Matière, cette ETI du Cantal qui s'apprête à fournir des ponts à l’Ukraine

L'entreprise Matière est en passe de fournir une trentaine de ponts modulaires à l'Ukraine afin de remplacer ceux détruits par le conflit. Ce spécialiste des ouvrages d’art situé à côté d’Aurillac en a déjà livré quatre dans le pays en fin d’année. La nouvelle commande pourrait s’élever à 25 millions d’euros.
(Crédits : DR Matière)

Alors que la guerre continue de faire rage en Ukraine, le pays tente déjà de remettre sur pied ses infrastructures. Une entreprise cantalienne participe à cet effort de reconstruction. La société Matière installée à Arpajon-sur-Cère près d'Aurillac et spécialiste des ouvrages d'art. Cette ETI, entreprise de taille intermédiaire, familiale est en passe de livrer 30 à 35 ponts modulaires (pré-fabriqués en atelier et livrés en kit) dans le pays. Des ponts métalliques qui devraient remplacer une partie de ceux détruits par les bombardements russes. Les discussions sont en cours de finalisation avec le gouvernement ukrainien. Le financement doit encore être bouclé.

« Nous avons fait à l'Ukraine une proposition de 30 à 35 ponts qui pourrait être financée par le biais d'un prêt du Trésor de l'ordre de 25 millions d'euros. Ce qui veut dire que le pays pourrait rembourser ces ponts sur une durée très longue et avec des taux d'intérêt très faibles. C'est une décision du président Emmanuel Macron et c'est un geste exceptionnel de la France » explique Philippe Matière à la tête de la société qui compte aujourd'hui plus de 500 salariés.

Déjà 4 ponts Matière livrés et assemblés en Ukraine

Les négociations se poursuivent. L'Ukraine, qui a des besoins gigantesques de reconstruction, doit faire des arbitrages et choisir ses priorités. Selon un dernier décompte, plus de 400 ponts auraient été détruits dans le pays depuis le début du conflit. Pour répondre à l'urgence et rétablir la circulation sur certains axes routiers stratégiques, Matière a cependant déjà fourni à l'Ukraine quatre ponts modulaires d'une portée d'une quarantaine de mètres, aujourd'hui en service.

Des ouvrages partis en kit par containers début septembre du port de Marseille dans le cadre de l'opération « Un bateau pour l'Ukraine », montée par le gouvernement français. L'Etat en a financé trois, chaque pont coûtant entre 600 et 700 000 euros. L'entreprise Matière a donné gracieusement le quatrième.

« Ces ponts ont été préfabriqués en France, les modules ont été transportés par bateau et ce sont des entreprises ukrainiennes qui les ont assemblés sur place à partir de nos plans. Nous avions un de nos chefs monteur sur place, un ancien militaire de la légion étrangère. Un professionnel aguerri. On ne veut prendre aucun risque » précise Philippe Matière.

Mais rien d'extraordinaire pour l'entreprise qui a l'habitude de travailler dans des zones difficiles, soit à cause de conflits comme en Irak ou en Libye, soit à cause d'aléas climatiques comme aux Philippines.

Technologies brevetées et savoir-faire

Cette nouvelle commande d'une trentaine de ponts pourrait apporter 5 à 6 mois de travail pour la centaine de salariés de l'usine Matière d'Aurillac.

« Nous avons les emplacements, essentiellement au-dessus des rivières. Nous avons travaillé sur les indications topographiques et géotechniques. Nous sommes prêts » poursuit le dirigeant.

Et si l'entreprise a séduit les autorités ukrainiennes c'est grâce à ses solutions techniques innovantes et son savoir-faire. Matière possède en effet plusieurs systèmes brevetés qui permettent de préfabriquer des ponts rapidement et de les installer tout aussi rapidement et facilement, ce qui présente un avantage pour Kiev. Il n'a ainsi fallu qu'une semaine pour monter chacun des quatre ponts déjà livrés en Ukraine.

Contrat à 85 millions d'euros avec la RDC

Et le pays de l'Est n'est pas le seul à s'intéresser aux produits de ce fleuron industriel cantalien. Matière, qui réalise 180 millions de chiffre d'affaires en moyenne par an, vend ses ponts dans le monde entier. L'entreprise vient d'ailleurs de remporter un marché record en Afrique. Début mars, elle a signé un contrat avec la République Démocratique du Congo afin de lui livrer 200 ponts à charpente métallique en trois ans. Une commande de 85 millions d'euros.

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