Energies renouvelables : le grenoblois GEG maintient son cap, malgré une météo politique incertaine

Le producteur grenoblois d’électricité verte va investir 20 millions d’euros pour augmenter significativement sa production. De 350 GWh par an, il entend passer à 500 GWh annuels d’ici 2030. Une stratégie qu’il va coupler au développement de solutions de stockage sur batterie, un marché sur lequel il fait ses premiers pas.
Avec près de 70 projets en cours, l'entreprise d'économie mixte grenobloise va progressivement adjoindre le stockage de batteries à cette montée en puissance de sa production d'énergies renouvelables.
Avec près de 70 projets en cours, l'entreprise d'économie mixte grenobloise va progressivement adjoindre le stockage de batteries à cette montée en puissance de sa production d'énergies renouvelables. (Crédits : Ville de Grenoble)

Sinon la tempête, du moins une météo politique très incertaine, menace le secteur des énergies renouvelables, un secteur qui attendait avec impatience (et depuis de nombreux mois) une feuille de route précise avec des objectifs chiffrés à atteindre dans les dix prochaines années.

Le débat national devait d'ailleurs démarrer ce lundi 10 juin. Mais ça c'était avant. Avant que les résultats des élections européennes ne poussent Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée Nationale. La concertation serait remise à juillet, selon le cabinet du Ministre délégué à l'industrie et l'énergie, Roland Lescure. Après les élections législatives donc, qui pourraient mener possiblement le Rassemblement National aux manettes du pays. Or, dans son programme pour la présidentielle de 2022, sa cheffe de file, Marine Le Pen, préconisait un moratoire sur le solaire, et un démantèlement pour l'éolien.

« Il est évident que le secteur des énergies renouvelables est très dépendant de l'État et de la stratégie fixée par les décideurs politiques. Il faudra bien comprendre les positionnements. Mais il est tout de même aujourd'hui communément partagé que le développement des énergies renouvelables est indispensable, le nucléaire ne suffira pas à couvrir les besoins. Le G7 a préconisé une multiplication par six des ENR d'ici 2030, nous allons donc avancer dans cette direction », commente prudemment Nicolas Flechon, le directeur production énergies renouvelables de GEG.

En attendant d'éventuelles turbulences dans sa feuille de match (ou pas), GEG Ener,  filiale à 78% de la société d'économie mixte GEG (elle-même détenue majoritairement par la métropole et la ville de Grenoble) et à 22% de la Banque des territoires, poursuit sa route. Sans modifier ses plans, elle a inauguré ce vendredi 14 juin une extension d'un parc photovoltaïque implanté à Susville dans le sud de l'Isère. Soit 13 MW supplémentaires sur une surface d'une vingtaine d'hectares.

20 millions d'euros d'investissement par an

Sur les six dernières années, GEG Ener a triplé sa production d'énergies renouvelables pour atteindre, en 2023, un peu plus de 350 GWh déployés sur l'ensemble du territoire français. Soit l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville comme Grenoble, une cible politique qu'avaient souhaité atteindre symboliquement la métropole et la ville de Grenoble, actionnaires majoritaires de GEG.

Le producteur grenoblois  d'ENR dispose aujourd'hui d'une soixantaine de sites en exploitation : la moitié environ en parcs photovoltaïques, une dizaine de centrales hydroélectriques, quelques parcs éoliens, des unités de cogénération et de méthanisation. Chaque année, elle en ajoute une dizaine à son portefeuille, avec un rythme d'investissement annuel de l'ordre de 20 millions d'euros.

Un rythme qui devrait prendre un peu plus d'envergure dans les prochaines années, notamment grâce à l'augmentation de capital de 10 millions d'euros à laquelle ont procédé récemment ses deux actionnaires, GEG et la Banque des Territoires.

Une cible à 500 GWh en 2030

D'ici 2030, l'objectif est d'atteindre une production de 500 GWh.

« Nous avons actuellement environ 70 projets en cours. Dont un tiers environ dans le photovoltaïque, un tiers dans l'hydroélectrique et un tiers dans l'éolien. Le photovoltaïque prend de plus en plus d'envergure car les sites d'hydroélectricité favorables se raréfient forcément et parce que les éoliennes font face à des recours systématiques qui ralentissent les projets. Cela ne veut certainement pas dire que nous abandonnons cette filière, nous continuons au contraire à la soutenir en impliquant les territoires et les populations afin de favoriser leur acceptabilité, via des sociétés d'économies mixtes. Nous démontrons aussi par l'exemple », développe Nicolas Flechon.

Et de citer l'exemple de son parc éolien de Rivesaltes en Occitanie. Un parc de 8 éoliennes en fin de vie qui a été entièrement démonté, recyclé à 90% selon GEG Ener et remonté, pour finalement une mise en service il y a un an d'un parc de seulement six éoliennes, mais produisant 50% d'électricité supplémentaire par rapport à la version précédente. Soit 24 GWh, la consommation annuelle moyenne de 5.000 ménages français.

Premiers pas dans le stockage par batteries

L'entreprise d'économie mixte grenobloise va progressivement adjoindre le stockage de batteries à cette montée en puissance de sa production d'énergies renouvelables.

« La part des énergies renouvelables va augmenter ces prochaines années dans le mix énergétique français. Ce développement va nécessiter plus de flexibilité du réseau. Et cela passera forcément par les batteries », poursuit Nicolas Flechon.

Pour Cyril Jarret, responsable projet innovation de GEG, « le stockage jouera un rôle crucial dans la transition énergétique ».

« En raison du développement des ENR, du photovoltaïque en particulier, nous constatons de plus en plus d'épisodes de prix négatifs entre 12 et 16h. Les batteries doivent pouvoir stocker et restituer aux pics de consommation à 8h ou 20h ».

Mais GEG Ener n'en est pas encore là, elle expérimente d'abord l'efficacité et le modèle économique du stockage sur batteries simple, sans adossement à une installation de production. Après une première batterie expérimentale en 2021 de 1 MW à Villard-Bonnot (38), GEG Ener va désormais accélérer : trois projets de stockage sur batterie (batteries Entech) sont en cours de construction (12 MW/24 MWh) en Isère et en Savoie. Selon Xerfi, la France comptait en 2022, 600 MW de capacité de stockage, et devrait en afficher 13 GW en 2025.

« Nous souhaitons être prêts pour les besoins de réserve secondaire de RTE. Ces batteries permettront aussi de faire éventuellement de la réserve primaire, de la vente spot sur le marché et participer aux mécanismes d'ajustement », poursuit l'expert de GEG. « Dans les deux prochaines années, le modèle des batteries sera probablement viable économiquement. Nous en arriverons bientôt à un couplage avec nos installations de production d'énergies renouvelables, nous procédons par étape ».

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