Début de concertation autour des nouvelles licences de taxis dans la métropole de Lyon

Les taxis lyonnais s'opposent au projet de la Métropole d'augmenter le nombre de licences. Ils craignent de ne plus pouvoir vivre de leur travail. Une première réunion de concertation avait lieu cette semaine pour tenter d'éteindre le conflit.
La métropole explique vouloir créer de nouvelles licences afin de répondre aux besoins de la population et de lutter contre la spéculation de certains professionnels.
La métropole explique vouloir créer de nouvelles licences afin de répondre aux besoins de la population et de lutter contre la spéculation de certains professionnels. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Ils ont déjà prévu de se revoir en septembre. Mercredi, représentants de taxis et conseillers techniques de la Métropole de Lyon se sont retrouvés pour évoquer la possible augmentation du nombre de licences dans la ville. Un début de concertation qui intervient alors que, depuis quelques semaines, le sujet divise et cristallise les tensions. A tel point que des chauffeurs de taxi, très remontés contre le projet, ont envahi fin juin les locaux de la Métropole pendant un conseil métropolitain. Au cœur de la discorde, la volonté de la majorité écologiste d'attribuer de nouvelles licences de taxi pour répondre aux « besoins évidents du territoire ».

« Depuis 2012, le nombre de licences de taxis n'a pas évolué, environ 1.400, alors même que la population de la métropole s'est accrue de plus de 100.000 habitants et que les nuitées touristiques ont progressé d'environ 25% », précise la métropole dans un communiqué. Elle note notamment des besoins qui ne trouvent pas de réponse, notamment sur les transports médicaux pour lesquels la demande ne cesse de croître.

Le projet prévoit donc d'augmenter de « manière raisonnable » le nombre de licences afin de « trouver un modèle permettant d'équilibrer les conditions économiques de l'exercice du métier d'artisan taxi. »

Sujet en discussion depuis mars 2022

Mais les opposants à ces nouvelles licences craignent que cela soit la porte ouverte à des attributions plus conséquentes. Ils font valoir que la situation économique ne permet pas d'accueillir des chauffeurs supplémentaires.

« Nous avons plutôt une baisse des courses ces dernières années avec l'arrivée des VTC et l'amélioration de l'offre de mobilité proposée dans la métropole, que ce soit les trottinettes, le tramway, le métro... Et depuis le Covid, les habitudes ont changé, il y a moins de déplacements à cause du télétravail et des réunions en visioconférence » argue Jean-Paul Durand, le président de la Maison des Taxis du Rhône, également vice-président de l'Union nationale des Taxis. « Notre crainte c'est qu'il n'y ait pas assez de travail pour tout le monde ! »

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Ce représentant précise que, lors de la réunion de mercredi, la métropole s'est dite prête à regarder toutes les données chiffrées fournies par les taxis.

« Notamment le fait qu'il y ait eu 50% d'appels en moins enregistrés entre 2012 et 2022, selon les données des centres radio qui prennent les réservations. Avant de délivrer des licences, il est logique de voir si c'est viable et nécessaire », s'exclame ce professionnel, taxi depuis 1981.

Compte tenu du conflit, l'ordre du jour de la réunion de mercredi avait été changé. A l'origine prévue pour « échanger sur les conditions d'attribution des licences nouvelles, en nombre et en conditions d'exploitation », la rencontre s'est finalement tenue pour tenter « d'objectiver l'évolution de l'offre et de la demande de transport public particulier de personnes à Lyon ». Selon les syndicats de taxis, la métropole envisage désormais de s'appuyer sur un bureau d'études afin de compléter le travail et approfondir ses investigations.

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Licence en moyenne à 160.000 euros

En parallèle de ces divergences de vues, un autre problème est pointé du doigt : celui du prix des licences. La Métropole explique vouloir créer de nouvelles licences gratuites et non cessibles, valables cinq ans, afin de lutter contre la spéculation de certains professionnels. Le prix des licences aurait, selon elle, doublé en l'espace de 4 ans, pour atteindre en moyenne 160.000 euros aujourd'hui. Ce qui se répercute sur les loyers demandés aux locataires gérants. « La situation n'est tout simplement plus tenable », indique le communiqué de la métropole. Un argument que balayent les opposants du projet.

« On a juste rattrapé notre retard par rapport à ce qui se passe en France. On reste en dessous de ce qui se pratique ailleurs. La licence est à 220.000 euros à Lille, 350.000 euros dans les villes du sud. Quant aux locations de licence, elles ont seulement augmenté de 17% en 10 ans, » précise Jean-Paul Durand qui appelle la Métropole à comparer avec les autres villes.

Mais tous les taxis ne sont pas de cet avis. La Lutte syndicale des taxis », autre organisation qui représente « les locataires » des licences, ne partage pas le point de vue des autres syndicats. Pour elle, il existe bel et bien un « business » autour des licences et le territoire « manque cruellement de taxis ». Les deux prochaines réunions, prévues en septembre avec les conseillers de la Métropole et en octobre avec les élus, devraient permettre d'avancer sur ce dossier plus qu'explosif.

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