, en liste dissidente.

Même chose sur le canton de Grenoble 2 (communes de Saint-Martin-le-Vinoux, Saint-Egrève et le Fontanil-Cornillon), où les candidats du Printemps isérois ont été challengés par le maire PS de Saint-Martin-le-Vinoux, Sylvain Laval.

Deux autres combats plus localisés ont aussi écorché les idéaux de ce rassemblement : d'abord à Echirolles, où c'est une bataille plus interne cette fois, liée aux municipales, qui opposait la liste du Printemps isérois, incluant deux candidats issus de la majorité PCF du maire Renzo Sulli, face à un binôme présenté par la France Insoumise.

A Saint-Martin-d'Hères également, le tandem PCF investi par le Printemps isérois, conduit par le maire David Queiros favorable au projet de nouveau complexe commercial Neyrpic, situé sur une friche industrielle aux portes de la ville-centre, a conduit les écologistes à mener une liste dissidente.

C'est d'ailleurs à Saint-Martin d'Hères que le Printemps isérois enregistra un match où s'affronteront ses deux composantes de gauche au second tour. Un élément qui illustre bien le fait qu'en Isère, rien n'est encore complètement joué.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 24/06/2021 à 16:30
Signaler
Piole dans son fief ? 1) nous ne sommes pas en royauté, 2) 64,17% d'abstentions aux municipales, Il est légalement élu, mais n'est pas représentatif, et cela pose un réel problème démocratique d'avoir des minoritaires qui gouvernent et qui se compor...

le 24/06/2021 à 18:50
Signaler
C'est toute la stratégie de Macron et des LREM/Modem, déclinée à tous les échelons administratifs.

à écrit le 24/06/2021 à 14:14
Signaler
Piolle est un soumi à l’islam

à écrit le 24/06/2021 à 11:23
Signaler
Toute la région grenobloise est de rose à rouge vif !! C'est regrettable mais Alain Carignon est le repoussoir de la droite, en plus il a éliminé tous les concurents. Le carrefour grenoblois n'est pas prêt de retrouver sa plénitude d'il y a 25 ans, ...

à écrit le 24/06/2021 à 10:19
Signaler
L'alliance des décroissants et des soumis de La France Islamisée, ça promet !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.