Ouest Lyonnais : dans un match opposant téléphérique, métro et tram enterré, le Sytral a fait son choix

Après le métro E, le téléphérique, place finalement au tramway express de l'Ouest Lyonnais. Le conseil d'administration de Sytral Mobilités a voté la poursuite des études de ce nouvel outil, qui sera chargé de relier le 5e arrondissement de Lyon à Tassin-la-Demi-Lune. Objectif : désengorger la route, avec un projet qui serait, selon la majorité écologiste, mieux adapté à la structure de coûts et à la fréquentation attendue. Une nouvelle concertation doit démarrer en 2023. Reste à voir si ce nouveau projet de transport en commun répondra aux attentes des principaux concernés.
Le tram express semi-enterré prévoit, quant à lui, de transporter entre 40.000 et 60.000 voyageurs par jour sur un tracé de 6 kilomètres qui relierait le 5e arrondissement de Lyon à Tassin-la-Demi-Lune, avec 3 ou 4 kilomètres en sous-terrain.
Le tram express semi-enterré prévoit, quant à lui, de transporter entre 40.000 et 60.000 voyageurs par jour sur un tracé de 6 kilomètres qui relierait le 5e arrondissement de Lyon à Tassin-la-Demi-Lune, avec 3 ou 4 kilomètres en sous-terrain. (Crédits : DR Sytral)

Métro E, téléphérique... Ni l'un ni l'autre ne verront le jour. En mai dernier, la Métropole de Lyon avait annoncé l'abandon du projet de téléphérique entre Lyon et l'Ouest lyonnais au profit d'un tramway express semi-enterré, ou TEOL (Tramway Express de l'Ouest Lyonnais).

C'est maintenant acté : le Conseil d'administration de Sytral Mobilités a voté pour le lancement du projet ce 24 octobre. Il a ainsi définitivement et officiellement décidé "la fin des études relatives à la réalisation du projet de métro E et la clôture de la concertation continue" et voté pour "la poursuite des études de la ligne de Tramway Express de L'Ouest Lyonnais."

Cette décision intervient alors que le Sytral vient de contractualiser un prêt de 750 millions d'euros auprès de la Banque européenne d'investissement, dont le vice-président Ambroise Fayolle s'est rendu à ce Lyon ce jeudi.

Un financement qui couvrira, entre autres, "le renouvellement et l'accroissement de parcs de matériel roulant du réseau de métro, le renouvellement de la flotte de bus avec des véhicules à zéro émissions, les extensions du réseau (métro et tramway) et la mise à niveau et le renouvellement des infrastructures existantes", à l'heure où le Sytral est embarqué dans un plan de mandat ayant acté le doublement de son enveloppe d'investissements d'ici à 2026 à 2,55 milliards d'euros.

Avec de premiers projets portés comme la création de 25 km de lignes de tramway supplémentaires, la création d'une ligne à haut niveau de service de 20 kilomètres, ainsi que l'acquisition de 400 bus ou trolleys électriques ou au GNV.

Mise en service prévue pour 2031

Conçu pour désengorger l'Ouest lyonnais, ce projet de tram express, qui sera chargé de supplanter finalement le projet de téléphérique emblématique porté par la majorité, irait de Alaï/Libération (Tassin-la-Demi-Lune) à Jean Macé (Lyon 7e arrondissement). De Jean-Macé à Perrache, il emprunterait ensuite la ligne existante du T2, puis traverserait la Saône via un nouveau pont, pour ensuite passer sous terre du 5e à Ménival et revenir en surface jusqu'à Alaï, à Tassin-la-Demi-Lune.

Un prolongement jusqu'à Craponne est aussi envisagé. Ce tram aurait entre six et huit stations et le tracé mesurerait 6 kilomètres, dont 3 ou 4 kilomètres en sous-terrain. Un tramway de ce type pourrait permettre de transporter entre 40.000 et 60.000 voyageurs par jour, et promet aussi de relier Jean Macé à Alaï/Libération pour un temps de trajet de 25 minutes.

Une concertation préalable ou un débat public sera engagée, à l'automne 2023, encore sous l'égide de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public) pour travailler avec les grands lyonnais sur les tracés, la position des stations et "l'insertion en surface". Les études techniques se tiendront de 2022 à 2025. Les travaux commenceront en 2026 pour une mise en service en 2031. Une réalisation qui est aussi plus rapide qu'un métro, selon Sytral Mobilités.

