Depuis hier, c'est définitivement acté : le projet de téléphérique entre Francheville et Lyon est abandonné. Porté par les écologistes, ce projet cristallisait les critiques de l'opposition.
"Cette concertation a largement mobilisé les habitants des territoires concernés. Il y a une forte opposition des citoyens qui se sont exprimés sur ce nouveau mode de transport. Les conditions ne sont donc pas réunies pour réaliser ce projet" a donc annonce Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et de SYTRAL Mobilités, dans un communiqué.
"Une incontestable opposition"
Les maires des communes concernées s'étaient positionnés en majorité contre le passage du mode de transport par câble dans leurs communes, Sainte Foy-lès-Lyon, La Mulatière et le deuxième arrondissement de Lyon. Seuls les maire de Lyon, Grégory Doucet (EELV) et le maire de Francheville, Michel Rantonnet, y étaient favorables. Mais ce dernier, voyant que les habitants de l'Ouest lyonnais s'y opposaient, s'est rangé de leur côté.
Parmi les problèmes et craintes soulevés par le téléphérique, ses opposants s'inquiétaient de la visibilité du voisinage, de son insertion paysagère, son impact sur la biodiversité, la fréquence moindre que le métro, du bruit et des éventuelles expropriations pour mener à bien son implantation.
Pour les Ecologistes, ce mode de transport permettait surtout de désenclaver et désengorger l'Ouest lyonnais, tout en franchissant le relief et les fleuves. Le projet proposait plusieurs tracés potentiels. Selon Sytral Mobilités, il aurait permis de relier Francheville à Lyon en trente minutes et de transporter 20.000 passagers par jour. Une potentielle solution qui aurait aussi pu permettre de réduire l'utilisation de la voiture. Le budget total était estimé à 160 millions d'euros.
Alors que Toulouse inaugure cette semaine son propre téléphérique, la métropole de Lyon ne semble pas prête à accueillir le sien. La concertation, lancée le 15 novembre et terminée le 25 février dernier a réuni 4.000 participants et 6.000 contributions.
"Cette concertation a largement mobilisé les habitants des territoires concernés. Malgré les signaux positifs des études techniques, il y a incontestablement une forte opposition des citoyens qui se sont exprimés sur ce nouveau mode de transport", commente Bruno Bernard, sur Twitter. "Les conditions ne sont donc pas réunies pour réaliser ce projet", poursuit l'élu.
Une opposition déterminée et pugnace
Les résultats détaillés de cette concertation seront connus mi-mai. Mais les maires de Sainte-Foy-lès-Lyon et du deuxième arrondissement de Lyon, qui n'ont jamais raté une occasion de critiquer ce projet, avaient eux-même lancé leurs propres sondages locaux, donnant un avant-goût de la concertation.
La mairie LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, menée par Véronique Sarselli a payé son propre sondage Ifop. D'après cette enquête menée auprès de 502 personnes (la commune compte environ 22.000 habitants), 77% des Fidésiens interrogés sont contre le projet de téléphérique, dont 61% "tout à fait opposé" et 16% "plutôt opposés". Toujours d'après le sondage, 88% des interrogés préfèrent l'implantation d'un métro E de Tassin à la place Bellecour plutôt qu'un téléphérique.
En juillet dernier, le Sytral avait lancé lui-même une première enquête d'opinion en ligne sur le téléphérique afin de préparer la concertation. La maire de Sainte-Foy avait taxé l'initiative de "provocation" dans les médias locaux, questionnant sa validité. Mi-septembre le maire du 2e arrondissement de Lyon avait alors lancé sa propre consultation en distribuant 10.000 questionnaires.
Un collectif "Touche pas à mon ciel", s'était par ailleurs monté contre ce projet de transport par câble évoquant les craintes citées plus haut. Ce collectif qui se réunissait régulièrement avait aussi lancé une pétition qui avait recueilli 7.000 signatures début 2021.
Continuer à travailler sur l'enjeu des mobilités
"Le bilan des garants de la concertation a cependant bien mis en évidence un réel besoin de mobilité sur le territoire identifié", ajoute Bruno Bernard, toujours sur Twitter.
A voir la forme que prendra ce transport : un de projet de métro E, que les opposants au projet plébiscitent ? Ou d'un Bus à haut niveau de service ?
Sytral Mobilités a annoncé avoir déjà rencontré les associations locales "pour améliorer le réseau existant voire créer de nouvelles lignes de bus. Le tram train de l'ouest lyonnais (TTOL), qui place la gare de Francheville à 13 minutes de Lyon Gorge de Loup, apparaît également comme une solution à renforcer rapidement."
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