L'année dernière, selon la Fédération Française du Bâtiment, la balance des emplois dans le bâtiment était positive de 15.000 emplois. Bien, mais peut (et doit) mieux faire. Pour répondre à ses besoins, la filière anticipait en effet un solde aux alentours de 24.000 emplois. Un résultat moins bon qu'anticipé, en raison principalement des difficultés de recrutement.

« L'année dernière, sur les 15.000 projets de recrutement recensés dans la filière du BTP en Auvergne-Rhône-Alpes, 75% étaient considérés comme difficiles », témoigne Samuel Minot, président de la Fédération Auvergne-Rhône-Alpes du BTP. Sur la plateforme digitale lancée en mai dernier par son organisation, pour mettre en relation les entreprises du BTP AURA et les candidats à ces métiers, près de 200 postes cherchent actuellement preneurs. Avec des tensions plus marquées sur le gros œuvre et la métallerie notamment.

« Les métiers du concret, les métiers manuels, sont à la mode, nous avons tout de même recruté plus de 120.000 nouveaux salariés sur les deux dernières années. Cela signifie que nos métiers sont attractifs. Mais nous devons absolument poursuivre nos efforts pour alimenter la croissance de nos entreprises et remplacer nos salariés qui partent à la retraite. Il est évident que les recrutements sont complexes », complète Olivier Salleron, le président national de la Fédération du BTP.

Un équipement à un million d'euros

Pour alimenter ses troupes, la filière multiplie donc les initiatives. Par exemple « les jeunes talents bâtisseurs » afin d'aller chercher des candidats dans les quartiers prioritaires des villes. Ou encore des actions plus en amont pour séduire les plus jeunes.

« Dans les cursus d'orientation, nos métiers sont évidemment en concurrence avec d'autres filières. Nous devons faire connaître nos métiers, donner envie aux jeunes de pousser la porte, de s'intéresser et puis, pourquoi pas, de se former pour rejoindre à terme la filière », poursuit le président régional.

Et c'est bien là tout l'enjeu justement d'«Expérience chantier », ce nouvel équipement innovant d'un million d'euros qui sera opérationnel en octobre prochain à Saint-Etienne. Pensé et développé par la Fédération du BTP Loire, financé notamment par le CCCABTP (comité central de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics) et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, cet espace de 400 m² se présente comme un parcours immersif ludique.

En dix étapes (dix pièces thématiques), le visiteur découvre les différents métiers concourant à la construction d'un bâtiment. Pour intéresser les collégiens et lycéens, - cibles prioritaires de ce nouvel espace-, l'ensemble a été entièrement scénarisé par les ateliers Charrons, et donne la possibilité de s'essayer aux métiers, en s'amusant. Ici, de la réalité virtuelle pour marcher sur un toit comme un couvreur, là, la manipulation d'une grue numérique en 3D ou la conduite d'une pelleteuse virtuelle etc...

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De quoi booster les orientations vers les formations du BTP, notamment vers l'apprentissage, déjà plutôt en forme ces dernières années. Sur l'année scolaire 2022/2023, 102.900 apprentis étaient en formation à l'un des métiers du BTP en France, soit 4,7% de plus que l'année précédente et surtout 50% de plus que sur l'année scolaire 2016/2017 (selon L'observatoire du BTP).

Des versions bis ailleurs

Après cet équipement pilote installé à Saint-Etienne, conçu et imaginé par la fédération départementale, d'autres pourraient essaimer rapidement dans d'autres départements. « Nous conserverons la propriété intellectuelle de la marque et nous assurerons la mise en œuvre afin de bien garder la maîtrise du projet mais nous avons désormais à disposition tous les fournisseurs et les compétences techniques pour mettre en œuvre rapidement un équipement semblable ailleurs. Nous avons d'ailleurs déjà été approchés par d'autres territoires », confie Didier Brosse, le président ligérien du BTP.

Une version nomade est en réflexion, notamment pour les Worldskills à Lyon, ainsi que des déclinaisons, spécifiquement tournées vers le public féminin par exemple.