Cliiink, comme le bruit d'une bouteille qui tombe au fond du container à verre. Voilà le nom de ce dispositif incitatif mis en place dans les 21 communes de la métropole clermontoise (dont Chamalières, Cournon ou encore Blanzat) depuis le mois de février. La collectivité a décidé d'instaurer ce programme après avoir fait un amer constat. En analysant le contenu des poubelles d'ordures ménagères, elle s'est aperçue qu'environ 8% des déchets collectés dans les bacs gris étaient composés de verre. Sur une année, cela représente environ 17 kilos de verre par habitant.
« Nous pensions que les gens avaient pris l'habitude de trier le verre, puisque les containers existent depuis 1994, et bien non... 17 kilos, cela nous a paru énorme, surtout qu'il s'agit d'un matériau facile à trier », constate Michel Valente, directeur des déchets au sein de Clermont Auvergne Métropole.
Et ce n'est pas anodin car au total, sur l'agglomération, 2.400 tonnes de verre se retrouvent chaque année dans les poubelles classiques. Quand on sait que la collecte de ces déchets et leur incinération coûtent 300 euros la tonne, la facture grimpe vite.
« Collecter et traiter ce verre non trié nous coûte 312.000 euros par an. Or si cette même quantité de verre, c'est-à-dire les 2.400 tonnes, était déposée dans les containers spécifiques, cela ne nous coûterait plus que 38.000 euros. Il faudrait certes payer la collecte mais on pourrait revendre ce verre 20 euros la tonne à des industriels qui le recyclent », poursuit ce spécialiste, qui parle d'une démarche écologique mais aussi économique.
360 colonnes de verre équipées dans la métropole
Alors pour faire bouger les lignes et convaincre les derniers récalcitrants, Clermont Auvergne Métropole a décidé d'installer de nouvelles colonnes de récupération sur le territoire et surtout d'équiper une grosse moitié d'entre elles de petits boitiers Cliiink, commercialisés par la société Terradona. Ces derniers sont connectés et reliés à une application pour Smartphone ou à une carte à puce, permettant à l'usager de s'identifier. A chaque dépôt de bouteille, bocal ou de pot en verre, il cumule des points (1 point par emballage). Ces points sont ensuite convertis en bons de réduction à faire valoir chez les commerçants partenaires de l'opération.
Par exemple, avec 80 points cumulés, l'usager pourra bénéficier d'une remise de 8 € chez Auchan à partir de 80 € d'achat. Pour 30 points, il pourra obtenir une réduction de 15% des prestations au salon de coiffure La barbe de papa à Clermont-Ferrand. Une centaine d'offres sont disponibles sur l'agglomération. Pour les commerces partenaires, pas de rémunération de la part de Cliiink, mais cela leur permet de gagner en visibilité (présence sur l'application et le site internet) et de toucher une nouvelle clientèle. Côté utilisateur, cela permet tout simplement un gain de pouvoir d'achat, pas négligeable en cette période d'inflation et de baisse du pouvoir d'achat.
Premier bilan satisfaisant
Cela devrait permettre de convertir de nouvelles personnes au tri. C'est en tout cas le pari de la Métropole qui a déboursé 780.000 euros pour la mise en service de ces boitiers et leur maintenance. La collectivité mise sur un amortissement de l'investissement dans les 4 ans. Plus de six mois après son lancement, le programme de récompense a attiré 7.000 foyers.
« Il reste encore du chemin car l'agglomération compte 116.000 foyers mais nous n'avons pas encore vraiment fait de communication sur le sujet, donc c'est satisfaisant. Ces premiers mois nous ont permis de tester le dispositif, de répondre aux questions ou aux difficultés. Maintenant nous comptons communiquer et cela devrait s'accélérer d'ici la fin de l'année, » indique Michel Valente.
Le but est que 20 à 25% des foyers, desservis par ces containers, s'emparent du dispositif d'ici le printemps prochain explique, de son côté, Terradona.
20 à 25% de tri supplémentaire
Clermont-Ferrand n'est pas la seule collectivité à avoir fait appel à Terradona. Cliiink, commercialisé depuis 2018, est présent dans une quarantaine d'agglomérations, dont certaines en Auvergne-Rhône-Alpes (Montluçon dans l'Allier ou Roanne dans la Loire).
« Nous avons déposé trois brevets. Notre solution est unique. Le boîtier reconnaît notamment la matière, donc on ne peut pas cumuler des points avec n'importe quel matériau, » précise Katia Barreiros, en charge du marketing chez Terradona, entreprise de la French Tech. « Et les retours d'expérience sont bons. Grâce à Cliiink, on recense en moyenne 25% de tri supplémentaire en volume sur les containers équipés. Dans l'agglomération de Clermont-Ferrand, ce sont déjà 2 millions de dépôts qui ont été comptabilisés par notre dispositif. »
L'agglomération du Pays de Grasse (Alpes-Maritimes), qui a installé Cliink en 2018, constate, elle, une évolution importante dans le comportement des usagers. Au bout de 5 ans, le verre trié et collecté dans les containers est passé de 22 kilos par an et par habitant à 30 kilos.
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