Tram versus métro

Le projet de téléphérique entre Lyon et Francheville, porté par les écologistes, avait été vite évincé suite à la concertation publique, achevée en mai 2022. Et cela, alors que l'ancien premier ministre Jean Castex avait annoncé en octobre 2021 que l'Etat serait prêt à mettre une enveloppe de 7 millions d'euros, sur un budget total estimé à 160 millions d'euros, dans le cadre d'un appel à projets dédié aux transports collectifs et "pôles d'échanges multimodaux".

"Cette concertation a largement mobilisé les habitants des territoires concernés. Il y a une forte opposition des citoyens qui se sont exprimés sur ce nouveau mode de transport. Les conditions ne sont donc pas réunies pour réaliser ce projet", avait alors déclaré Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et de Sytral Mobilités.

Le match se jouait donc entre le projet de métro E, porté à l'époque par l'ex équipe métropolitaine de Gérard Collomb et le tram express mis sur la table par la écologistes.

Sytral Mobilités avance plusieurs arguments pour favoriser le tram au profit du métro. D'abord, le coût total de l'opération de ce TEOL, qui est estimé à 750 millions d'euros, contre 1,5 voire 2 milliards d'euros pour le métro E.

En termes de temporalité, le tram express apparaît aussi comme la solution la plus rapide à mettre en place. Des études préliminaires à la mise en service, le calendrier prévisionnel du tram express annonce un délai de huit ans (2022-2031), pour le métro E le calendrier prévisionnel prévoyait plus d'une décennie (2016-2030/2031).

Le troisième argument de Bruno Bernard, c'est la répartition des forces sur le territoire. "La conséquence est évidente : réaliser cet ouvrage surdimensionné, revenait à simplement abandonner les autres territoires", écrivait le président de Sytral Mobilités sur Twitter.

A son origine, le projet de métro E avait une fréquentation estimée à 60.000 voyages par jour (voire 75.000 selon les scénarios), selon le dossier de concertation de 2019. Le tram express prévoit, quant à lui, de transporter entre 40.000 et 60.000 voyageurs par jour.

Un projet surdimensionné ?

Le métro était un projet surdimensionné selon Sytral Mobilités, mais le tram sera-t-il suffisant, au vu de l'évolution démographique de la métropole, qui accueille près de 15.000 nouveaux habitants chaque année ? "La ligne E correspondait, selon les critères du Cerema, à la densité d'un tramway. Le métro était un mode de transport surdimensionné", ajoutait Bruno Bernard.

Dans le dossier de concertation de 2019, Sytral Mobilités estimait aussi  que "Le territoire de l'ouest lyonnais est aujourd'hui particulièrement affecté par une forte congestion routière. Celle-ci est principalement due à deux facteurs : un réseau ferroviaire contraint et des transports collectifs qui ne sont pas assez efficaces, tant en capacité qu'en vitesse".

Et d'ajouter : "C'est dans ces conditions que sont effectués 120.000 déplacements quotidiens [dont une part modale de la voiture à 54% en moyenne, ndlr] vers le centre de l'agglomération, depuis le versant ouest ou le plateau du 5e arrondissement."

De premières réactions locales et une concertation pour 2023

Lors de l'annonce du lancement de projet de tram express, les prises de position avaient été vives. Par voie de communiqué, le maire de Tassin-la-Demi-Lune, Pascal Charmot, s'était positionné contre : "sorti du chapeau de magicien du Président de la Métropole : on fait un demi-métro, pour un demi-budget, et une demi-ligne comparé au projet initial de métro jusque Part-Dieu." Ajoutant qu'un tramway en surface ne ferait que rajouter des bouchons.

Yann Cucherat, du groupe métropolitain Pour Lyon, avait quant à lui déploré un "projet pansement", argumentant qu'un métro E aurait transporté "100.000 voyageurs par jour avec un parcours de 8 minutes entre Alaï et Bellecour."

Depuis, les prises de position semblent s'être adoucies, même si les maires de l'Ouest restent attachés au métro E. Selon les médias locaux, les maires de Francheville et Tassin demandent par exemple une partie enterrée de Ménival jusqu'à Alaï. La maire de Sainte-Foy-lès-Lyon reste quant à elle « dans l'attente de précisions pour être plus enthousiaste quant à cette solution intermédiaire », a-t-elle déclaré à Le Tribune de Lyon.

"Nous ne ferons cependant pas ce projet sans l'assentiment de l'ensemble des parties prenantes", a assuré de son côté Bruno Bernard. Reste donc à voir ce qui ressortira de la concertation publique.

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Commentaire 1
à écrit le 08/11/2022 à 8:41
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Dommage que Lyon répète encore les erreurs du passé. Le prolongement, par un tram, de la ligne A au sud de Perrache, au nom des économies, empêche le développement de Confluence qui devrait devenir un coeur de ville par sa centralité. Celle ou celui...

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