Kanopée se rêve en Apple store de la filière BTP

Le studio de startups lyonnais Kanopée, né initialement au sein de l’entreprise Attestation Légale, vient de lever 11 millions d’euros pour accompagner des startups dédiées à la digitalisation de la filière BTP et immobilier. Avec trois enjeux majeurs en ligne de mire : sa décarbonation, son pivot vers les marchés de la rénovation et l’attractivité des emplois.
Nicolas Barbet et Renaud Sornin veulent pousser l'innovation digitale en direction de la filière BTP.
Nicolas Barbet et Renaud Sornin veulent pousser l'innovation digitale en direction de la filière BTP. (Crédits : DR)

« Notre ambition est de constituer l'Apple Store de la filière de la construction et de l'immobilier », brandit Nicolas Barbet. Volontairement provocante, la formule a le mérite de parfaitement résumer le chemin que veulent suivre Renaud Sornin, fondateur de l'entreprise lyonnaise Attestation Légale, (11 millions d'euros de chiffre d'affaires, 100 collaborateurs) et son ex-directeur commercial, Nicolas Barbet, 52 ans tous les deux. A la vente d'Attestation Légale (éditeur de logiciels à destination du BTP) au groupe anglais OFA, les deux hommes se sont associés début 2022 pour faire vivre de manière indépendante le start-up studio qui avait été créé au sein d'Attestation Légale, sous la forme d'une filiale innovation, et qui avait déjà permis de lancer 7 jeunes pousses.

Une levée de fonds de 11 millions d'euros

Un an plus tard, Kanopée, (c'est désormais le nom de la structure créée pour porter ce studio de startups) affiche huit jeunes entreprises de plus dans son portefeuille et vise un objectif de 30 start-ups accompagnées d'ici 3 ans. Pour porter cette ambition, le Lyonnais Kanopée vient de lever 11 millions d'euros auprès de 36 investisseurs, dont le fonds French Tech Accélération II de France 2030 (géré par Bpifrance), l'assureur mutualiste SMA BTP et le groupe OnceForAll, leader du marché français de la conformité dans la construction et repreneur d'Attestation Légale. Se sont également associés à cette levée de fonds, une vingtaine de dirigeants d'entreprise de la filière digitale et de la construction, principalement des entrepreneurs lyonnais. Dont certains grands noms préférant jouer la discrétion.

Répondre aux enjeux de la filière

Toutes les startups qui seront accompagnées par Kanopée auront un point commun intangible : mettre le digital au service de la filière du BTP et de l'immobilier. « Aujourd'hui, la filière est moins digitalisée que l'agriculture... C'est un enjeu majeur, nous avons un boulevard de digitalisation devant nous », souligne Nicolas Barbet. Cette digitalisation devra permettre de répondre à des problématiques qu'il identifie comme cruciales pour le secteur.

« La filière est, à mon sens, confrontée à trois enjeux majeurs. Le premier est celui de la décarbonation car cette industrie est toujours très polluante. Ensuite, le BTP va désormais devoir pivoter sur les marchés de la rénovation en raison des contraintes d'artificialisation des sols. Cela nécessite de nouveaux outils de planification par exemple. Et puis, il y a le sujet auquel toutes les entreprises de la construction se heurtent aujourd'hui : le recrutement et donc l'attractivité de la marque employeur ».

Fonctionnement en mode studio

Kanopée a conservé le modèle de studio initié au sein d'Attestation Légale. « Ce ne sont pas les start-ups qui viennent frapper à la porte, c'est nous qui allons chercher les entrepreneurs pour porter les idées mises en avant ». Le principe : des ateliers collaboratifs réunissant des communautés d'acteurs de la filière (par exemple des bailleurs sociaux), pour identifier « des points de douleur » et avancer sur le cahier des charges d'une solution digitale qui permettrait d'y répondre. Charge à Kanopée d'aller chercher dans son réseau un duo d'entrepreneurs en capacité de porter le business, en investissant à leurs côtés (20% du capital en moyenne).

« Nous sommes en quelque sorte des accoucheurs, nous les aidons à construire, maturer et nous les accompagnons jusqu'à la crèche. Ensuite, nous sortons pour laisser la place à des fonds investissant de manière plus conséquente ».

Parmi les start-ups « accouchées » dans le cadre cette démarche, Subclic (Marseille) qui a mis au point une solution logicielle pour gérer la cascade de sous-traitance courante dans le BTP. Elle enregistre un chiffre d'affaires d'un million d'euros et compte 30 salariés. Autre exemple : Lowit à Lyon (30 salariés) qui propose un outil digital dédié à la rénovation énergétique du patrimoine tertiaire grâce à la création de jumeaux numériques. Ou encore Nexxio, à Lyon également, qui s'adresse aux bailleurs sociaux pour faciliter le pilotage des opérations d'entretien.

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