Chartreuse : une association créée pour sauver la station de ski du Planolet

L'association Nouvelles traces en Chartreuse prend en charge, depuis cette saison, l'exploitation de la station de sports d'hiver de Saint-Pierre-d'Entremont (Isère). Comme d'autres petites stations de basse et moyenne altitude, le site tente de maintenir une offre face à l'enjeu du manque de neige.
La Station du Planolet, en Charteuse, va être exploitée par une association.
La Station du Planolet, en Charteuse, va être exploitée par une association. (Crédits : Jérôme Tatin)

Ouvrir la station, coûte que coûte. Alors que les remontées mécaniques de Saint-Pierre-d'Entremont (Isère), dans le massif de la Chartreuse, étaient menacées de fermeture, un collectif de professionnels et de citoyens a pris les choses en main et va ouvrir une partie des pistes cet hiver.

La station, dont le bas se situe à un peu plus de 1.000 mètres d'altitude, a longtemps été géré par une régie municipale, avant d'être transformée en syndicat intercommunal (SIVU), puis reprise par la Communauté de communes Cœur de Chartreuse, dans le sillage de la loi NOTRE. Mais avec plus de 2,3 millions d'euros de dettes - liées au financement mais aussi à des investissements - la collectivité territoriale a souhaité déléguer l'exploitation de la station. Après l'échec d'un premier appel à repreneur (via une délégation de service public), un collectif de citoyens s'est monté.

« Il faut se retrousser les manches »

Rassemblant des professionnels du tourisme, des hébergeurs, des commerçants, des élus mais aussi des habitants du secteur, l'association Nouvelles Traces en Chartreuse a ainsi proposé à la communauté de communes de prendre en charge l'exploitation de la station du Planolet. « Je suis le directeur de l'école de ski. Si je veux que les moniteurs travaillent cet hiver, il n'y a pas le choix : il faut se retrousser les manches », explique Yann Daniel, président de l'association qui compte une cinquantaine de membres.

« Je suis attaché à la station. J'ai d'abord été mécano, puis chef de secteur, j'y ai travaillé jusqu'à ma retraite ! », ajoute à ses côtés Bruno Cottave, membre du conseil d'administration de l'association et ancien chef d'exploitation adjoint de la station. Comme lui, de nombreux habitants se sont engagés pour maintenir l'activité sur place. « Si le village a autant de commerces et de services, c'est, entre autres, grâce à la station », ajoute-t-il.

L'équipe a passé de nombreuses heures pour faire naître un projet solide. « Pour équilibrer le budget, nous avons fait le choix de réduire la voilure au niveau des salariés, en évitant notamment d'être ouvert tous les jours. », explique Yann Daniel. Le domaine skiable sera donc ouvert pendant les vacances scolaires, les mercredis et les week-ends, ainsi que sur demande des centres d'hébergement de loisirs et des écoles. Cette année, la station prévoit d'employer trois perchmen, un pisteur, un chef d'exploitation et une caissière. Ils seront soutenus par les bénévoles de l'association, qui interviendront à la journée sur le domaine. Les forfaits eux, à la journée uniquement, proposeront une offre attractive.

« Les gens ont envie que ça tourne »

L'ouverture de la station sera cependant réduite, car les associations n'ont pas légalement la possibilité de gérer les remontées téléportées (télésièges ou télécabines). Seuls les téléskis seront donc en fonctionnement cet hiver.

Sur place, l'association compte sur le soutien de la population. « Les gens ont envie que ça tourne, confie Yann Daniel. Ils voient bien que ce sont des gens comme eux sur le projet. Notre objectif, c'est d'amener beaucoup de personnes avec nous, que cela devienne un projet de territoire ».

Avec une réflexion plus globale nécessaire, notamment sur les activités à proposer l'été. « On n'a pas le choix ! La moyenne montagne, nous sommes les premiers impactés par le manque de neige certaines années, souligne Bruno Cottave. Il faut absolument trouver quelque chose. La Chartreuse est plutôt attractive, les gens aiment bien venir. A nous de proposer des activités, de se servir des remontées existantes et de réfléchir pour que les investissements et matériels existants ne marchent pas seulement trois mois dans l'année ».

La gestion associative existe déjà dans d'autres stations du massif. Elle offre davantage de souplesse, permettant de sauver de petites stations de moyenne montagne. Pour le moment, Nouvelles traces en Chartreuse s'est engagée sur la gestion de la station pour une seule saison. « Mais nous sommes une bonne partie du CA à se dire qu'on ne fait pas tous ces efforts pour un hiver », glisse Yann Daniel. Plusieurs scénarios sont donc à l'étude pour la suite : poursuivre en associatif, créer une structure mêlant public et privé, à moins que la communauté de communes ne souhaite lancer un nouvel appel d'offres. D'ici là, l'association attend la neige, et surtout un pisteur, indispensable pour ouvrir les remontées.

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