C'est une carte importante que vient de piocher la start-up industrielle lyonnaise Y-Brush, moins d'un an après son tour de table à 6 millions d'euros mené auprès de Bpifrance (French Tech seed) et de plusieurs grands noms bien connus de la scène lyonnaise (Valérie Poinsot, Laurent Fiard ou encore Wendy Renard).
L'entreprise, seul fabricant de brosses à dents électriques fabriquées en France, vient de faire entrer le groupe international SEB à son capital, via le véhicule d'investissements de celui-ci dédié aux start-ups, nommé SEB Alliance.
Expertise industrielle et réseaux
Créée en 2017 par Benjamin Cohen et Christophe Cadot, Y-Brush a développé une brosse à dents électrique innovante, en forme de Y. Elle est en effet tapissée de 35.000 petits poils de nylon permettant un brossage en dix secondes, grâce à une action simultanée sur l'ensemble de la dentition. Cette innovation a d'ailleurs été primée lors du renommé Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas.
Si Y-Brush ne communique pas son chiffre d'affaires, elle revendique tout de même 100.000 utilisateurs, dont 70 % en France. Selon les chiffres transmis par la PME de 30 salariés, 8.000 brosses à dents sortent chaque mois de son usine lyonnaise. À titre de comparaison, selon l'Union française de la santé bucco-dentaire, 100 millions de brosses à dent sont vendues chaque année en France, soit 1,5 brosse par Français. Et un Français sur quatre utilise une brosse à dent électrique.
Les brosses à dents Y-Brush sont commercialisées via une distribution multicanale : site e-commerce d'Y-Brush et principales marketplaces digitales, grandes surfaces spécialisées comme Darty ou Boulanger, mais aussi les pharmacies.
Son ambition est désormais de multiplier ses ventes par deux chaque année. « Cela passera forcément par l'international. Notamment l'Asie et les Etats-Unis. Nous avons récemment ouvert Amazon US et Amazon Japon notamment », précise Benjamin Cohen, dirigeant et co-fondateur de l'entreprise.
« Seb Alliance n'a pas vocation à devenir majoritaire »
Dans cette marche en avant, la start-up va désormais pouvoir s'appuyer sur un atout de poids, son nouvel actionnaire : l'industriel lyonnais SEB, fort de ses quelque 7,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, de ses 34.000 collaborateurs et de sa trentaine de marques de référence dans le petit équipement domestique (Seb, Tefal, Rowenta, Moulinex, Krups, Lagostina etc).
« Seb Alliance n'a pas vocation à devenir majoritaire. Et même si l'apport financier de cette entrée au capital n'est pas négligeable (chiffre non communiqué NDLR), l'essentiel n'est pas là à mon sens. Nous allons pouvoir mettre en œuvre des synergies très importantes. Seb va nous apporter son expertise industrielle et son savoir-faire commercial », pointe Benjamin Cohen.
Néanmoins, même si les canaux de distribution des produits du groupe Seb sont assez semblables à ceux d'Y-Brush, il n'est toutefois pas envisagé à ce stade une mise à disposition des forces commerciales de SEB au service de la start-up, ni d'opérations commerciales conjointes. « En revanche, les équipes de SEB pourront nous aider à ouvrir des portes, en France et surtout à l'international, grâce à leur expérience ».
Seb poursuit ses investissements dans les start-ups innovantes
Du côté de Seb Alliance, il est question de poursuivre sa stratégie d'investissement dans les start-ups de son écosystème. Avec Y-Brush, il s'agit de ses premiers pas dans l'hygiène bucco-dentaire.
Depuis sa création il y a douze ans, Seb Alliance a investi 150 millions d'euros dans des entreprises innovantes : en direct dans une vingtaine de start-ups, mais aussi indirectement, via une dizaine de fonds d'investissement. C'est notamment le cas depuis quelques mois via Blisce, le fonds transatlantique de venture Capital d'Alexandre Mars dans lequel Seb a déjà injecté 10 millions d'euros. Le groupe prévoit d'en investir 150 millions de plus d'ici à 2025. Non pas pour en retirer des dividendes extraordinaires selon lui, mais pour se positionner à la pointe des nouvelles tendances.
Bruno Labrosse, vice-président finance de Seb, synthétisait ainsi en mai dernier, pour la Tribune, la stratégie de Seb Alliance :
« Notre ambition avec Seb Alliance est de réussir à capter les tendances et les innovations des start-ups du monde entier. L'enjeu prioritaire de ces prises de participation en direct n'est pas de réaliser des investissements très rentables financièrement, mais de repérer des technologies et des business models innovants qui permettront au groupe de poursuivre son chemin d'innovation. Seb Alliance est notre poste avancé en matière de veille de tendance ».
Avec trois cibles d'investissement, en lien direct avec la stratégie de diversification du groupe : le digital, le bien-être/bien-vivre et les transitions sociales et environnementales.
Du côté d'Y-Brush, en parallèle des nouvelles perspectives ouvertes par ce rapprochement avec Seb, l'heure est à la finalisation de sa stratégie quant à une imminente nouvelle quête de fonds.
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