Pneumatiques durables : comment Michelin compte repousser ses propres limites

Après l'innovation de rupture qu'avait représenté la sortie du CrossClimate en 2015, Michelin lance une nouvelle version de ce pneu toutes saisons, qui se veut aussi plus durable. Même si son ADN demeure bien ancré dans le domaine des pneumatiques, le groupe auvergnat développe aujourd’hui plusieurs axes d’innovations stratégiques, malgré un plan de simplification et de compétitivité amené à toucher 2.300 postes en France d'ici 2024.
Malgré un plan de simplification et de compétitivité amené à toucher 2.300 postes en France d'ici 2024, Michelin s'est fixé des objectifs ambitieux sur le terrain du développement durable, avec, d'ici 2050, l'engagement que tous les pneumatiques de Michelin soient composés à 100 % de matériaux durables.
Malgré un plan de simplification et de compétitivité amené à toucher 2.300 postes en France d'ici 2024, Michelin s'est fixé des objectifs ambitieux sur le terrain du développement durable, avec, d'ici 2050, l'engagement que tous les pneumatiques de Michelin soient composés à 100 % de matériaux durables. (Crédits : DR/michelin)

Après l'innovation de rupture que constituait son pneu toutes saisons (CrossClimate) en 2015, qui fusionnait ainsi pour la première fois les deux mondes de l'hiver et de l'été, l'annonce récente de son successeur (Michelin CrossClimate2) s'intègre parfaitement dans la stratégie « Tout durable » 2030 du groupe auvergnat.

Il répond, en France, à la nouvelle réglementation de la Loi Montagne et illustre que « l'innovation chez Michelin, c'est la création de valeur nouvelle reconnue par nos clients ». « Elle a même joué et jouera un rôle clé dans la croissance et la performance du groupe », fait valoir Éric Vinesse, directeur de la recherche et du développement Michelin.

Objectif : concilier l'usage de nouveaux matériaux ainsi qu'une nouvelle structure, afin de lui permettre d'adresser le marché devenu très porteur des pneumatiques 4 saisons. Celui-ci a en effet déjà connu une croissance annuelle de 19 % depuis 2015, et devrait encore connaître une progression de +16% en Europe au cours des 5 prochaines années, estime l'équipementier Michelin.

« Placer l'innovation au cœur de la stratégie est une véritable conviction pour nous : quelle que soit sa source, elle est le vecteur fondamental de notre développement, ainsi qu'un formidable moteur de compétitivité et de pérennité de l'entreprise », justifiait ainsi Eric Vinesse.

Cette innovation qui s'appuie également sur la conception d'un nouvel élastomère, conçu et fabriqué au sein d'une usine du groupe, située à proximité de Bordeaux (Nouvelle-Aquitaine), est née au cœur du vaisseau amiral de l'écosystème du groupe Michelin, le centre de recherche et de développement de Ladoux, à Clermont-Ferrand.

À l'origine de 72 % des pneumatiques développés par Michelin et des 15.000 prototypes conçus chaque année, ce campus auvergnat de Ladoux, spécialisé dans la « recherche et développement industrialisation » se positionne comme le plus grand bâtiment d'Auvergne Rhône-Alpes (67.000 m2).

En 2019, Michelin a consacré 687 millions à la R&D, au service d'une feuille de route clairement affirmée par son président Florent Menegaux. La stratégie repose sur la recherche d'un "juste équilibre" et ce, même si le groupe a annoncé par ailleurs un plan de suppressions de 2.300 postes en France sur les 21.000 emplois hébergés en Francedans le cadre d'un "plan de simplification et de compétitivité" appelé à se faire d'ici 2024 "sans départs contraints".

Le pneumatique, mais pas seulement

Au printemps 2021, en parallèle à cette annonce, Florent Menegaux avait d'ailleurs reprécisé la vision « Tout durable » du groupe et affirme que celle-ci croise toujours sa stratégie d'innovation. Avec ce nouveau plan stratégique Michelin In Motion, le groupe se donne ainsi une dynamique de croissance qui se veut ambitieuse pour les dix prochaines années.

« D'ici 2030, tout en restant fidèle à son ADN, le profil du groupe aura fortement évolué avec la montée en puissance de nouvelles activités à haute valeur ajoutée autour, et au-delà du pneumatique. C'est cette capacité à se réinventer en permanence qui fait la force de Michelin depuis plus de 130 ans et nous donne confiance en l'avenir. »

Face à un marché du pneumatique marqué notamment par l'arrivée massive de produits à bas coûts, Michelin doit lui aussi miser sur de nouveaux territoires de croissance.

Les évolutions de la mobilité post-Covid, et notamment l'essor du marché des véhicules électriques, constituent en effet un premier levier de développement, à travers la conception et la fabrication de pneus adaptés aux véhicules électriques.

L'équipementier auvergnat compte aussi enrichir son offre de solutions pour les flottes, en s'appuyant sur les objets connectés et la valorisation des données collectées et souhaite par ailleurs croître significativement sur le marché très dynamique des composites flexibles (convoyeurs, courroies, tissus enduits, joints...) avec une politique de fusions-acquisitions, créatrice de valeur ainsi que l'incubation de nouveaux business.

Sans compter le secteur médical, qui s'affiche aussi comme une nouvelle opportunité de croissance pour les prochaines années. Dans l'impression 3D métal, l'équipementier auvergnat a par exemple développé une expertise lui permettant de proposer une palette de solutions sur mesure pour l'industrie au sein d'AddUp, sa coentreprise avec Fives. Sans oublier le secteur de la mobilité Hydrogène, où Michelin souhaite devenir un leader mondial des systèmes de piles à hydrogène, à travers Symbio, sa joint-venture avec Faurecia.

Une aile gonflable, comme futur de la mobilité ?

À l'occasion de Movin'On 2021, sommet mondial de la mobilité durable, Michelin a d'ailleurs présenté deux autres innovations majeures, en lien avec les enjeux du futur de la mobilité : l'efficacité du transport et la préservation des ressources.

Son projet « Wisamo » se positionne par exemple comme une solution de rupture pour décarboner le transport maritime. Son aile gonflable, rétractable et automatisée, s'installe ainsi sur les navires marchands et de plaisance, et s'appuye sur la propulsion du vent, une énergie gratuite, universelle et inépuisable.

Un premier bateau de transport maritime sera ainsi équipé de cette nouveauté courant 2022. Michelin prévoit une industrialisation la même année, à la suite des phases de tests.

Annoncé à Movin'On 2021 et dévoilé aux 24 Heures du Mans cet été, Michelin a également présenté son pneu de compétition « Démonstrateur 46 », le seul pneu de compétition automobile intégrant 46 % de matériaux durables.

Ce pneumatique équipait déjà le prototype à hydrogène Mission H24 de GreenGT, une voiture développée pour les courses d'endurance. D'ici 2050, tous les pneumatiques de Michelin seront d'ailleurs composés à 100 % de matériaux durables, avec une première étape fixée à 40 % en 2030.

(avec ML)

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