Dans la Loire, PEM monte un projet à 3 millions pour revaloriser les métaux précieux des déchets industriels

Son objectif : récupérer les métaux rares (or, argent, nickel etc) déposés sur des composants industriels mis au rebut. L'entreprise altiligérienne PEM porte un nouveau projet innovant avec sa technologie basée sur des procédés électrochimiques visant non seulement à mieux valoriser les déchets, mais aussi à réintroduire, au sein des circuits de production, les métaux rares "sauvés", réduisant en même temps la dépendance de la France envers ses fournisseurs étrangers. Un projet qui vient d'être soutenu par l'Etat dans le cadre du programme France Relance.
Aujourd'hui, les rebuts industriels de bobines et de pièces qui ont subi un traitement de surface avec dépose d'un revêtement métallique sont difficilement pris en charge par les filières traditionnelles de recyclage. Elles les traitent comme des déchets pollués, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas être revalorisés, même s'il s'agit d'une pollution par de l'or ou de l'argent, explique Stéphane Chosson.
"Aujourd'hui, les rebuts industriels de bobines et de pièces qui ont subi un traitement de surface avec dépose d'un revêtement métallique sont difficilement pris en charge par les filières traditionnelles de recyclage. Elles les traitent comme des déchets pollués, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas être revalorisés, même s'il s'agit d'une pollution par de l'or ou de l'argent", explique Stéphane Chosson. (Crédits : DR)

Ces quatre dernières années, elle a déjà investi plus de trois millions d'euros par an dans son outil industriel ainsi que deux millions dans un nouveau bâtiment. L'entreprise alti-ligérienne PEM (CA 2021 : 32 millions d'euros ; 220 salariés), spécialiste du traitement de surface en continu pour les secteurs de l'automobile et de la construction principalement, s'engage à présent dans un autre investissement d'envergure.

Un projet à quelque 3,5 millions d'euros, qui devrait créer une trentaine d'emplois sous trois ans, et qui a séduit l'Etat. Une subvention de 25% du montant de l'investissement a été attribuée à PEM, le mois dernier, dans le cadre du programme France Relance.

Il s'agit de développer un nouveau process, innovant, permettant de revaloriser les déchets industriels contenant des métaux précieux. L'ambition est double : favoriser le recyclage de ces déchets pour une meilleure utilisation des ressources évidemment mais aussi limiter la dépendance française aux métaux rares en apportant une solution alternative d'approvisionnement local à des matériaux essentiellement importés d'Asie.

Développement d'un process de revalorisation des métaux précieux

"Nous sommes spécialisés dans le traitement de surface en continu. Nous recevons des bobines de métal (de 300 mètres à deux kilomètres), ou des bobines de pièces que nous déroulons dans un grand nombre de bains, jusqu'à 25 parfois afin de leur conférer les propriétés requises. Nous déposons sur ces bobines, sur toutes la surface ou sur des spots, du nickel, de l'étain, de l'or, de l'argent, du palladium, de l'aluminium etc. Nous ne sommes que trois en France à maitriser cette technologie ", explique Stéphane Chosson, le directeur général de PEM, filiale du groupe néerlandais Aalberts (3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 15.000 salariés).

Sous-traitant de rang 3, 4 ou 5 parfois, l'industriel altiligérien travaille principalement pour le secteur de l'automobile et de la construction. Il est chargé par exemple du traitement de surface de la quasi-totalité des pièces nécessaires au système start and stop des véhicules Peugeot et Citroën en France.

Il traite également, depuis fin 2020, l'intégralité des prises RJ 45 de Schneider Electric. Pour cette dernière application par exemple, PEM vient déposer de l'étain sur des bobines d'aluminium. Dans un autre domaine, pour Rossignol, PEM assure le traitement de surface de la feuille d'aluminium permettant d'assurer l'adhérence entre le dessus d'un ski et sa semelle.

"Aujourd'hui, les rebuts industriels de bobines et de pièces qui ont subi un traitement de surface avec dépose d'un revêtement métallique sont difficilement pris en charge par les filières traditionnelles de recyclage. Elles les traitent comme des déchets pollués, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas être revalorisés, même s'il s'agit d'une pollution par de l'or ou de l'argent", note Stéphane Chosson.

"Or, nous sommes capables de déposer les métaux de manière sélective. Occasionnellement, nous sommes également amenés à en retirer, par procédé électrochimique également. Notre ambition est d'industrialiser ce procédé pour mieux revaloriser les déchets industriels".

Un process innovant pour limiter la dépendance aux pays étrangers

Ce process innovant, en cours de développement chez PEM, doit permettre de redonner sa qualité initiale au substrat afin de le réintroduire dans le cycle de production.

"Il s'agira également de récupérer les métaux précieux qui avaient été déposés sur ces pièces et bobines. La France n'a pas de source locale de production de ces métaux, type or, argent, nickel etc. Cette revalorisation permettra de limiter les importations et donc de réduire notre dépendance sur cette question", précise le directeur d'exploitation de l'entreprise, Stéphane Savel.

Ce nouveau process sera donc triplement bénéfique : pour la planète, pour la souveraineté française et pour la compétitivité des clients de PEM qui pourront ainsi tirer meilleur parti de leurs rebuts.

Objectif : 10.000 tonnes par an

PEM travaille actuellement sur sa ligne pilote. Opérationnelle d'ici 12 à 18 mois, elle pourra traiter 500 tonnes de déchets industriels par an. "Dans cette phase, nous ne pourrons proposer ce dispositif qu'à nos clients actuels du traitement de surface", prévient Stéphane Chosson. La deuxième étape, d'ici trois ans, doit permettre de booster les capacités avec une capacité de traitement de 10.000 tonnes par an.

Cette nouvelle diversification devrait permettre à PEM de s'assurer au moins 5 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires qui viendront abonder un trend déjà positif (+28% de chiffre d'affaires en 2021 par rapport à 2018). Une trentaine de recrutements sont envisagés.

Des recrutements dont le directeur sait déjà qu'ils seront complexes. Dans cette optique, ainsi que pour pourvoir les postes liés à son activité traditionnelle, PEM a mené la coordination d'une poignée d'entreprises de la région pour faire rouvrir une section traitement de surface au lycée professionnel Theophile Roussel de Saint-Chely d'Apcher (48).

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