Autopartage : à Lyon, la Métropole reprend la main sur les véhicules en station

Les élus de la Métropole ont approuvé, ce lundi 11 décembre 2023, le lancement d'un « service public de l'autopartage » afin de déployer 3.600 véhicules en station d'ici à 2030. Opéré aujourd'hui par la société d'économie mixte Lyon Parc Auto (LPA), le service passera en janvier sous la coupe de la société publique lyonnaise des mobilités, entièrement publique. Les élus vantent un modèle « complémentaire » avec les trois opérateurs privés en free-floating, là où ces services peinent à atteindre la rentabilité.
(Crédits : DR)

Les petites voitures Citiz bleues et blanches suivront-elles la voie des vélov ? Les élus écologistes de la Métropole de Lyon comptent bien faire adopter ces véhicules partagés aux habitants à travers un nouveau format de « service public » des voitures en autopartage, jusqu'ici opérées par plusieurs opérateurs privés, avec l'appui de la Métropole. La collectivité vient en effet de voter son schéma directeur 2024-2030, prévoyant un déploiement global de 1.000 véhicules d'ici deux ans - contre 400 aujourd'hui - puis 3.600 au total d'ici à la fin de l'année 2030. Le tout, à travers un maillage étendu à « une station de trois véhicules tous les 330 mètres », indique la Métropole.

Lire aussiAutopartage : à Lyon, les voitures en libre-service essaiment et cherchent leur créneau

L'objectif est ici de reprendre la main sur la gestion globale du service : « Est apparue une nécessité de structurer et préciser notre stratégie de déploiement territorial et nos modalités de gestion », rapporte Fabien Bagnon, vice-président aux intermodalités. Les deux services d'autopartage opérés depuis 2020 par la société d'économie mixte Lyon Parc Auto - LPA (qui exploite par ailleurs les parking de la Métropole), connaissent en effet depuis plusieurs années un gros défaut de rentabilité : les véhicules Citiz (158 stations) affichaient une perte de résultat net de 2,1 millions d'euros sur la période 2018-2022, malgré leur quelque 10.000 utilisateurs et une croissance de 56 % des réservations en un an. Du côté de Yea !, le service en « free-floating » (sans station d'ancrage) de LPA, abandonné en juin dernier, la perte était de 2,3 millions d'euros.

Stations ou free-floating : la « complémentarité »

La Métropole s'est en effet retirée de ce service pour « clarifier le périmètre d'intervention de l'opérateur public ». L'heure est ainsi à une restructuration de modèles que la majorité juge « complémentaires » : d'un côté, celui des services en station comme Citiz. De l'autre, celui du « free-floating », désormais opéré uniquement par trois autres opérateurs privés : les 145 véhicules Zity (Renault), les 400 de Leo&go et la centaine de voitures E+Share (Drivalia), déployés il y a deux mois dans le paysage métropolitain.

Du côté des véhicules en station, l'idée de la majorité était de faire basculer ce service dans son giron à travers la nouvelle Société publique lyonnaise des mobilités (avec le Systral et la Ville de Lyon). Créée en juin 2022, elle vient à nouveau d'être abondée au capital par 12 millions d'euros de la Métropole, dans l'idée de pouvoir débloquer des prêts bancaires pour ses investissements. L'autopartage, ainsi que l'exploitation de quinze des parking LPA (représentant 8.350 places), seront à partir du 1er janvier 2024 rattachés à cette entité afin, selon la majorité, de maintenir ces services dans l'ensemble des communes et « servir la collectivité » au sens économique, pointe Matthieu Vieira, conseiller Les Ecologistes.

Car si la partie autopartage est aujourd'hui à perte, l'exploitation des parkings, elle, génère une rentabilité. Et nécessitera 75 millions d'euros d'investissements dans les dix ans. Dans l'opposition, Lionel Lassagne, de La Métro Positive, y voit quant à lui « une ère de la peur des appels d'offres et du privé », là où « la majorité nous expliquait au début de son mandat que la SEM LPA, présentée à l'époque comme une "pépite lyonnaise", serait parfaitement capable de faire face aux enjeux ». De même, l'opposition métropolitaine se sent mise à l'écart, ne possédant plus qu'un seul siège pour la représenter au sein de la nouvelle SPLM.

Lire aussiStationnements : qu'est-ce qui va (vraiment) changer avec la création de la Société Publique Lyonnaise des Mobilités ?

Un véhicule autopartagé remplace 5 à 8 voitures selon l'Ademe

L'idée finale est de déployer progressivement jusqu'à 2,6 véhicules pour 1.000 habitants dans les 59 communes de la Métropole. La Métropole attend en ce moment la livraison de 200 véhicules supplémentaires en 2024 (CRIT'AIR 0 et 1, la plupart essence). Pour un maillage de 27 véhicules au km2 en zone centrale, et 7,4 en première couronne.

« Ce service, créé en 2003 sous le nom de "la voiture autrement", permet de dissocier l'usage de la voiture de sa possession. Si l'offre d'autopartage est encore trop peu connue du grand public - et c'est un grand enjeu - elle s'est diversifiée ces toutes dernières années », remarque Fabien Bagnon, adjoint aux mobilités.

Par ailleurs, l'Ademe indiquait en 2019 qu'un véhicule en autopartage permet de remplacer entre cinq et huit véhicules particuliers. Dans l'objectif non seulement de « réduire la consommation d'espaces publics », mais aussi de « réduire les coûts d'usage de la voiture individuelle » et « d'accompagner la politique de zone à faibles émissions (ZFE) », énumère Fabien Bagnon.

Ce service public sera dès janvier proposé à la carte (5 à 7 euros l'heure) ou sur abonnement (frais d'inscription de 40 euros, puis 16 euros par mois pour un tarif horaire compris entre 2,5 et 4,5 euros), le tout, plafonné. La Métropole de Lyon travaille en ce moment à une tarification solidaire.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.