
Thierry de La Tour d'Artaise avait déjà glissé qu'il étudiait la dissociation des fonctions « avant la fin de son mandat » en 2024. C'est désormais officiel : en fin de semaine, le groupe lyonnais Seb a annoncé que l'actuel pdg ne conserverait plus les rênes de la direction générale, qui seront confiées à son directeur délégué actuel, Stanislas de Gramont, 58 ans.
Une division de la présidence et la fonction opérationnelle qui vise à se conformer, selon le groupe, aux standards en matière de gouvernance, tout en se plaçant sous le signe de la continuité, dans une entreprise où l'actuel pdg était le représentant de la 6e génération de la famille Lescure.
A 67 ans, Thierry de La Tour d'Artaise devient ainsi le dernier directeur général, issu de la famille fondatrice au sein de l'histoire du groupe (il avait épousé l'une de ses descendantes, ndlr). S'il conservera la présidence du leader du petit électroménager, il comptera désormais sur Stanislas de Gramont pour en assurer la direction opérationnelle.
Un directeur général déjà baigné dans l'opérationnel
Diplômé de l'ESSEC, Stanislas de Gramont s'apprête désormais à prendre, de son côté, la tête d'une entreprise côtée pour la première fois, et qui plus est, détentrice de près de 160 ans d'histoire.
Mais celui-ci n'est pas nouveau ni chez Seb, où il a été en charge de plusieurs fonctions commerciales et marketing depuis son arrivée en 2018, ni dans l'univers de la distribution, où il avait d'abord fait carrière effectuée au sein du groupe Pernod-Ricard Orangina (au sein duquel il était ensuite retourné brièvement entre 2014 et 2018), avant de se diriger vers le groupe Danone (entre 1992 et 2014), pour y occuper plusieurs fonctions de direction générale, en France comme à l'international.
Témoignant d'une transmission d'abord ébauchée en 2018 et finalement confortée par les actes en 2022, cette étape se pose au cœur d'un processus murement réfléchi. Elle ne signera cependant pas pour autant le départ de Thierry de La Tour d'Artaise, qui conserve la présidence, mais n'en est pas moins significative pour le groupe Seb.
Arrivé en 1994 d'abord à la tête de son entité Calor avant de grimper jusqu'au poste de pdg de Seb en 2000, Thierry de La Tour d'Artaise, expert-comptable de formation, avait pris la suite de l'ex pdg Jacques Gairard. Et celui que l'on décrivait à l'époque comme un polyglotte aura façonné deux décennies du groupe familial.
22 années de transformation continue du groupe
Créé par Antoine Lescure en 1857, à l'origine sous la forme d'un atelier de ferblanterie près de Dijon, le groupe aura mué plusieurs fois avant et après la création de la marque S.E.B. (Société d'Emboutissage de Bourgogne) en 1944, et poursuivi sa consolidation au cours des 22 années de mandat de son actuel pdg.
Il aura ainsi conservé une dizaine de sites de production en France (contre 41 à l'échelle mondiale), où il emploie désormais 6.000 salariés sur un total de 34.000 à l'échelle mondiale. Et plus particulièrement, en Auvergne-Rhône-Alpes (qui héberge encore son siège social à Ecully, mais aussi à Rumilly et Pont-Évêque), ainsi qu'en Bourgogne, son autre berceau historique.
Passant de l'équivalent de 1,76 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 1998 à près de 8 milliards fin 2021, le Groupe Seb aura multiplié son résultat opérationnel était multiplié par 6, tout en poursuivant sa stratégie avec une vingtaine d'acquisitions (dont Moulinex, Supor en Chine, WMF en Allemagne, etc).
Un groupe face à l'épreuve de la crise Covid
Et la crise Covid-19 n'aura pas grignotté ses ambitions puisqu'à l'automne dernier, le n°1 mondial du petit électroménager domestique tablait encore sur une croissance annuelle (réhaussée) de +14% pour l'année 2021.
D'ailleurs, on saura bientôt si le lyonnais a atteint sa cible en cette fin d'année puisque le groupe Seb doit publier, le 25 février prochain, ses résultats annuels pour 2021 avant Bourse.
Selon les chiffres du Gifam (Groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils d'équipement ménager, le segment du gros électroménager aura en effet encore progressé de 30 % au cours du premier semestre 2021, tandis que celui du petit électroménager a bondi de +15%.
Jusqu'ici, le fabricant tricolore s'est distingué en faisant également de l'innovation l'un de ses piliers de développement, avec un postulat simple : « 60 % du chiffre d'affaires du groupe est aujourd'hui réalisé par des produits qui ont moins de trois ans. Chaque année, nous renouvelons un tiers de notre offre », rappelait lui-même Stanislas de Gramont. Une stratégie qui pourrait donc encore servir de mantra au nouveau directeur général.
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