BTP dans le Rhône : les chantiers neufs en baisse, mais « la rénovation marche du feu de Dieu » (Norbert Fontanel, Fédération BTP)

LYON BUSINESS. La filière du BTP accuse le coup des crises successives, mais elle s'adapte, selon les mots du nouveau président de la Fédération du BTP Rhône, Norbert Fontanel. Aussi, les demandes évoluent : dans la Métropole la construction de logements neufs est certes en baisse, mais les travaux publics et la rénovation sont des secteurs qui ont bien repris.
(Crédits : DR Capture écran)

Norbert Fontanel a succédé à Samuel Minot, fin janvier, à la tête de la Fédération du BTP du Rhône (FBTP). La feuille de route porte plusieurs ambitions :

« Pour ce début de mandat, je voulais parler de nos compagnons, parce que dans le bâtiment on peut tout faire, mais si on n'a pas les bras, on n'y arrive pas. C'est grâce à eux qu'on peut bâtir. Le deuxième point, c'est de parler des territoires. On parle beaucoup de ce qu'on fait à la Part-Dieu, mais 50% de nos adhérents sont hors Métropole et 50% de nos adhérents ont moins de dix salariés, donc il faut aussi qu'on aille dans les territoires pour voir leurs problématiques. La fédération est là pour apporter des services, et peut-être que ce ne sont pas les mêmes, des Ardillats à Villeurbanne », annonce Norbert Fontanel.

«  Les entreprises se sont toujours adaptées »

Un des autres enjeux de la FBTP Rhône, est la décarbonation, incontournable aujourd'hui. « Les entreprises ne pourront pas continuer à survivre si elles ne se préoccupent pas de l'environnement », affirme Norbert Fontanel.

S'en préoccuper passe aussi par un changement du « comportement de l'entreprise » avec la gestion des déchets et de l'eau, mais aussi en s'équipant de véhicules et engins de chantier moins polluants. Un autre axe se joue avec la recherche « sur les nouveaux matériaux moins énergivores et qui puissent répondre à l'enjeu thermique et structurel des bâtiments en lien avec les industriels. »

Norbert Fontanel prend aussi la présidence das un contexte particulier : après le Covid qui a arrêté les chantiers de construction et de rénovation, puis la hausse des coûts et la pénurie des matériaux, et maintenant la crise énergétique. « Les entrepreneurs du bâtiment sont là pour s'adapter que ce soit à l'environnement social, économique, sanitaire ou politique. J'ai des collègues qui sont dans des entreprises centenaires qui ont vécu les dernières guerres. Les entreprises se sont toujours adaptées et on a toujours réussi à franchir les problèmes. »

Faire face à la hausse des coûts

Le coût de l'électricité et de l'énergie a encore fait augmenter le coût des matériaux. « Les matériaux ont atteint un certain palier. J'ai fait une réunion avec un fabriquant de briques qui nous a fait passer une hausse de 25%, il y a un an, et une autre hausse de 17%, en début d'année. Je lui ai dit que ça devait s'arrêter, car on ne peut plus suivre. Il m'a répondu qu'il n'avait pas appliqué toutes les hausses qu'il aurait dû appliquer, sinon son produit n'aurait plus été concurrentiel. On se fait encore du souci, on ne sait pas ce qu'il va arriver dans les mois à venir. »

Parfois les clients ont amorti ces hausses, mais tout dépend des cas de figure. « Si on est sur des gros chantiers qu'on traite avant de commencer et qu'il y a une hausse dans les six mois, c'est compliqué d'aller revoir le client et de faire changer le prix. Si on est sur des plus petits chantiers, dans l'artisanat, on fait un devis qui est valable quinze jours, et j'espère que sur cette période on a les bons prix. »

Une baisse de la construction neuve, mais une hausse des rénovations

Samuel Minot, précédent président de la FBTP assurait pourtant, sur le même plateau, que la filière se portait bien et que les carnets de commandes étaient pleins. Selon Norbert Fontanel, aujourd'hui, ça dépend encore des cas de figure.

« Les gros chantiers de travaux neufs sont en baisse. En janvier-févier, on fait 40% de moins que l'année dernière. En ce qui concerne les travaux de rénovation et réhabilitation, ça marche du feu de Dieu, notamment grâce aux primes. Il y a des besoins. Et enfin, il y a les travaux publics. Effectivement, il ne s'est pas passé grand-chose pendant trois ans et là, par exemple, il y a trois chantiers de tramways qui partent tous en même temps. Les entreprises de TP se posent des questions, parce qu'on a rien fait pendant trois ans et on ne peut pas tout faire avant la fin du mandat. Ce manque de régularité est un problème, parce que quand on est en sous-activité ça coûte cher, mais quand il faut réaccélérer d'un coup, là aussi ça coûte cher. »

La production de logements neufs dans la Métropole de Lyon est aussi en baisse. Pour la filière , « il faut aller chercher d'autres marchés, ailleurs. Ce qui ne se construit pas dans la Métropole se répercute un peu dans les départements voisins et dans le Rhône, mais ça ne compense pas. »

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au cœur de l'actualité.

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Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaînes 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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