
L'industriel - qui réalise 80% de son chiffre d'affaires à l'export et revendique l'équipement de 20% des vélos produits en Europe- produit déjà sur son site ligérien historique ses rayons et ses jantes destinés aux roues de vélo. En revanche, au fil de son histoire, l'entreprise créée il y a 85 ans avait délocalisé en Asie la fabrication de ses écrous, ces petites pièces permettant de fixer les rayons d'une roue de vélo à la jante (32 écrous par roue en général).
La PME de 146 salariés (37 millions d'euros de chiffre d'affaires en France) a donc décidé de rétropédaler et de rapatrier en Europe la production de ces petits écrous. Il s'agit pourtant d'un marché de volume, à faible valeur ajoutée. Typiquement donc le type de pièces sur lesquelles les industriels français ont du mal à assurer leur compétitivité. Mach1 sera d'ailleurs une des très rares entreprises européennes à proposer une fabrication locale, et en volume, de ces écrous.
Automatisation et mix franco/portugais
Pour y parvenir, Mach1 mise sur un double levier facilitateur. D'abord, celui d'une automatisation très poussée, avec à la clé un investissement de plusieurs millions d'euros (montant confidentiel, abondé par France 2030) dans son usine française. Ensuite, un mix de production avec un investissement jumeau au Portugal.
« C'est un pari osé car l'écrou n'est pas un produit technologique, c'est un produit de volume. Nous comptons néanmoins réussir à produire en local, avec un prix de vente équivalent à ce qu'on pratiquait jusqu'ici avec des écrous produits en Asie », explique Guillaume Boutte, le directeur général de Mach1.
Tout en reconnaissant néanmoins que seul le mix de production France/Portugal lui permet de porter ces ambitions « en raison des différences de niveau de charge entre la France et les autres pays ».
« L'équation économique est très complexe en France pour ce type de productions. Nous ne sommes pas magiciens... Les différences de taxe sont telles que s'il n'y a pas une réelle volonté de relocalisation des acteurs, - fabricants et clients-, ces projets ne peuvent pas se concrétiser ».
Réelle volonté qu'affirme justement porter Mach1, encouragée en ce sens par ses clients fabricants de vélos, eux-mêmes mis sous tension sur le sujet par leurs clients cyclistes. Sans compter que ces fabricants et distributeurs de vélos se souviennent encore des nombreuses pénuries de composants auxquelles ils avaient dû faire face en pleine crise Covid lorsque les containers ne partaient plus de Chine alors même que les Européens se mettaient massivement au vélo...
« Le délai de livraison et la réactivité n'auront évidemment aucune comparaison possible avec une production chinoise. Les avantages d'une fabrication locale sont indiscutables, sans parler évidemment des économies de CO2 générées en évitant de mettre des containers sur les mers », insiste Guillaume Boutte.
Investissement dans une nouvelle usine
Les machines destinées à ces écrous Made in France, notamment pour la frappe à froid, devraient arriver à l'automne pour un démarrage de la production d'ici la fin de l'année, puis une montée en puissance progressive dans les mois qui suivront.
Pour accueillir ces nouvelles capacités internes de production, Mach1 va investir dans une nouvelle usine de quelques 13.500m² qu'elle va construire à Cleppé, à quelques kilomètres de son site actuel de Marclopt. Un investissement de l'ordre d'une dizaine de millions d'euros.
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