Verney-Carron va équiper l’armée ukrainienne en armes de petit calibre

La PME stéphanoise annonce un contrat majeur avec une société d’État ukrainienne. Il porte sur la fourniture de 10.000 fusils d’assaut (Lebel VCD 15), 2.000 fusils de précision (Lebel VCD 10) et 400 lance-grenades. Il s’agit de la première réussite d’envergure de l’armurier, essentiellement spécialisé dans les fusils de chasse, dans sa stratégie de diversification vers la Défense.
Verney Carron va fournir 10.000 fusils d'assaut à l'Ukraine.
Verney Carron va fournir 10.000 fusils d'assaut à l'Ukraine. (Crédits : Verney Carron)

Le contrat est plus que significatif pour la PME Verney-Carron (6 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 ; 90 salariés). L'armurier stéphanois a signé, il y a quelques jours, un contrat cadre de 36 millions d'euros avec la société d'État ukrainienne Ukrspecexport. Celui-ci porte sur la fourniture de 10.000 fusils d'assaut (Lebel VCD 15), 2.000 fusils de précision (Lebel VCD 10) et 400 lance-grenades. Les livraisons de lots de qualification sont prévues début 2024 et les premières séries mi-2024. La fabrication s'étalera sur une dizaine de mois, ce qui devrait laisser le temps à la PME d'adapter son outil de production à ce contrat XXL.

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La réalisation effective de cette commande est soumise à la mise en place du financement nécessaire, ce dernier devant être assuré notamment par le fond de soutien à l'Ukraine de l'État français. Celui-ci vise à lui permettre de s'équiper militairement auprès d'entreprises françaises. Fonds créé il y a an, doté initialement d'une enveloppe de 100 millions d'euros finalement doublée, mais d'ores et déjà dépensée dans l'achat de canons Caesar, munitions et divers équipements. Le nouvel abondement du fonds de soutien à l'Ukraine, à hauteur de 200 millions d'euros, doit être très prochainement discuté à l'Assemblée nationale, dans le cadre du projet de loi de finances 2024.

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Accélération de l'activité défense

Fabricant historique d'armes de chasse depuis 1820 (5.000 à 6.000 fusils de chasse vendus chaque année), Verney-Carron fabrique aussi les flash-balls destinés aux forces de l'ordre (activité stable avec un pic de commandes constaté cet été). Et puis, l'entreprise développe sous la marque Lebel, ces dernières années, une gamme d'armes en lien avec la sécurité et la défense. Handicapée par son envergure modeste, la PME n'avait toutefois pas réussi, jusqu'ici, à convaincre la Direction Générale de l'Armement française sur sa capacité à assurer des marchés d'envergure.

Le frein a donc visiblement pu être levé, sans doute grâce au nouvel actionnaire de Verney Carron. En difficulté, la PME stéphanoise a en effet été reprise l'année dernière par le groupe Cybergun (48,8 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2022), acteur mondial de l'airsoft positionné fortement sur le militaire depuis 2018.

« Sans le poids de Cybergun, il aurait été extrêmement difficile pour Verney Carron de décrocher ce marché même si elle est la dernière manufacture française capable de fabriquer des armes de petit calibre. Lorsque les Ukrainiens viennent s'équiper en France, selon les obligations fixées par le fonds de soutien, personne d'autre que nous ne peut leur répondre sur les armes de petit calibre», observe Hugo Brugière, le président du groupe Cybergun.

Le dirigeant évoque le rôle favorable de la DGA dans la signature de ce contrat ainsi que le soutien « très actif » du député Quentin Bataillon (Renaissance) et du député rhodanien Thomas Gassilloud (Renaissance), président de la commission de la Défense nationale et des forces armées, fervent défenseur de la reconstruction d'une filière industrielle française d'armes de petit calibre.

« Nous discutions depuis un an environ avec les différentes parties mais les choses se sont beaucoup accélérées ces trois derniers mois », précise Hugo Brugière.

Le contrat signé avec la société d'État ukrainienne, prévoit un éventuel réabondement à la hausse. Selon nos sources, la demande initiale de l'Ukraine portait sur un volume d'armes supérieur mais, encore jeune sur ce secteur militaire, Verney Carron aurait préféré d'abord sécuriser cette première production d'armes de guerre à échelle industrielle.

Avec son fusil de précision, lancé il y a sept ans, Verney Carron équipait déjà, certes, les forces spéciales, mais les volumes ne sont pas comparables avec ce contrat ukrainien. Quand au fusil d'assaut, le VCD -15, commercialisé depuis un peu plus d'un an seulement, il équipe depuis quelques mois les forces spéciales de l'armée marocaine et celles de Madagascar, mais l'échelle est de quelques centaines d'exemplaires. Rien à voir avec les 10.000 fusils à livrer en quelques mois aux soldats ukrainiens. La PME va donc devoir assurer son baptême du feu industriel en matière d'armes de guerre et transformer positivement l'essai de cette première vraie réussite commerciale de son activité Défense. 25 personnes vont être recrutées à Saint-Etienne pour la production de ces armes destinées aux Ukrainiens.

« Nous pensons que cette commande va asseoir notre positionnement et renforcer notre crédibilité sur ce secteur. Cela devrait créer un appel d'air en notre faveur », lance le président de Cybergun.

20 millions d'euros d'investissement sur cinq ans

L'enjeu est d'importance. Aussi bien pour la souveraineté militaire française que pour le développement de Cybergun. Les armes de petit calibre figurent en effet au cœur de la stratégie industrielle que veut déployer le groupe Cybergun. C'était ainsi un de ses points d'intérêt majeurs pour Verney Carron lorsqu'il s'est positionné sur la reprise de la PME l'année dernière.

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A terme, la répartition du chiffre d'affaires de Verney-Carron devrait progressivement passer de 80% réalisés avec les armes de chasse et 20% avec la Défense/sécurité à un quasi 50/50. Hormis ce pic 2024 qui sera évidemment fortement déséquilibré en faveur de la Défense.

Pour assurer cette montée en puissance, Cybergun avait annoncé, au moment de la reprise, une enveloppe d'investissement de 20 millions d'euros sur cinq ans. Sept ont déjà été consommés, selon Hugo Brugière, dans les stocks, l'outillage, ainsi que dans des dépenses commerciales et marketing. Sur les 13 millions d'euros restants, cinq seront consacrées à la future usine de Verney Carron. Un site de 10.000m² est annoncé pour 2025. Une reconversion de friche à Saint-Etienne est actuellement à l'étude, en balance avec une construction ex-nihilo dans la périphérie. Les fonds restants, sept millions d'euros donc, seront affectés à la R&D pour le lancement de nouveaux fusils. D'ici 2025, les effectifs de la PME devraient grimper à 150/200 salariés selon les prévisions de son actionnaire.

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Commentaires 2
à écrit le 20/02/2024 à 19:09
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ßuper menteur macron à encore sevi....ca va du combien de temps..

à écrit le 20/02/2024 à 12:33
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Bonjour la bonne question est de savoir qui va payer ses armes je n'ai pas tout commandé mais il faut surtout c'est d'abord régler la facture voilà la réalité de notre monde bien sûr il ne faut pas le dire

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