
Ugitech produit chaque année environ 190.000 tonnes d'acier inoxydable (650 millions d'euros de chiffre d'affaires), notamment sur son site principal d'Ugine en Savoie où travaillent 1.200 de ses 1.800 salariés. La filiale du groupe Swiss Steel, premier fabricant mondial de produits longs en acier inoxydable, est l'un des principaux fournisseurs des industries de l'automobile, de l'aéronautique, de la construction ou encore du médical... Il est aussi un consommateur majeur d'eau, notamment pour refroidir ses installations. Raison pour laquelle l'industriel s'est porté volontaire pour figurer parmi les douze premiers sites qui vont être accompagnés par l'État dans le cadre du plan de sobriété eau détaillé fin août et visant à réduire les prélèvements de 10% d'ici 2030. Et ce, même si grâce à sa pause estivale de production pour cause de maintenance des installations, il n'a encore jamais été impacté par les différents arrêtés préfectoraux de restriction des usages de l'eau, devenus monnaie courante ces dernières années.
Trois fois moins de prélèvements qu'il y a 25 ans
Chaque année, le site Ugitech d'Ugine prélève quelque trois millions de m3 d'eau dans le milieu naturel. Après utilisation dans ses circuits, l'industriel en « rend » néanmoins 85% à la nature, et en consomme finalement 450.000 m3.
« Grâce à des dizaines de millions d'euros d'investissement, nous prélevons aujourd'hui trois fois moins d'eau qu'il y a 25 ans. Parmi nos dernières actions importantes, je peux citer par exemple la mise en série de nos transformateurs ce qui permet d'utiliser l'eau tout au long du circuit ou encore le passage en circuit fermé de nombreuses installations », détaille Frédéric Perret, directeur des développements d'Ugitech.
Et d'expliquer qu'actuellement, selon « le Best Available techniques » du secteur de l'acier (document européen faisant étant des meilleures pratiques d'une filière), les industriels utilisent entre 1 et 42 m3 d'eau pour produire une tonne d'acier. « Ugitech se situe dans le premier quartile le plus bas, grâce aux investissements de ces dernières années. Mais nous souhaitons aller plus loin ».
Huit pistes d'optimisation
Pour avancer vers cet objectif d'abaisser encore de 10% ses prélèvements à horizon 2030, objectif national, Ugitech a identifié huit projets d'optimisation pour les cinq prochaines années. Le plus important, actuellement à l'étude, concerne son atelier de décapage, particulièrement gourmand en eau. « Nous étudions des process, encore confidentiels, moins consommateurs. Nous travaillons sur une technologie de rupture mais avec une exigence incontournable, la qualité du fil doit rester la même pour le client à la sortie », dévoile Frédéric Perret.
Un autre projet d'importance concerne son site de Bourg-en-Bresse avec une mise en circuit fermé.
« Nous portions déjà cette ambition de réduire nos prélèvements et notre consommation d'eau avant le plan de l'État mais celui-ci va nous permettre d'aller plus vite grâce à un soutien technique et à des aides financières ».
Aides dont le montant devrait être discuté dans les prochaines semaines. Les investissements s'annoncent très importants pour Ugitech, avec au menu, encore « plusieurs dizaines de millions d'euros » à mettre sur la table. « Il faudra absolument que l'Etat nous soutienne : notre filière est confrontée à des enjeux majeurs d'économie d'eau mais aussi de décarbonation. Les investissements à mobiliser dans les prochaines années sont colossaux ».
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